Catenoy : fouilles archéologiques dans l'oppidum

30 août 1984
03m 22s
Réf. 00606

Notice

Résumé :

Le centre archéologique du Val d'Oise s'est installé à Catenoy dans l'Oise pour fouiller une région riche en fortifications préhistoriques (des oppida). Il a repris les fouilles de l'oppidum de Catenoy vieux de 5000 ans. Jean Claude Blanchet, archéologue, explique que le site avait été fouillé au XIXe siècle, mais beaucoup de choses étaient alors méconnues. Les techniques actuelles permettent de mieux comprendre la structure du site composé d'un rempart avec des systèmes de défenses perfectionnées à l'aide de pieux. On a retrouvé trace aussi d'un début d'agriculture puis dans les couches supérieures des traces de l'âge du bronze avec des pièces forgées.

Date de diffusion :
30 août 1984
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Éclairage

Le "Camp de César", situé principalement sur la commune de Catenoy, est un camp fortifié (éperon barré) occupant l'un des plus beaux points stratégiques dominant au nord et à l'est, d'un peu plus de 100 m la plaine crayeuse d'Estrées-Saint-Denis. Son occupation s'étend du Néolithique chasséen/Chalcolithique (4200 av. n.è.) au Bronze final IIIa (850 à 700 av. n.è. environ). Les premiers sondages ont été effectués au XIXe siècle. On pensait alors que des troupes romaines avaient séjourné sur le site (Ledicte-Duflos) d'où l'appellation de "Camp de César". N. Ponthieux, qui fut le premier à l'étudier avec sérieux, poursuit dans cette voie, mais après les publications de Boucher de Perthes en 1847 sur les Antiquités celtiques et antédiluviennes, il fait remonter l'occupation au néolithique et à l'Age du Bronze. Puis des fouilles ont été entreprises au début du XXe siècle (L. Capitan et abbé Breuil), dans les années 1950 (Gérard Bailloud), en 1962 (P. Durvin), puis de 1982 à 1987 (Jean-Claude Blanchet et M. Talon) (1)

Couvrant une superficie de 5 ha, il mesure 490 m de longueur et 150 m de largeur. La pointe orientale du camp se termine par un petit promontoire qui va en se réduisant à une largeur d'une dizaine de mètres. Le système défensif qui isole la pointe du camp du reste du plateau est constitué d'un profond fossé et d'une levée de terre interne (rempart) en terre et pierres en arc de cercle. La partie méridionale du rempart a été détruite par des carrières au XIXe siècle.

Les différentes fouilles ont permis la collecte d'un abondant mobilier, notamment chasséen (silex taillés, céramique et outils en os).

(1) J.-Cl., Blanchet, P. Bouchain, A. Decormeille. "Le "Camp de César" à Catenoy (Oise) : bilan des anciennes recherches et des fouilles récentes de 1982 à 1983", dans Revue archéologique de Picardie, 1984, 1-1, p. 173-204. Consulable sur internet :

Le "Camp de César" à Catenoy

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Catherine Matausch
Qui d’entre nous n’a pas un camp de César ou un mont César près de chez soi ? La mémoire populaire a ainsi choisi l’appellation la plus pratique pour désigner des sites historiques très anciens dont on ignore généralement la date. Le camp de César de Catenoy dans l’Oise ne se situe pas du tout à l’époque romaine mais lui est bien antérieure. Des fouilles archéologiques de cette colline fortifiée commencées de manière empirique au XIXe siècle ont repris depuis deux ans. Thierry Bonté, Jean-Paul Delance.
Thierry Bonté
C’est à Catenoy, près de Clermont, que l’équipe du centre de recherche archéologique du Val-d’Oise s’est installée. Toute cette région est parsemée de sites fortifiés à l’époque préhistorique qu’on appelle des oppida. L’oppidum de Catenoy est une pointe de colline de 5 hectares dont les défenses naturelles sont constituées d’un côté par les marais de Sassy-le-Grand et de l’autre, par une pente abrupte donnant sur une plaine picarde. Il s’agissait donc, pour les nouvelles communautés installées ici, 5000 ans avant Jésus Christ, de construire une butte susceptible de dissuader l’ennemi. Un édifice qui suggère une organisation militaire et sociale déjà fort complexe. Les archéologues ont décidé de réactiver les fouilles à l’endroit de cet oppidum qui avait déjà été exploré de façon bien anarchique au XIXe siècle.
Jean-Claude Blanchet
Le site de Catenoy était connu, effectivement, depuis près de deux siècles. Mais beaucoup de choses étaient absolument inconnues. Notamment la stratigraphie, on ne connaissait pas l’empilement des couches. On ne savait pas exactement comment les cultures s’étaient implantées sur ce site. Et une deuxième chose, c’est que les structures d’habitat, les structures défensives étaient aussi malheureusement absolument inconnues.
Thierry Bonté
Quelles sont les caractéristiques de cette barre ?
Jean-Claude Blanchet
Alors cette barre a été construite par les premières populations néolithiques aux alentours de 4000 avant Jésus Christ par des populations dites chasséennes, civilisation chasséennes qui se sont implantées donc sur ce plateau, sur cette languette et qui l’ont fortifiée. Et ce rempart, donc, a été construit à partir de la terre et des pierres extraites en contrebas, le long du fossé. Et le rempart a été édifié sur une largeur de 150 mètres environ.
Thierry Bonté
Un système de défense déjà très perfectionné avait donc été mis en place par nos ancêtres de cette époque dite chasséenne et venus de la Méditerranée. C’est ainsi qu’ils ont abattu, ici, 20 hectares de forêt afin de façonner des pieux qu’ils ont fichés en terre tous les 50 ou 60 centimètres sur une distance de deux kilomètres. Une véritable palissade était ensuite hérissée pour faire face aux éventuels assaillants. Comme à l’époque féodale, l’oppidum servait, en cas d’agression, de lieu de repli aux populations des villages environnants.
(Bruit)
Thierry Bonté
Mais ces populations du néolithique ne songeaient pas qu’à la guerre. La cueillette devient, à cette date, une activité annexe supplantée bientôt par l’organisation d’une véritable agriculture. Ces grains de blé, d’orge et de petit-pois carbonisés en témoignent. Ils maitrisaient aussi bien sûr le travail de l’argile et du silex. 3000 ans plus tard, les communautés de l’âge de Bronze peuplaient l’oppidum. Dans l’intervalle, les hommes du Néolithique étaient devenus de fameux métallurgistes.