Le parc de Samara

23 mai 2007
04m 36s
Réf. 00621

Notice

Résumé :

Le plus grand site archéologique du nord de la France est situé à au parc de Samara à La Chaussée-Tirancourt. Découverte lors d'une visite de scolaires : après un passage au musée, les enfants découvrent les ateliers de reconstitution des techniques préhistoriques. La taille du silex, la poterie, avec ses gestes identiques depuis le Néolithique, le feu, le tressage de l'osier. Les enfants sont particulièrement intéressés par ce côté pratique de la préhistoire. L'occasion aussi de découvrir un nouveau mode de direction pour le parc.

Type de média :
Date de diffusion :
23 mai 2007
Source :

Éclairage

Le domaine de Samara, situé à 10 kilomètres à l'ouest d'Amiens, s'étage sur le flanc nord de la vallée de la Somme, au pied de l'oppidum de La Chaussée-Tirancourt. Il est né de la volonté commune du Crédit agricole et du département de la Somme. Sa réalisation a été confiée en 1982 au sculpteur Bruno Lebel, alors maître de conférence à l'École Polytechnique et professeur à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Le parc a été ouvert au public en 1988. C'est à la fois un archéosite parc de loisirs, et un parc paysager et botanique.

Pour sa partie archéologique, le site comporte un pavillon, au pied de l'oppidum, constituant l'élément central de l'équipement abritant des expositions conçues comme un voyage dans le temps et dans l'espace ; un circuit des reconstitutions d'habitats associés à des ateliers qui essaient , à partir des matériaux et des outils passés, de retrouver les techniques utilisées ; le circuit de l'oppidum avec son système de fortifications et la vue spectaculaire sur la vallée.

Les reconstitutions en plein air réalisées à Samara illustrent nos connaissances sur l'évolution de la construction entre le quinzième millénaire et le Ier siècle av. n.è. Ces reconstitutions reposent sur l'étude critique des données de fouilles, étayées par des paramètres techniques et ethnologiques.

Un "village des artisans" est destiné aux expérimentations et démonstrations publiques de taille de silex, de poterie, de tissage, de vannerie, de métallurgie, de mosaïque, de taille de la pierre. Elles concourent à faire découvrir au public la chaîne opératoire et le savoir-faire de nos ancêtres, du Néolithique à la période romaine. Les techniques de taille montrent comment créer un outil ou une arme préhistorique. Le potier illustre les différentes techniques pour façonner l'argile, décorer la poterie. Le travail autour de fibres textiles (végétales tel que le lin ou animales tel que la laine...) ou de matière végétales (clématite, osier, saule, noisetier, ronces, carex...) permet d'illustrer le filage, la teinture végétale, les différentes techniques du tissage, les vêtements ainsi que la confection de nasses, de corbeilles, de paniers spiralés, de vans, de filets... Notamment pour les activités liées à la pêche. Le travail de la forge concerne la fabrication des outils agricoles et artisanaux ainsi qu'à celles des armes et des parures. Le travail sur pierre reproduit les techniques des sculpteurs gallo-romains, que ce soit pour des éléments d'architecture, des stèles ou des statues.

