Séance inaugurale du conseil de la communauté urbaine de Lyon

11 décembre 1968
05m 12s
Réf. 00153

Notice

Résumé :

La première séance de la communauté urbaine de Lyon, inaugurée par le préfet de la région Rhône-Alpes, s'est faite en présence des 90 élus des communes concernées. Louis Pradel, maire de Lyon, a été élu président du Conseil à la majorité absolue.

Date de diffusion :
11 décembre 1968
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Éclairage

La France n'est pas un pays où les grandes villes ont annexé les communes suburbaines comme cela s'est produit, par exemple, en Allemagne. Pour la gestion des réseaux techniques des agglomérations, cela n'est pas allé sans inconvénient. Les pouvoirs publics ont essayé de promouvoir des syndicats de communes ou des districts urbains qui devaient permettre l'émergence de politiques d'agglomération tout en respectant l'autonomie municipale. Face au peu d'empressement à se saisir de ces nouvelles opportunités institutionnelles, une loi, autorisant la constitution de communautés urbaines à Bordeaux, Lille, Strasbourg et Lyon, est votée en décembre 1966. Pour les trois premières, la communauté urbaine est installée au plus tard le 1er janvier 1968. Pour celle de Lyon, il faut attendre un an de plus puisque le reportage sur la séance inaugurale de la COURLY date du 11 décembre 1968.

Lors d'une discussion au conseil général du Rhône, le maire de Villeurbanne proteste contre le vote de la loi qui a été élaborée sans consultation des édiles municipaux. Villeurbanne craignait une annexion depuis que Lyon avait, en 1852, annexé les communes de La Guillotière, de La Croix Rousse et de Vaise. Mais ce ne sont pas ces réserves qui provoquent le retard. C'est la particularité administrative de l'agglomération lyonnaise à cheval sur trois départements : le Rhône, l'Isère et l'Ain. Or la loi de 1966 prévoit, en son article 43, que « ces dispositions ne seront applicables à l'agglomération lyonnaise qu'après modification des limites territoriales des départements de l'Ain, de l'Isère et du Rhône ». Il faut donc attendre la réforme départementale qui entre en application le 31 décembre 1967. Elle réorganise les départements de la région parisienne et modifie les limites du Rhône. Cette modification ne va pas être simple et plusieurs hypothèses sont rapidement débattues. Finalement, six communes de l'Ain et vingt-trois communes de l'Isère sont rattachées au département du Rhône qui s'étend ainsi vers l'est et vers le nord. Mais nombre d'observateurs considèrent que la discussion a été bâclée et qu'elle n'anticipe pas sur l'avenir : cela ne sera pas sans conséquence sur la création de la ville nouvelle de l'Isle d'Abeau, étrangère au département du Rhône et tout entière dans l'Isère. Cette expansion du Rhône vers l'est pour suivre la croissance de Lyon n'est pourtant pas nouvelle : elle avait débuté en 1852 avec le rattachement au Rhône de quatre communes de l'Isère Vénissieux, Bron, Vaulx-en-Velin et Villeurbanne...

Une fois le verrou des limites administratives levé, les discussions commencent pour fixer le périmètre de la COURLY qui est précisé par un décret du 27 août 1968. Le 11 décembre 1968, les représentants des 56 communes concernées élisent, sous la présidence du doyen d'âge, représentant de Saint-Priest, une des communes de l'Isère rattachées au Rhône, le président de la communauté urbaine. Louis Pradel, maire de Lyon est élu contre Franck Sérusclat maire de Saint-Fons et socialiste.

Dans leurs entretiens respectifs le préfet, Max Moulins et Louis Pradel expliquent les conséquences de la mise en place de la COURLY. Les 56 communes ont une population qui dépasse un million d'habitants et leur superficie totale est presque 10 fois supérieure à celle de Lyon. Aujourd'hui le vocable Grand Lyon est plus utilisé que celui de communauté urbaine de Lyon.

Bibliographie :

- Marie-Clotilde Meillerand, Penser l'aménagement d'une métropole au 20ème siècle. Enjeux territoriaux, acteurs locaux et politiques publiques dans la région lyonnaise, Thèse, Université Lyon 2, 2010.

