Les marionnettes d'Émilie Valantin

24 juillet 1995
02m 25s
Réf. 00213

Notice

Résumé :

Dans le cadre du festival d'Avignon, Emilie Valantin présente ses marionnettes dans un jardin de la ville. Dans le spectacle présenté, elle travaille avec des marionnettes à gaines, difficiles à manier car elles ne permettent que peu de gestes.

Date de diffusion :
24 juillet 1995
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
Thèmes :

Éclairage

En ce 24 juillet 1995, le 19/20 de France 3 braque ses projecteurs sur la marionnettiste Émilie Valantin qui présente, dans la cité des Papes, son nouveau spectacle Castelets en jardins, une suite de saynètes dont les textes sont signés, entre autres, Heiner Muller et Jean de La Fontaine. C'est la toute première fois que cette forme de spectacle vivant fait son apparition dans la programmation officielle, le in, du festival d'Avignon. Un autre spectacle, d'ailleurs, créé par la compagnie d'Émilie Valantin, J'ai gêné et je gênerai, est également présenté cette année-là dans la chapelle des Pénitents blancs.

Avant de fonder le théâtre du Fust à Montélimar en 1975, Émilie Valantin a fait ses classes à Lyon, la ville qui a vu naître Guignol à la fin du XIXe siècle : une marionnette à gaine avec laquelle son créateur, Laurent Mourguet, fait œuvre de satire sociale, dénonçant les injustices que subissent les humbles.

Émilie Valantin a toujours eu des marionnettes en main. Son père ébéniste, qui avait pour voisin le dernier sculpteur de marionnettes sur bois, lui avait construit un castelet et elle fréquentait, comme tous les petits Lyonnais, les spectacles de Guignol... Mais pour faire plaisir à ce père anarchiste qui « en a tellement bavé », elle choisit la voie de l'enseignement, avant d'y renoncer seulement sept ans plus tard. Elle sera comédienne manipulatrice, comme elle aime à se définir. Elle suit une formation dans la cité des Gaules auprès de Mireille Antoine et de Robert Bordenave, puis, en 1975, fonde le théâtre du Fust, avec Nathalie Roques à Montélimar. Une ville « où il y avait un appétit de culture des milieux associatifs et enseignants, des militants du PC ». Le Théâtre du Fust devient compagnie théâtrale soutenue par le ministère de la Culture dès 1981.

« La marionnette n'est pas pour les enfants. Quoique... » Pour Émilie Valantin, la marionnette permet de tout raconter, avec de réelles possibilités de second degré et d'ironie. Elle sert des textes exigeants adaptés de La Fontaine, Maeterlinck, Andersen, Calvino, Rostand... , remplit son « devoir d'impertinence ». Toujours avec une grande virtuosité technique, d'autant plus importante à souligner que les contraintes sont nombreuses dans cette forme de spectacle et que l'éventail des gestes est réduit.

Dès ses débuts, la compagnie fabrique elle-même ses propres marionnettes : de tailles différentes, allant de 40 cm à 1,20 m, moulées ou sculptées, en polystyrène, en résine, en papier journal ou même en glace (comme en 1996, dans l'adaptation du Cid réalisée pour le 50e anniversaire du festival d'Avignon)...

Depuis, les marionnettes d'Émilie Valantin sont entrées au répertoire de la Comédie française avec Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança, adapté du texte d'Antonio José da Silva. Une consécration ? En tout cas, la preuve que la marionnette peut faire jeu égal avec les autres arts du spectacle, qu'elle représente une véritable alternative pour le théâtre du XXIe siècle.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentateur
Un petit tour à Avignon avant de se séparer, ainsi font les marionnettes qui se donnent en spectacle dans un jardin à l’occasion du festival, les marionnettes d’Emilie Valantin que les amateurs connaissent bien puisqu’elle a promené ses poupées à tête de résine à travers toute la France avant de planter son castelet dans la cité des Papes. Reportage de Dominique Poncet et Marc Felix.
Emilie Valantin
Voilà son fils, quand on à une mère aussi belle, on n’est pas forcement un enfant épanoui, n’est-ce pas.
Journaliste
Elle s’appelle Emilie Valantin et elle se définit comme une comédienne manipulatrice. C’est à Lyon, la ville de Guignol où son père était ébéniste, que lui est née la passion de la marionnette. De la marionnette à gaine. Celle qui se laisse pénétrer par la main et qui dit-elle, à cause de son anatomie particulièrement difforme, est la plus insolente des marionnettes. Avec sa troupe du Fust basé à Montélimar, elle se produit pour la première fois en Avignon dans un jardin.
Emilie Valantin
C’est une marionnette porteuse de verbe, c’est une marionnette rapide, il n'y a qu’à glisser sa main dedans et puis l’énergie passe du cerveau du manipulateur à l’extrémité des mains. C’est assez difficile à manipuler parce que justement l’éventail de gestes est réduit; mais quand on a trouvé, on se régale. Je crois que l’énergie du texte passe à travers elle très bien.
Journaliste
Le spectacle s’intitule Castelets en Jardins . Il est composé d’une suite de saynètes dont les textes sont signés entre autres Heiner Müller et Jean de la Fontaine.
Jean Sclavis
Pour moi, c’est un peu comme un match de boxe quoi, c’est, on gante souvent les deux mains et il faut vraiment propulser l’énergie au bout des, au bout des poings, on a les bras levés, c’est très physique, c’est très, c’est très sportif.
Jacques Bourdat
On gagne chaque fois en efficacité, on gagne en rondeur. La rondeur en marionnette c’est très, très important, c’est de pouvoir coupler les mouvements pour arriver à l’expression de quelque chose de très, très précis et nous, dessous, derrière la bande dans Castelets en Jardins notamment, on est souvent surpris par ce qu’on fait nous, par ce que fait notre poupée.
Jean Sclavis
On est au service de la marionnette, du personnage, et c’est un travail d’humilité qui pour nombre de comédiens qui devrait être profitable.
Journaliste
Le bouche à oreille fonctionne vite à Avignon et comme le spectacle d'Emilie Valantin est un rendez-vous avec l’humour, l’intelligence et l’insolence, il affiche complet.