Les projets archéologiques en cours à Samara sont contrôlés par les scientifiques par le biais de partenariats notamment avec l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) pour la reconstitution de fours de potiers gallo-romains et la reconstitution d'une ferme gauloise fouillée à Glisy.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Sylvain Rouil
Cap sur la Préhistoire. Le grand site archéologique du nord de la France est situé à quelques pas d’Amiens. Le site de Samara, à la Chaussée-Tirancourt, fêtera l’an prochain ses 20 ans d’existence. Il est ouvert au public depuis la mi-mars. L’occasion pour nous de le redécouvrir. Yolande Malgras, Gérard Payen.
Yolande Malgras
De mars à novembre, 63 000 visiteurs auront franchi les portes Samara l’an passé et foulé ce qui fut autrefois un oppidum, un camp retranché romain ainsi qu’un lieu de sépulture. Aujourd'hui, les allées retentissent de cris d’enfants. Nous sommes en pleine saison de visite scolaire. Normands, Champenois, Parisiens ou Picards, des centaines d’élèves pris en charge par groupes de 15 et accompagnés par un guide. Après un bref séjour par le musée, les visiteurs sont aussitôt orientés vers les ateliers. Exemple avec la taille des silex, l’outil préhistorique par excellence. Pas si simple qu’il y parait. Antoine, est-ce que tu peux nous montrer ton silex ?
(Bruit)
Yolande Malgras
Alors est-ce que tu es content de toi ?
Antoine Labiausse
Oui.
Yolande Malgras
Pourquoi ?
Antoine Labiausse
Parce qu’il est bien tranchant.
Yolande Malgras
Et tu trouve ça facile, de tailler un silex ?
Antoine Labiausse
Non. Ce n’est pas facile.
Yolande Malgras
Pourquoi ?
Antoine Labiausse
Parce qu’il faut bien tailler parce que si on taille trop, si on tape trop fort, eh bien, il va se casser.
Yolande Malgras
Et là, mission accomplie. Il n’est pas cassé.
Antoine Labiausse
Oui.
Yolande Malgras
Qu’est-ce que vous essayez d’apprendre à ces enfants, finalement ?
Erik Sanpite
A trouver un geste. A trouver un geste. Peu importe si, au bout du compte, l’outil… enfin la forme qu’ils ont obtenue n’est pas un outil. Moi, ce qui m’intéresse, c’est qu’ils aient trouvé la gestuelle, le mouvement qui permet de décrocher des éclats, d’obtenir un bord coupant. Après, si on peut aller vers une forme d’outil, un petit grattoir, c’est sympa. Mais à priori, le geste… d’abord le geste.
Yolande Malgras
On se rend compte que ça n’a rien d’évident.
Erik Sanpite
Non. Du tout, du tout. C’est un geste qui n’est pas naturel. C’est un geste qui ne s’apprend plus autrement qu’en venant…
Yolande Malgras
Est-ce que vous êtes fasciné par la taille de certains silex ?
Erik Sanpite
Ah oui. Il y a des chefs-d’oeuvre. Il y a des chefs-d’oeuvre. Mais là, il y a vraiment, derrière, un savoir-faire très particulier. Il y a des chefs-d’oeuvre qui sont tellement beaux que les objets ne peuvent même pas être utilisés tellement ils sont fragiles. Mais c’est vraiment de belles pièces.
Yolande Malgras
Patrick a quitté le calme de son atelier il y a 15 ans pour rejoindre l’équipe de Samara. Depuis, il est en contact permanent avec le public et notamment les enfants particulièrement fascinés par son tour de main.
Patrick Quennehen
En fait, on peut dire que quasiment 7000 ans après l’apparition des premières poteries, les gestes n’ont pas tellement évolué ni, d’ailleurs, les outils, l’outillage utilisé. L’outillage, aujourd'hui, a une facture un peu plus moderne que celle utilisée par les Gaulois par exemple, mais il reste le même. L’outil reste le même quasiment, en fait. Donc il y a très peu d’évolution dans ce type de métier, ce qui fait qu’effectivement, on n’a pas de grosses difficultés d’adaptation.
Intervenant
On va mettre cet amas d’ouvier à l’intérieur. Voilà. Et après, qu’est-ce que je vais faire au début ? Je vais souffler doucement. Regardez bien.
(Bruit)
Yolande Malgras
Faire un feu comme un vrai Cro-Magnon, fabriquer et utiliser sa sagaie, découvrir l’habitat de nos ancêtres du Paléolithique à l’âge de Fer ou signifier les subtilités du tressage d’osier comme ces élèves de CE2 venus du Havre. C’est la recette du succès de ces journées : la participation active des visiteurs.
Isabelle Malvault
Nous, en primaire, c’est vrai que ça cadre tout à fait avec ce qu’on fait au niveau du programme.
Yolande Malgras
On sent les enfants particulièrement intéressés.
Isabelle Malvaut
Oui, oui. Parce qu’il y a un côté pratique, ici, quand même. On voit les gens faire. C’est très bien aménagé. Donc effectivement, ça les intéresse. C’est plus concret que ce qu’on peut leur offrir à l’école.
Yolande Malgras
Un programme riche d’activités qui mérite de revenir plusieurs fois à Samara. C’est en tout cas le souhait de son tout nouveau directeur.
Arnaud Dassonville
J’ai l’habitude de dire : « Il ne faut pas faire Samara trop trop vite. Il faut y prendre son temps ». Il y a trois grandes raisons de venir ici. Une première raison, une belle demi-journée à passer autour de la Préhistoire avec les scènes de laPréhistoire, 600 000 ans d’histoire en Picardie. Une autre belle demi-journée autour de l’artisanat, autour de la transmission des gestes. Et puis je crois qu’il y a une très belle demi-journée à passer, voire même une journée, dans le parc, dans les marais de Samara, sur l’oppidum, dans cet environnement qui est préservé.
Yolande Malgras
Enfin, les parents sont invités à se joindre à leurs enfants pour des ateliers conjoints dans le cadre d’une opération baptisée Dimanche à Samara.