Le cinquantenaire des compagnons du Beaujolais à Lacenas

Le succès du beaujolais est inséparable de la confrérie des compagnons du Beaujolais qui rassemble ses meilleurs ambassadeurs. En 1947, deux associations bachiques, rassemblant des professionnels et des amateurs de vins et soucieux d'assurer la promotion des vins de la région, les « Compagnons du Cuvier » et les « Chevaliers du Beaujolais », décident de fusionner pour constituer la confrérie des compagnons du Beaujolais.

Comme d'autres confréries qui se créent à la même époque, les compagnons entendent renouer avec l'esprit des associations qui existaient au XIXe siècle ou avant la Révolution, fondées sur l'entraide et la solidarité. La confrérie se réunit en chapitres, des assemblées où sont présentés les nouveaux compagnons. Ces derniers prêtent serment, devant Saint-Vincent le patron des vignerons, « d'apprécier et de propager le produit de nos vignes » et d'assurer « la renommée de la Patrie Beaujolaise ». La confrérie est organisée en devoirs qui regroupent ses compagnons, sur une base territoriale. Un devoir parisien des compagnons du Beaujolais existe, d'ailleurs, dès 1949 ; il est placé sous la haute autorité du maire de Lyon, Édouard Herriot. Depuis 1966, la confrérie a son siège à Lacenas et elle y tient ses chapitres.

Au début du reportage est évoqué le vin primeur – le beaujolais nouveau – qui est commercialisé le 3e jeudi de novembre. Ce qui est présenté comme une constante est véritablement le fruit de l'histoire croisée de la législation, de l'entregent de la confrérie et de ses opérations, la Confrérie qui a réussi à « installer », pour reprendre ses propres termes, le beaujolais nouveau comme le symbole du beaujolais. L'arrivée du beaujolais nouveau est devenue une vaste opération de communication.

La réglementation ne permettait pas de commercialiser les vins d'appellation d'origine contrôlée avant le 15 décembre. Mais l'administration autorisa des exceptions et la date de déblocage du beaujolais primeur fut variable, mais toujours au mois de novembre, jusqu'en 1967. Cette année là, elle fut fixée au 15 novembre puis, à partir de 1985, au troisième jeudi de novembre. La réglementation européenne fit également passer le moment du déblocage du point de départ, le beaujolais, au point d'arrivée. Même si certains vignerons ont protesté contre l'intervention européenne, le fait que le beaujolais nouveau arrive en même temps à Villefranche-sur-Saône, à New York et à Tokyo est une chance que les compagnons du Beaujolais ont bien saisie. Des compagnons accompagnent les cargaisons et, à l'arrivée des vols long courrier, ils organisent la promotion avec tout le folklore qui convient.

Le président de la confrérie qui intervient pendant le reportage, Gérard Canard, est aussi le directeur de l'Union interprofessionnelle du Beaujolais. Globetrotter, il a parcouru la planète, comme le disent les discours lors de son décès en 2009, avec son tablier vert, son chapeau, sa veste noire et sa tasse à la main pour promouvoir le beaujolais.

La confrérie compte aujourd'hui des devoirs sur tous les continents. Dans la région Rhône Alpes, les vins du Beaujolais représentent plus de 50% de la production de vins d'appellation d'origine contrôlée.