Charles Millon réélu à la présidence de la région Rhône-Alpes

20 mars 1998
02m 44s
Réf. 00296

Notice

Résumé :

Charles Millon a été réélu à la présidence de la région Rhône-Alpes. Cette réélection a déclenché un soulèvement dans l'assemblée régionale car c'est grâce aux voix de l'extrême droite qu'il a été réélu.

Date de diffusion :
20 mars 1998
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Éclairage

D'une famille de droite, Charles Millon, a fait ses études chez les maristes. Catholique pratiquant, il fréquente les cercles de la droite extrême et se déclare contre l'avortement et favorable à la peine de mort. Marié à Chantal Delsol, philosophe, éditorialiste à Valeurs actuelles et au Figaro, c'est un père de famille nombreuse. Membre de l'UDF, maire de Belley en 1977, député de l'Ain de 1977 à 1995, il a été ministre de la Défense dans les gouvernements Juppé de 1995 à 1997. Élu président de la région Rhône-Alpes en 1988, il le reste jusqu'en janvier 1999.

Introduit par la journaliste-présentatrice Isabelle Pham, le journal de FR3 du 20 mars 1998 relate, pour son troisième mandat, l'élection mouvementée de Charles Millon à la tête de la région Rhône-Alpes. Au premier tour, le nombre des voix de gauche et de droite était identique. Bruno Gollnisch annonce que les 35 voix du Front national se porteront au deuxième tour sur le président sortant (après une concertation avec Charles Millon - que ce dernier a ultérieurement niée).

Lors des élections régionales de 1998, l'UDF s'est divisée sur l'attitude à adopter sur la question des alliances avec le Front national de Jean-Marie Le Pen. Si Alain Madelin y est favorable, François Bayrou et François Léotard les avaient condamnées. Ne disposant pas de la majorité absolue pour diriger l'exécutif rhône-alpin, Charles Millon passe une alliance avec le FN, ce qui permet sa réélection malgré la défection de trois élus de droite (RPR et UDF) et l'indignation et les violentes critiques des élus de gauche. Cette alliance allant de l'UDF au FN remporte la présidence du conseil régional ainsi que l'ensemble des vice-présidences de commission. Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon, Charles Baur en Picardie, Charles Millon, tous élus avec les voix du FN sont alors exclus de l'UDF. Alain Madelin et la plupart des personnalités élues avec les voix de l'extrême droite, exclues de l'UDF par François Léotard président du mouvement, fondent un nouveau parti, Démocratie libérale ; Charles Millon, lui, crée son propre mouvement, éphémère, La Droite.

Le reportage montre le « séisme dans l'assemblée régionale » qualificatif attribué à l'élection de Charles Millon au second tour avec les voix du FN. La gauche quitte la salle en chantant la Marseillaise. Son leader, Jean-Jack Queyranne, déclare que la droite est « l'otage du FN ». Un recours ayant été formé par le conseiller écologiste Étienne Tête pour irrégularité dans le processus électoral de 1998 – à propos de l'échange verbal lors de l'élection entre Charles Millon et Bruno Gollnisch - conduit à l'invalidation du président de la région Rhône-Alpes à la fin de l'année 1998 et à l'élection d'Anne-Marie Comparini, assistante parlementaire de Raymond Barre, à la présidence de la région en janvier 1999 (contre une partie de la droite, mais avec le soutien des voix de gauche). Quelques années plus tard, Charles Millon est condamné par la cour administrative d'appel de Lyon pour avoir signé des délibérations qui lui avaient permis de bénéficier d'un appartement et d'un personnel de maison pendant dix ans, lorsqu'il présidait la Région Rhône-Alpes (1988-1998). En septembre 2003, Charles Millon est nommé par le gouvernement Raffarin représentant permanent à Rome auprès de la FAO.

En 2004, Anne-Marie Comparini sera battue par la gauche et Jean-Jack Queyranne deviendra alors président de la région Rhône-Alpes pour un premier mandat.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
Madame, Monsieur, bonsoir. C’est dans une ambiance tendue et houleuse que Charles Millon a été réélu Président de la région Rhône Alpes au second tour du scrutin. Une élection rendue possible grâce au report des voix du Front National et qui lui vaut une suspension de l'UDF. Cette désignation s’est faite dans la douleur et elle ouvre une polémique à la région, Franck Giroud, Patrice Didier.
Intervenant
Je déclare Monsieur Millon élu et je lui cède mon fauteuil.
Journaliste
L’annonce de la réélection de Charles Millon à la Présidence de Rhône Alpes a déclenché un véritable séisme dans l’Assemblée Régionale. Car une heure plus tôt, à l’issue du premier tour et d’une égalité de voix droite gauche, le Front National a précipité le mouvement.
Bruno Gollnisch
Je demande, je demande aux élus du Front National d’apporter leurs suffrages à Charles Millon. Je vous remercie.
Journaliste
Réaction immédiate du candidat de la gauche plurielle.
Jean-Jack Queyranne
Vous avez encore le temps de refuser cette proposition. Si elle n’est pas refusée, il est bien évident que nous en retirerons les conséquences sur le plan politique et dans la gestion de cette Assemblée.
Journaliste
Mais après une nouvelle suspension de séance, le verdict tombe, il ne manque aucune des 35 voix du Front National à Charles Millon. Seule une élue du RPR et 2 membres du Parti Radical ne prennent pas part aux votes.
Thierry Cornillet
Nous avons décidé à notre bureau national que nous ne participerons pas au tour de scrutin qui aboutira à l’élection d’un Président avec l’apport des voix du Front National. Nous sommes dans ce cas, j’applique la décision du bureau national du parti, je ne participerai pas à ce tour de scrutin.
Journaliste
Aussitôt les résultats proclamés, c’est le tollé. Les élus de la gauche plurielle quittent l’Assemblée.
(Bruit)
Jean-Jack Queyranne
La droite est ici l’otage du Front National, Monsieur Léotard a parlé de marionnettes, ce sont des marionnettes auxquelles nous assistons. On a dit aussi au niveau du Président de la République qu’il ne fallait pas transiger avec le Front National, l’enthousiasme qui s’est manifesté dans cette salle pour l’accord passé avec le Front National montre que la droite, quand elle est devant la défense de ses privilèges, de ses honneurs, de ses prébendes est prête à tout. Les électeurs de Rhône Alpes en tireront les enseignements.
Journaliste
Et pourtant dès son élection, Charles Millon se défend de tout accord avec le Front National.
Charles Millon
Il n’y a eut, en l’espèce - et je me permets de le souligner - ni tractation secrète, ni marchandage discret.
Journaliste
A la sortie, Bruno Gollnisch dément.
Bruno Gollnisch
Et je ne ferai pas mystère de ce que j’ai rencontré Monsieur Millon mercredi, bien sûr.
Journaliste
A la reprise de séance, l’après-midi, l’information est tombée sèchement. Charles Millon est suspendu de l’UDF par François Léotard.