Mai 68 : violentes manifestations à Lyon [Muet]

25 mai 1968
02m 31s
Réf. 00204

Notice

Résumé :

De violentes manifestations ont eu lieu à Lyon, notamment de nuit. Au matin les rues sont jonchées de débris, restes des affrontements de la nuit. Image du camion accidenté dans lequel le commissaire René Lacroix a trouvé la mort.

Date de diffusion :
25 mai 1968
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Lieux :

Éclairage

Après la généralisation de la grève sur le plan national le 20 mai 1968, une crise politique est ouverte le 24 mai par l'annonce de négociations syndicales et patronales sous la houlette du Premier ministre, au ministère du Travail et de l'Emploi rue de Grenelle à partir du 25 mai et aussi par le rejet de la proposition du général de Gaulle d'organiser un referendum pour résoudre la situation de crise sociale (grève générale, occupation des universités, des bureaux et des entreprises) : l'annonce faite à la télévision par un homme âgé et accablé est rejetée, cruellement, par les manifestants parisiens qui agitent leurs mouchoirs aux cris de « Adieu de Gaulle, adieu ».

En effet, les manifestations ont repris à Paris après l'annonce de l'interdiction de séjour en France de Daniel Cohn-Bendit. À Lyon, une manifestation est décidée le 24 mai à la faculté des Lettres devenue le centre du mouvement de contestation. L'affrontement avec les forces de l'ordre a été organisé volontairement par certains courants étudiants minoritaires, en particulier le Mouvement du 22 mars lyonnais. Initialement dirigé vers la presqu'île, une partie du cortège de 4000 étudiants est détourné sciemment vers la préfecture, protégée par un important dispositif policier. Les manifestants construisent et incendient des barricades, mais sont à plusieurs reprises refoulés en direction du pont Lafayette, tandis que les forces de l'ordre tentent de progresser soutenues par un tir de grenades lacrymogènes. Près du pont, la police est prise en tenaille, par un autre groupe de manifestants venant de la presqu'île. C'est dans ces circonstances que le commissaire René Lacroix qui faisait les sommations avant que les policiers ne chargent, est renversé par un camion chargé de pierres venu des rangs des manifestants. Transporté à l'hôpital, il décède peu après. Du premier mort de Mai, on ne voit que le camion encastré dans un poteau. Le reportage est muet car les caméras n'étaient pas toutes équipées d'un son synchronisé, le son étant le plus souvent ajouté au montage.

Par la suite, des violences se déroulent, de part et d'autre, jusqu'à trois heures du matin : barricades, vitrines brisées de magasins parfois mis à sac, incendies, ce que montre le reportage muet. Le bilan est lourd : outre le policier décédé à l'hôpital, 46 blessés hospitalisés (19 chez les manifestants et 27 parmi les forces de l'ordre selon Le Monde du 26-27 mai), 156 arrestations de jeunes et d'immigrés après des descentes policières dans les meublés nord-africains du quartier de la Guillotière au centre ville. La nuit, une série de « trimards » - résurgence d'un terme ancien pour désigner de jeunes marginaux - se réfugient dans les locaux de la Faculté de Lettres : l'occupation de l'université prend désormais un tout autre visage. Les représentations du mouvement des étudiants changent : ils ne sont plus perçus comme des victimes de la répression policière mais comme les auteurs de la violence, la victime étant parmi les forces de l'ordre.

À partir du 25 mai, le gouvernement diffuse par la télévision la représentation d'une nation assiégée et du risque de guerre civile. En effet, les journalistes se mettent alors en grève ce jour là : l'organisation d'un débat prévu pour faire réagir les hommes politiques au discours du Général de Gaulle de la veille est refusée par la direction de l'ORTF. Jusqu'à mi-juillet, journalistes non-grévistes et techniciens grévistes (mais astreints au service minimum) assurent chaque soir un journal télévisé qui est la voix directe du gouvernement. C'est par la télévision que sera connue nationalement la mort du commissaire Lacroix.

Michelle Zancarini

Transcription

(Silence)