Exposition Puvis de Chavannes à Amiens

04 novembre 2005
02m 29s
Réf. 00717

Notice

Résumé :

Reportage sur une une grande exposition avec plus de 300 œuvres consacrée à Pierre Puvis de Chavannes au musée de Picardie à Amiens. Matthieu Pinette, directeur du musée, nous fait découvrir ce peintre d'origine lyonnaise fut l'un des décorateurs du musée de Picardie au XIXe siècle.

Date de diffusion :
04 novembre 2005
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Éclairage

Ce document introduisant à l'exposition des œuvres du peintre au Musée de Picardie, en 2005, représente un salut trop bref à un artiste dont le Musée d'Amiens possède une imposante collection. Question surface, ces fresques amiénoises issues de l'atelier du peintre place Pigalle à Paris, marouflées par lui-même au Musée d'Amiens, rivalisent largement en effet avec celles qui furent destinées au Panthéon à Paris, au grand amphithéâtre de la Sorbonne, au Musée des beaux Arts de Lyon, à l'Hôtel de Ville de Paris ou à la Bibliothèque publique de Boston. Curieuse destinée que celle de cet homme d'ascendance bourguignonne, né à Lyon, élève de rhétorique au Lycée Henry IV à Paris puis disciple des peintres Eugène Delacroix, Thomas Couture et Théodore Chassériau. Quasi autodidacte, plusieurs fois refusé au Salon, finalement devenu peintre officiel de l'État français (la deuxième République), Puvis pâtira pour cette raison même de son statut. Lorsque, au XXe siècle, la vogue des Impressionnistes emportera tout sur son passage, il ira rejoindre le clan des peintres "pompiers". L'exposition de 2005 à Amiens, conçue par le conservateur d'alors, Matthieu Pinette, avait pour ambition légitime de réinstaller Puvis aux origines mêmes du modernisme. Manifestement admiré par Pablo Picasso et par Henri Matisse, de même qu'annonçant le néo-classicisme d'un de Chirico, Puvis de Chavannes est l'auteur d'une œuvre idéaliste et symboliste. Marqué lui-même par deux voyages en Italie (1846 et 1848) et la fréquentation de Giotto et Piero della Francesca, il s'inscrit comme tel dans un mouvement plus général, de dimension européenne, qui voit les Nazaréens en Allemagne et les Préraphaélites en Angleterre se référer à un passé mythique. Chrétiennes chez les peintres allemands, laïques chez Puvis, ces références au passé s'appuient non seulement sur les thèmes classiques réactivés par Poussin ou Ingres mais aussi sur les premières études anthropologiques et le développement de la science archéologique. Rappelons que c'est dans la Somme qu'est née cette dernière avec le livre de Jacques Boucher de Perthes paru en 1849 Antiquités celtiques et antédiluviennes. Les fresques amiénoises représentant Le Travail et le Repos (1863) ainsi que Ave Picardia Nutrix (1865) et Pro patria ludus (mis en place dans l'escalier du musée d'Amiens en 1888), campent ainsi une société antique idéale, pré-rousseauiste, vivant sur les bords d'une rivière qui pourrait être la Somme. On dirait d'une illustration avant la lettre du Rameau d'Or (Golden Bough) que publiera quelques années plus tard l'anthropologue écossais Frazer. Ces scènes empruntes d'une profonde nostalgie pour un état paradisiaque, encore intact des ravages de l'industrie, font aujourd'hui l'effet de grandes rêveries idylliques, anhistoriques.

Jacques Darras

Transcription

Eric Brisson
Pierre Puvis de Chavannes est à l’honneur à partir d’aujourd'hui au musée de Picardie avec une exposition qui rassemble pas moins de 300 oeuvres. Hommage conséquent à celui qui fut l’un des décorateurs du musée de Picardie. Laetitia Fouques et Sébastien Delalot vous offrent une visite guidée en compagnie du conservateur.
(Musique)
Matthieu Pinette
Bienvenue au musée de Picardie qui présente à partir de maintenant une exposition consacrée à Pierre Puvis de Chavannes, un artiste important qui a décoré une grande partie du musée auquel nous consacrons, pour quelques mois, une grande exposition. Je propose que nous allions la voir ensemble.
(Musique)
Matthieu Pinette
Il a réalisé d’autres décors un peu partout en France et dans le monde puisque jusqu'à Boston, aux Etats-Unis, Puvis de Chavannes a traîné son pinceau, si j’ose dire. Mais Amiens, Amiens, c’est l’ensemble le plus important. Puvis de Chavannes va faire deux voyages en Italie, et c’est sans doute ses séjours italiens qui vont l’amener à peindre. Et une toile comme celle-là le montre. Et c’est également quelqu’un qui a vraiment, par lui-même, vraiment fait son apprentissage. Il s’est formé tout seul.
(Musique)
Matthieu Pinette
Et c’est vraiment avec ce genre de tableau-là que Puvis de Chavannes va commencer à être reconnu. On voit que les couleurs sont des couleurs beaucoup plus vives, que la touche est une touche qui n’a pas l’air finie, alors que pour lui, ce tableau était terminé, que la composition est assez étrange. Il coupe des personnages, en met à droite, à gauche alors qu’il n’y a rien au centre.
(Bruit)
Matthieu Pinette
Picasso avait une vraie passion pour Puvis de Chavannes. C’était un des artistes qu’il préférait. On le voit bien dans un tableau tel que celui-ci où Puvis Dechavanne est, si j’ose dire, présent. C’est une espèce de scène de bonheur où on voit une famille au bord d’une plage. Ça reprend complètement ce que Puvis Dechavanne a fait pour le musée de Picardie. Beaucoup de gens ont été inspirés par lui, mais Matisse qui n’est pas très loin, est un artiste qui a été très inspiré par Puvis. Fernand Léger également, Maillol, bref, les grands artistes du modernise, du début du XXe siècle sont complètement puvisiens.
(Musique)
Matthieu Pinette
C’est une exposition qui permet bien plus que de simplement connaître un grand inconnu important, Puvis de Chavannes.
(Musique)