Charles Tellier inventeur du réfrigérateur

01 janvier 1937
02m 31s
Réf. 00322

Notice

Résumé :

Documentaire muet en noir et blanc accompagné d'intertitres traitant des bienfaits du froid dans le secteur de l'alimentation. "Le froid ne fait que suspendre la vie. Il ne tue pas. Il restitue exactement ce qu'on lui a donné" : cet intertitre est un condensé du déroulement du film. Il rappelle les effets du froid sur les corps (congélation d'une anguille vivante) et les travaux de Charles Tellier, inventeur de la première machine frigorifique. Ses travaux permirent les premiers transports par bateau frigorifique entre Buenos Aires et Rouen.

Type de média :
Date de diffusion :
01 janvier 1937
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

"Le charbon, l'essence peuvent manquer maintenant. L'air, mine éternelle et infinie, va nous fournir gratuitement la force et la lumière" Charles Tellier.

Bien qu'il date de l'époque du muet (ce document exceptionnel de 1937 est le plus ancien de la fresque hypermédia), le petit film est très parlant. Non seulement il résume en quelques minutes les bienfaits de l'invention de l'industrie du froid, mais, en même temps, il met en avant le contraste saisissant entre l'immensité de ces bienfaits et les conditions misérables de la fin de vie de celui qui y a contribué d'une façon décisive : Charles Tellier (1828-1913).

Cet Amiénois de naissance, était destiné à prendre la relève du père à la direction des affaires familiales. Le destin a contrarié ces plans. L'entreprise familiale disparaît lors des troubles de la révolution de 1848. Un mal pour un bien, le jeune homme s'oriente fermement vers les études et fixe son esprit sur la recherche industrielle. A ses débuts, il s'intéresse à l'ammoniaque et à la production de l'air comprimé. Une rencontre décisive va donner à ses recherches une nouvelle direction. On raconte, bien que les versions de l'histoire soient différentes, que c'est le baron Haussmann, chargé des grands travaux de transformation de Paris qui le pousse vers l'étude du froid. Ayant refusé le projet d'un vaste réseau de canalisation proposé par Tellier dit-on (1853), Haussmann alors Préfet de Paris lui fait comprendre que ce dont la capitale souffre, c'est de la pénurie de glace (servant à conserver les aliments) pendant les hivers doux et lui suggère de découvrir un moyen artificiel d'en produire.

Bénéficiant des résultats de Michael Faraday, celui-ci ayant obtenu artificiellement une température de -11°C, il fabrique la première machine frigorifique, destinée aussi bien à des usages domestiques qu'industriels, en utilisant le gaz d'ammoniac liquéfié pour produire du froid (1858). Tout en améliorant le principe (construction d'une autre machine à compression mécanique en 1865), les travaux de Pasteur sur la fermentation, lui permettent d'orienter son invention vers le traitement du développement des germes et les effets de la décomposition des substances organiques.

Pour faire la preuve de la véracité des propriétés de son invention et pensant pouvoir assurer l'approvisionnement en viande de l'Europe en phase d'industrialisation, il procède à l'une des expériences les plus prodigieuses. Sur le City of Rio de Janeiro, il confectionne une "armoire à conservation" où il dépose de la viande. A l'issue du voyage de trois semaines, la viande parvenue en Europe est en très bon état de conservation. Cette démonstration éclatante restera néanmoins sans lendemains à cause notamment des troubles de la Commune et de la guerre contre la Prusse. Ses efforts ne seront reconnus par l'Académie qu'en 1874. Ayant la volonté de confirmer et de renforcer les résultats de la première expérience, il répète sa première démonstration, cette fois-ci dans l'autre sens : un navire à vapeur rebaptisé pour l'occasion le Frigorifique dont les cales sont aménagées en chambre froide, transporte de la viande lors de la traversée en partance de Rouen vers Buenos Aires. Comme la première fois la seconde expérience est plus que concluante.

Toutefois, il est arrivé à Tellier ce qui arrive souvent à de nombreux inventeurs de génie : son invention, pillée et exploitée par d'autres (les frères Carré, des picards eux aussi !) dans différents pays, ne lui procura ni fortune ni aisance. Bien au contraire, il finit sa vie en 1913 dans le dénuement total.

Pourtant, ce pionnier de l'industrie du froid a non seulement impulsé par son invention de nombreuses activités économiques considérées aujourd'hui comme banales, mais il a aussi contribué à révolutionner la vie quotidienne des millions de gens. Sa place dans le panthéon des inventeurs picards, bienfaiteurs de l'humanité toute entière, est de premier choix aux côtés notamment de Lamarck, Branly, Godin, Dewas, et tant d'autres.

Slim Thabet

Transcription

(Silence)