Saint-Valery-sur-Somme une station balnéaire de plus en plus prisée

25 juin 2010
02m 40s
Réf. 00523

Notice

Résumé :

Gros plan sur Saint-Valery-sur-Somme, une station balnéaire qui en l'espace de 20 ans est devenue la station balnéaire très cotée de la Baie de Somme. C'est en perdant sa plage dans les années 70 qu'elle se démarque des autres villes côtières : elle n'attire plus de tourisme de masse, mais une clientèle fortunée, en quête d'authenticité, de calme, et d'une certaine qualité de vie. Le marché de l'immobilier s'est envolé, mais pour les commerçants, comme Denis Courtois, si l'afflux touristique est une manne, il faut veiller à ce que la station ne perde pas son âme. Par ailleurs, grâce à sa situation géographique Saint-Valery draine une clientèle venant de l'étranger.

Date de diffusion :
25 juin 2010
Source :

Éclairage

Beau temps sur la Baie de Somme : sur sa rive sud, Saint-Valery-sur-Somme, le port millénaire d'où Guillaume le Conquérant s'embarqua pour l'Angleterre est aussi la cité historique où Jeanne d'Arc fut enfermée. Station touristique vantée pour ses activités de chasse et de pêche autant que ses paysages au début du XXe siècle, elle semble pâtir, à la fin du XXe, comme le souligne le reportage diffusé le 25 juin 2010, d'un manque de plage, à la différence du Crotoy, concurrente du nord de la baie.

Paradoxe ? Malgré cet apparent handicap, le document insiste, justement, sur la réussite touristique du lieu. Elle est mesurée à l'aune des prix de l'immobilier, des taux de remplissages hôteliers autant que des recettes commerciales. A l'appui, les interviews de touristes permettent de cerner les raisons de leurs venues autant que la diversité des origines, peut-être plus objectivement appréciables : parisiens et britanniques, dans la tradition balnéaire de la Picardie, belges, suivant la voie ouverte par l'autoroute A 16, si ce n'est la promotion assurée par l'aire de repos de la Baie de Somme et la "bétonisation" aujourd'hui pénalisante de leur propre littoral.

Cette réussite n'est pas le fruit du hasard ou de la simple dotation généreuse de la nature, mais d'une réflexion sur les conditions contemporaines de la mise en tourisme. Le travail sur la "qualité" du lieu, entrepris à la fin des années 1990, semble porter ses fruits. L'image de ville historique autant que le nombre et la diversité des équipements de restauration et d'hôtellerie constituent un argument de poids. L'organisation de la ville et le soin apporté aux éléments marquants de son architecture y contribuent encore. De ce point de vue, Saint-Valery est devenu un lieu très urbain, non seulement dans ses allures, mais dans ses fonctionnements et ses sociabilités. Et elle n'est pas seulement lieu de résidences secondaires. Certains de ses habitants travaillent à Amiens, par exemple. Assurément, ils y trouvent un environnement conforme aux valeurs urbaines "positives" : la baie de Somme et ses phoques servent, à l'occasion, de vaste et magnifique terrain de jeu quand le tout est rehaussé par quelques pratiques originales, la course pédestre de la Transbaie entre autres, du reste fondée par Denis Courtois en 1989 et ici interviewé parmi les commerçants, ou attractions reconnues, le petit train, par exemple.

Saint-Valery représente ainsi un modèle de développement touristique de "qualité", autrement dit fréquenté par des populations aux revenus plutôt aisés capables, en outre, de séduire aussi des résidents. Il valorise ce qui fait de Saint-Valery un lieu singulier, c'est-à-dire à la fois unique et spécifique mais aussi ouvert, du moins vers une certaine clientèle. On peut en contester le choix d'un point de vue politique, parce que – argument implicite du "charme" anti-dote du tourisme dit "de masse" –, il est socialement sélectif. Mais il y a peu de doute sur les résultats. En jouant sur ce qu'elle n'a pas, la commune a pu se positionner et réussir son placement. Face à cet apparent paradoxe, ce que dit, de ce point de vue, le reportage est aussi clair que ce qu'il montre...

Olivier Lazzarotti

Transcription

Thibaut Rysman
Il est temps d’ouvrir notre page consacrée à Saint-Valery-sur-Somme. Saint-Valery, cité balnéaire aux maisons de plus en plus prisées. Voyez ce dossier réalisé par Renaud Parquet et Bruno Livertoux.
Renaud Parquet
Avec 2800 habitants à l’année, Saint-Valery voit sa population multipliée par 10 en été. Et en l’espace de 20 ans, la petite commune de la baie de Somme est devenue la station balnéaire très cotée de Picardie.
Emmanuel Delahaye
Saint-Valery est devenu un peu le petit Touquet du coin avec une évolution forte entre la fin des années 90 et le tout début des années 2000. On a vu l’immobilier, effectivement, prendre des valeurs quasiment doublées entre 98 et 2008 surtout, avec une stagnation maintenant, mais quasiment doublées dans ces moments-là dû essentiellement à un afflux touristique important venu de la Belgique, de l’Allemagne et surtout de Paris, de sa couronne et du nord de la France.
Renaud Parquet
En perdant sa plage dans les années 70, Saint-Valéry se démarque des autres villes côtières. Elle n’attire plus de tourisme de masse mais une clientèle fortunée en quête d’authenticité, de calme et d’une certaine qualité de vie. Mais pour les commerçants, si l’afflux touristique est une manne, il faut veiller à ce que la ville ne perde pas son âme.
Denis Courtois
C’est resté un petit peu « sauvage », entre guillemets. Et donc, c’est maintenant un atout touristique puisque ça n’a pas été bâti, construit. Maintenant, c’est un endroit qui est resté naturel. Et donc, c’est ce qui fait le charme de Saint-Valery maintenant. Et c’est toujours… C’est fragile. Il faut gérer ça, à mon avis, de façon à ce que Saint-Valery conserve son charme d’antan sans être non plus rétrograde. Il ne s’agit pas… Mais il faut faire attention.
Renaud Parquet
Avec une capacité d’accueil de 186 chambres hôtelières, les 8 hôtels de la ville affichent un taux de remplissage proche des 100 % d’avril à octobre. Et grâce à sa situation géographique, Saint-Valery draine une clientèle consommatrice de courts séjours.
Touriste anglais
Nous sommes venus au moins une dizaine de fois à Saint-Valery. Nous apprécions cette petite ville. En plus, ce n’est pas très loin de chez nous.
Renaud Parquet
Pourquoi vous avez choisi de venir ici, à Saint-Valery ?
Touriste belge
Parce que d’abord, je préfère la côte française à la côte belge. Ensuite, c’est très près de chez moi. Et puis c’est fort varié. Je préfère venir par ici.
Touriste française
J’en ai souvent entendu parler par les médias. Et puis on voulait connaitre la baie de Somme.
Renaud Parquet
Près de 600 résidences secondaires sont répertoriées aujourd'hui sur la commune. Si Saint-Valery connait un léger ralentissement de la demande immobilière, elle attire encore un peu d’acheteurs, et pas n’importe lesquels. Tiens. Par exemple, cette maison a été achetée récemment 560 000 euros par un Marseillais.