Régionales : la gauche gagne la région Picardie

29 mars 2004
02m 23s
Réf. 00218

Notice

Résumé :

Aux élections régionales, victoire sans équivoque de la Gauche unie derrière le socialiste Claude Gewerc, le Parti communiste avec Maxime Gremetz, Les Verts et le PRG. Après l'euphorie de la victoire collective, il va falloir apprendre à travailler ensemble au quotidien. Pour gouverner la région, cette majorité plurielle devra rester soudée.

Date de diffusion :
29 mars 2004
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Éclairage

Les élections régionales de 2004 se déroulent selon de nouvelles modalités, définies en 2003. Le scrutin de liste proportionnel à un tour dans le cadre départemental est remplacé par le scrutin de liste à prime majoritaire à deux tours dans le cadre régional avec des sections propres à chaque département. Les listes sont également paritaires. Si aucune liste n'obtient la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second tour est organisé entre les deux listes arrivées en tête du premier tour et celles ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés. Un quart des sièges est attribué à la liste arrivée en tête : c'est la prime majoritaire. Les autres sièges sont attribués à la proportionnelle aux listes ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés, y compris pour la liste arrivée en tête.

Ainsi, à l'issue du premier tour du 21 mars 2004, quatre listes sont en mesure de se maintenir en Picardie : celle de l'UMP-UDF (32%) du ministre Gilles de Robien – sur laquelle figure Élodie Gossuin, Miss France 2001 – la liste de coalition PS-Verts-PRG (27%) emmenée par Claude Gewerc (maire de Clermont et conseiller régional sortant), la liste du FN conduite par Michel Guiniot (22%) et celle du Parti communiste patronnée par le député Maxime Gremetz, qui a obtenu 11% des voix dans la région – 17% dans la Somme – soit le meilleur score national du PCF. Parlementaire assidu (1978-1981, 1986-1988 et 1993-2011) crédité d'une bonne côte de popularité et apprécié pour son soutien à la cause ouvrière, sa présence sur le terrain ainsi que son franc-parler, Maxime Gremetz garda longtemps un solide ancrage électoral dans le contexte du déclin du PCF. Sa liste fusionna avec celle de Claude Gewerc au second tour. La gauche unie rafla 34 sièges. Fort de son bon score, Maxime Gremetz devint premier vice-président en charge de l'emploi, du développement économique et de l'industrie, délégation qui lui fut retirée en 2005, les relations entre Claude Gewerc, président socialiste de la région, et Maxime Gremetz, s'étant dégradées. A cela s'ajoute la crise née dans le PCF : Maxime Gremetz, ancien bras droit de Georges Marchais, est entré en conflit ouvert avec la direction nationale (Marie-Georges Buffet) et départementale, puis est progressivement marginalisé au sein de son parti alors que son tempérament bouillant alimente la rubrique judiciaire des médias.

Sur le plan national, la gauche remporte 24 des 26 régions, contre 7 lors des précédentes élections régionales (1998). Un remaniement ministériel suit ce scrutin : quatre Picards sont nommés dans le nouveau gouvernement Raffarin : Gilles de Robien – malgré sa défaite électorale – et Renaud Dutreil sont confirmés – le premier à l'Équipement et aux Transports, le second étant promu Ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État – tandis qu'Éric Woerth et Xavier Bertrand font leur entrée, comme Secrétaires d'État, respectivement chargés de la Réforme de l'État et de l'Assurance maladie.

En 2010, Claude Gewerc est réélu président du conseil régional de Picardie pour un mandat de 4 ans, contre 6 auparavant.

Julien Cahon

Transcription

Guégnard§Maxime
Madame, monsieur, bonsoir. Bienvenu dans ce journal essentiellement consacré aux résultats des élections régionales et cantonales 2004. Vous le savez sans doute. Après 18 ans à droite, la Picardie s’est donc réveillée à gauche, ce matin. Voyons tout de suite le nouveau visage de notre assemblée régionale. Sur 57 sièges, 34 seront occupés par des membres de la liste Picardie à gauche qui a obtenu plus de 45 % des voix hier soir. 15 conseillers seront issus de la liste de droite "Aimer la Picardie" qui a totalisé moins de 36 % des voix. Enfin, 8 sièges reviendront au Front National dont la liste a obtenu 18,66 % des voix. Victoire sans équivoque, donc, de la gauche, de la gauche unie derrière le socialiste Claude Gewerc, le parti communiste avec Maxime Gremetz, les Verts et PRG. Après l’euphorie de la victoire collective, il va falloir apprendre à travailler ensemble au quotidien. Pour gouverner la région cette majorité plurielle devra rester soudée. Et l’on sait que ce type de cohabitation n’est pas des plus facile y compris au sein d’une même famille politique. Emmanuelle Lagarde.
Lagarde§Emmanuelle
Maxime Gremetz a largement gagné son pari de l’autonomie. Presque 11 % des voix. C’est le meilleur score du PC en France. La preuve que les communistes peuvent encore convaincre. Un score monnayé au prix fort avec les socialistes. 4 vice-présidents sur 15 pour le PC. Un programme commun sur l’emploi et la santé des Picards, et puis, annoncé hier soir, une condition de taille.
Gremetz§Maxime
Une solidarité, je dirais, sur le budget. Le reste, liberté pour chacun de travailler, de proposer. Et quand on n’est pas d’accord, qu’on le dise. Et en liaison étroite avec l’ensemble du mouvement social et syndical.
Lagarde§Emmanuelle
Finie, donc, la gauche plurielle à l’ancienne. Cela promet quelques frictions en PC, PS et Verts sur des questions comme le 3ème aéroport. Mais Claude Gewerc semble déjà habitué aux effets manches de Maxime Gremetz.
Gewerc§Claude
Je n’ai pas arrêté de dire, hier soir : « Nous avons passé un contrat et ce contrat sera respecté ». Et la solidarité, je la réclame sur l’accord qui a été signé et sur les promesses que nous avons faites aux Picards. Sur les nouveaux sujets qui arriveront, il y aura liberté de groupe et c’est bien normal.
Lagarde§Emmanuelle
Il y a trois semaines encore, les deux hommes ne se connaissaient pas. Maxime Gremetz a pensé, à un moment, voler la vedette au socialiste. Mais aujourd'hui, Claude Gewerc semble déjà à l’aise dans son costume de futur président.