Le musée de Grenoble

28 janvier 1994
02m 05s
Réf. 00049

Notice

Résumé :

Le musée de Grenoble est le plus grand musée de province et le plus riche, recelant des œuvres phares de la fin du Moyen Age à aujourd'hui. Le nouveau bâtiment a été créé en fonction de la collection préexistante.

Date de diffusion :
28 janvier 1994
Source :
Antenne 2 (Collection: MIDI 2 )

Éclairage

Quand il est inauguré en 1994, le Musée de Grenoble a déjà une longue histoire. Elle a débuté en 1798 à l'initiative de Louis-Joseph Jay, professeur à l'École centrale de Grenoble. Les collections, tout d'abord assez modestes, sont installées dans l'ancien évêché puis dans l'école centrale, futur Lycée Stendhal. Dès le milieu du XIXe siècle, leur rapide accroissement nécessite un nouvel édifice. Le Musée-Bibliothèque de Charles-Auguste Questel est achevé en 1872. Édifice remarquable, il s'avère néanmoins à la fois trop étroit et inadapté dès la fin de l'entre-deux-guerres. Des achats, des dons et des legs importants ont en effet enrichi les collections du musée. Les apports les plus remarquables et les plus déterminants concernent le XXe siècle, avec notamment le legs Agutte-Sembat recueilli par Andry-Farcy, conservateur du musée de 1919 à 1949.

En 1982, le projet de construire un nouvel édifice est officialisé. Il sera inauguré en 1994. L'emplacement retenu est à proximité immédiate du centre historique, sur un site occupé par des fortifications avec notamment la Tour de l'Isle qui date du début du XVe siècle. Une caserne, érigée au XIXe siècle, fut démolie en 1967, laissant la place à une vaste esplanade servant de parking. Ce site, idéal par sa centralité, est cependant très contraignant en raison de la présence des remparts de Lesdiguières et de la Tour de l'Isle, protégés au titre des Monuments historiques.

Les architectes lauréats du concours organisé pour la réalisation de cet édifice sont Olivier Félix-Faure, Antoine Félix-Faure et Philippe Macary, regroupés dans le cabinet grenoblois Groupe 6. Afin de protéger le musée contre les possibles crues de l'Isère, ils ont choisi de l'ériger au-dessus d'un parking qui, lui, est construit de plain-pied. Les anciens remparts de la ville sont mis en valeur dans les niveaux inférieurs du musée et la Tour de l'Isle est intégrée au dispositif par une passerelle qui la relie au bâtiment moderne. Les petites salles de cette tour accueillent le cabinet des dessins et des expositions d'art graphique. Le parc Albert Michallon, situé à l'est du musée, est un jardin de sculptures qui prolonge dans la ville le parcours du musée.

Le plan de l'édifice répartit très clairement les collections historiques et les collections d'art moderne et contemporain. Une grande nef centrale, très lumineuse grâce à l'éclairage zénithal, donne accès aux différentes galeries. Cet espace monumental qui reste toujours vide permet au visiteur de ressourcer son regard et son esprit avant d'aborder une autre salle et une autre époque. Les collections d'art du XXe siècle jouissent d'un emplacement privilégié dans la courbure du bâtiment qui ouvre sur le paysage dominant l'Isère. L'architecture se caractérise par une monumentalité emprunte de sobriété dans les volumes extérieurs, les espaces d'accueil et la grande nef centrale. Dans les galeries du musée, elle s'efface pour se mettre au service des œuvres.

Laurent Baridon

Transcription

Présentateur
Le plus important musée de province sera inauguré demain matin à Grenoble, son originalité réside dans sa conception, il est entièrement réalisé en fonction des œuvres qui sont à l’intérieur. Reportage Jean-Paul Savart, Thierry Maunier.
Journaliste
C’est le plus grand et le plus imposant musée de province et pourtant il est couleur muraille. En plein centre ville mais pas au centre des regards, le musée de Grenoble est l’anti-Beaubourg, il s’efface au profit de œuvres d’art.
Serge Lemoigne
On n’a pas construit un bâtiment, donc en l’occurrence un musée et puis on a essayé de voir ensuite ce qu’on pouvait mettre dedans, c’est exactement le contraire que nous avons fait. Nous avions une collection, l’une des toutes premières de France et d’Europe, et c’est à partir de cette collection que nous avons conçu et écrit le programme muséographique et puis ensuite construit le bâtiment.
Journaliste
Eclairage zénithal pour une collection exhaustive, de la fin du moyen âge à aujourd’hui, toute l’histoire de la peinture et de la sculpture s’enchaîne ici. A gauche de l’allée centrale, la lumière se fait sur Rubens, elle est constante et filtrée. Pour l’art ancien, ce sont les couleurs qui marquent les siècles, moins chaleureuse au 17e de Philippe de Champaigne, qu’au 18e de Canaletto. Les époques se traversent en diagonale sans franchir de porte, c’est le mur d’en face qui marque la salle suivante, et ce mur est lui-même tout un poème.
Lorenzo Piqueras
Lorsqu’on dessine une paroi qui est un peu en manque, manque quelque chose, juste en déséquilibre et que lorsqu’on accroche le tableau, ça se stabilise, c’est ce type de paroi qu’il faut provoquer salle après salle pour que justement, l’œuvre ait sa place et qu’elle soit là mise en valeur, mise en scène, donnée à voir.
Journaliste
A voir en vedette, en pleine lumière naturelle et évolutive, les sculptures néo-classiques et surtout l’art moderne qui épouse la courbe de la rivière Isère pour affluer sur l’art contemporain. Hier avant tout autre, l’ancien musée de Grenoble joua Picasso et Chagall, aujourd’hui il mise sur Morellet et Boltanski, pleins feux sur le 21e siècle.