La recherche et le développement pour la production de scooters chez MBK

21 janvier 1997
02m 45s
Réf. 00307

Notice

Résumé :

Reportage sur les méthodes de recherche et développement au sein de l'entreprise MBK de Saint-Quentin pour la production de nouveaux modèles de scooters. On a fait appel à une nouvelle génération de dessinateurs et de techniciens autour de Laurent Derche, ingénieur et Pedro Alvarez, responsable R&D. Après la conception, viennent les tests sur prototypes, en intérieur et extérieur, commentés par René Demarez, responsable essais. Présentation des modèles de l'année 1997 entièrement fabriqués à Saint-Quentin.

Date de diffusion :
21 janvier 1997
Source :

Éclairage

Tout comme Renault, Saint-Gobain ou Michelin, le fabricant de motocyclettes Motobécane appartient au patrimoine industriel français. D'ailleurs, le nom d'un de ses produits phares, la "mobylette", est entré dans le langage courant au même titre que klaxon, frigidaire ou encore caddie.

L'aventure commence en 1923 avec la fondation des "Ateliers de la Motobécane" par Charles Benoît et Axel Bardin. Les établissements sont initialement installés en région parisienne. L'essor rapide de la société fait qu'elle se retrouve à l'étroit dans ses locaux franciliens ; elle décide alors de se délocaliser en Picardie. L'usine de Saint-Quentin dans l'Aisne - d'autres sites suivront plus tard à proximité avant d'être tous regroupés - est ainsi fondée en 1951. Le succès phénoménal du célèbre modèle "bleue", lancé en 1959, propulse la société au premier rang mondial des constructeurs de deux-roues motorisés. Plusieurs centaines de milliers de mobylettes sortiront chaque année des ateliers jusqu'au milieu des années 70 (1 million en 1974 !). La fin de l'âge d'or des années 1945-1975, les deux chocs pétroliers de 1973-1979, ainsi que la vive concurrence étrangère (Italie et Japon principalement), engendrent de graves difficultés et poussent la société à déposer le bilan en 1984.

Elle repart en 1985 sur de nouvelles bases grâce à Yamaha qui finira par en prendre le contrôle total. Le constructeur nippon ne se compte pas de devenir l'actionnaire principal en 1986, il procède à une refonte complète de l'entreprise basée sur le mariage intelligent entre le savoir-faire français, qui a fait ses preuves, et la culture d'entreprise japonaise, alors triomphante.

Exit l'image "vieillotte" véhiculée par la marque. Motobécane devient MBK, les trois lettres du téléfax "Motobécane", et rajeunit en profondeur sa gamme.

La réorganisation de MBK est toute entière tournée vers la qualité (plusieurs certifications ISO ont été décrochées). La production est progressivement automatisée (introduction de la robotique) et le personnel motivé et fortement impliqué dans l'amélioration permanente de la production et de la compétitivité.

L'usine de Saint-Quentin devient l'une des plus productives du groupe japonais en Europe (qui en compte quatre), au point où Yamaha décide de fermer en 2011 son site espagnol au profit d'une relocalisation de l'intégralité de sa production sur son établissement axonais (achevé début 2013).

L'année 2013 marque une nouvelle étape pour le premier employeur privé de l'Aisne. Yamaha a décidé, en effet, de transférer définitivement une partie de la production saint-quentinoise, les moteurs hors-bord, vers la Thaïlande (d'ici le 3ème trimestre 2014), pour mieux se concentrer sur le développement des deux-roues avec en perspective, de nouveaux modèles (notamment le X-Max 400). Mais, 2013, est aussi l'année du retour en France (à Saint Lô dans la Manche), depuis la Chine, d'une partie de la production du célèbre vélo motorisé Solex ; un temps détenu par MBK (produit jusqu'en 1988 à Saint-Quentin) et aujourd'hui propriété, sous sa nouvelle version électrique, d'Easybike. Les débuts prometteurs d'une nouvelle ère ?

Slim Thabet

Transcription

Yolande Malgras
Notre dossier, ce soir, il porte sur l’entreprise MBK à Saint Quentin. Après un exercice 96 bénéficiaire mais difficile, MBK attaque l’année 97 avec 4 nouveaux modèles créés et fabriqués sur place. Notre équipe s’est glissée dans les coulisses de ses bureaux d’études pour assister à la naissance d’un scooter. Régis Poulain, Sergio Rosenstrauch.
Régis Poulain
MBK et ses scooters du futur. Nous sommes, ici, dans le bureau d’études Yamaha d’Europe. On ne le sait pas forcément, mais à Saint Quentin, on invente le scooter de demain. 53 personnes dont 4 Japonais, une seule idée en tête : créer. Une seule devise aussi : "Keisen", en japonais, "j’améliore".
Laurent Derche
A chaque fin de projet, on fait le bilan de ce qui s’est passé pour essayer de ne pas recommencer les erreurs qui sont encore restées parce qu’il en reste toujours quelques-unes quand même. Mais ne pas les recommencer dans le suivant.
Régis Poulain
MBK appartient à Yamaha depuis 86. Les méthodes de travail ne sont ni vraiment japonaises ni vraiment françaises mais un mix des deux. Au sein du service Recherche et développement, la moyenne d’âge est jeune. C’est important lorsqu'on développe des produits pour ados.
Pedro Alvarez
Cette nouvelle génération de personnes, de dessinateurs, de techniciens est venue aussi avec le renouveau du scooter, du scooter 50 cc en Europe. Et c’était aussi leur goût, leur mentalité qui s’est matérialisée dans les produits qu’ils ont développés, qu’ils ont fabriqués.
Régis Poulain
Du premier coup de crayon au démarrage de la machine, tout est développé ici. Ça commence par les stylistes donc vous ne les verrez pas. La gueule des scooters de l’an 2000 est confidentielle. Les différentes pièces de la machine sont ensuite développées sur ordinateur avant d’être testées.
(Bruit)
Régis Poulain
Les jeunes n’étant pas forcément très tendres avec leur matériel, MBK fait souffrir ses produits avant de les mettre sur le marché. Tests en intérieur, tests en extérieur aussi. Ici, une 50 cc à 6 vitesses. 200 km en tout terrain pour s’assurer de sa résistance. Le testeur est un homme plutôt branché.
René Demarez
Ce câble est relié à un point bien précis du cadre de manière à connaître sa réaction, justement, aux chocs les plus importants, de manière à éviter, justement, les points de faiblesse sur les cadres.
Régis Poulain
Au total, il aura fallu 18 mois de recherche avant que le dernier scooter MBK n’entre en production. Là encore, toutes les pièces sont fabriquées à Saint Quentin. 1000 scooters sortent chaque jour des chaînes de montage.
(Bruit)
Régis Poulain
Les armes de MBK pour 97, les voilà : d’abord le scooter économique Loveto 9900 francs. Et puis, le fleuron de la gamme, le Nitro, look agressif et puissance au démarrage. Enfin, le vélo assisté électriquement pour pédaler à moindre effort. Prix : plus de 10 000 francs.