Jean-Luc Pinol

Transcription

Journaliste
C’est au Palais des Congrès du quai Achille Lignon que s’est tenu ce matin la séance inaugurale du conseil de la communauté urbaine de Lyon. C’est Monsieur Max Moulins, préfet de région qui présidait la séance et qui tout d’abord, devait donner lecture des procès verbaux après avoir procédé à l’appel nominal des 90 élus, représentants les communes formant cette communauté urbaine de Lyon. Après ce préambule, c’était l’ouverture de la séance.
Max Moulins
Je crois que je n’ai omis personne. Et bien Messieurs, je déclare solennellement installés les membres de la communauté urbaine de Lyon. Et je vais demander au doyen d’âge, Monsieur Arnaud de venir me remplacer au fauteuil que j’occupe.
Journaliste
Le doyen d’âge, Monsieur Arnaud de Saint-Priest occupait donc le fauteuil présidentiel et Monsieur Max Moulins quittait alors la salle des délibérations et devait nous déclarer:
Max Moulins
Eh bien, écoutez. Je pense que l’avenir de la communauté s’inscrit dans les, les voies normales de la logique. Ce qui est presque extraordinaire, c’est que, il n’y ait pas eu plus tôt des communautés, que les maires n’aient pas senti le besoin de se regrouper entre eux. Au fond, la communauté urbaine qui est ce que c’est, c’est un syndicat à vocations multiples qui au lieu d’être facultatif, devient obligatoire. Les communes aussi importantes que Lyon, Villeurbanne, Bron, Caluire, ne peuvent pas avoir des systèmes totalement différents d’adductions d’eau, d’assainissement, de voirie. Il est bien évident que pour l’habitant de cette agglomération, ces choses-là doivent se faire en commun. Et d’ailleurs, c’est tellement vrai que dans notre région Rhône-Alpes seulement, pour ne pas parler d’autres régions que je connais moins, je sais que dans deux agglomérations importantes et même très importantes, Saint-Etienne d’une part et Annecy d’autre part, les maires recherchent actuellement la possibilité d’organiser des communautés urbaines à l’image de celles de Lyon dans la logique de l’opération et la nécessité leur en est apparue.
Journaliste
Plusieurs élus prenaient la parole et ont procédé ensuite à diverses élections, en particulier celle du président du Conseil de la communauté. Deux candidats étaient en présence, Messieurs Pradel de Lyon et Sérusclat de Saint Fons.
Monsieur Arnaud
Election du Président. Premier tour de scrutin, résultat du vote. Nombre de bulletins trouvés dans l’urne, 90. A déduire bulletin blanc, zéro. Reste nombre de suffrages exprimés, 90. Majorité absolue, 46. Ont obtenu, Monsieur Pradel, 76 voix.
(Bruit)
Monsieur Arnaud
Monsieur Séruscalt, 13 voix.
(Bruit)
Monsieur Arnaud
Monsieur Dugoujon, 1 voix. Monsieur Pradel ayant obtenu la majorité absolue, je le proclame président et je le déclare installé dans ses fonctions.
Journaliste
Monsieur le Maire, vous présidez la communauté urbaine de Lyon, quelle va être votre action en tant que président.
Louis Pradel
Et bien, l’action du président de la Communauté est sensiblement la même que celle de Maire de Lyon, sauf que, on double la population et surtout on multiplie par 10 la superficie. N’est-ce pas, alors que Lyon avait 5 500 ha, nous en avons maintenant 54 000, ce qui fait donc 550 km² et que nous aurons à contrôler et particulièrement sur les voies publiques, pour toutes les rues qui sont nombreuses. Les routes, rues, avenues, l’assainissement, les égouts à construire dans les communes qui, hélas, n’en ont pas encore. A faire tout, donc toute la voirie, le service des eaux et les constructions du deuxième degré, c’est-à dire les collèges et les lycées. Et de nombreuses agglomérations n’en ont encore pas, il faudra donc en construire beaucoup. En réalité, tout ce que nous avons déjà et que nous passons, tels que les abattoirs, les marchés et gares, les transports en commun sont donc communautaires et j’avais déjà tous ces services. Ce sont des services lyonnais qui passent à la communauté donc que j’avais contrôle depuis que je suis Maire, c’est-à dire depuis 12 ans. En réalité, ce sont, tout, surtout les employés de la ville de Lyon qui vont passer à la communauté sur les, alors il y a 2 800 employés de la ville qui vont être mutés. Environ 500 de Villeurbanne et 350 qui représentent les 54 autres communes. Donc, on peut dire que c’est presque la totalité, pas toute la totalité mais presque des fonctionnaires municipaux et des services qui passent à la communauté et dont j’avais déjà la gestion depuis donc, depuis 12 ans. Et pour moi, ce sera évidemment une charge nouvelle car au lieu d’avoir 5 000 ha, j’en ai 54 000, ce qui fait exactement plus du double de la superficie du Grand Marseille et j’aurai des kilomètres à faire tous les jours pour surveiller et les travaux, et surtout les projets qu’il y aurait à réaliser en accord avec les, mes 89 collègues de la communauté.