L'Ecole de physique des Houches

28 mai 2005
02m 18s
Réf. 00306

Notice

Résumé :

En Haute-Savoie, aux pieds du Mont-Blanc, une école mondialement reconnue, a vue le jour en 1951. Créée par Cécile DeWitt-Morette , l'École de physique des Houches forme des physiciens, futurs savants et prix nobels.

Date de diffusion :
28 mai 2005
Source :

Éclairage

En 2005, le Journal des Alpes (émission régionale du JT du soir de la troisième chaîne) présente l'école des Houches et sa session d'été qui se déroule depuis plus d'un demi-siècle en Haute-Savoie dans la vallée de Chamonix, face au massif du mont Blanc. Il s'agit d'une école internationale de physique créée en juillet 1951 par Cécile DeWitt-Morette. Née en 1922, Cécile Morette, suit pendant la Seconde Guerre mondiale des études de sciences à la faculté de Caen. Sa famille est tuée dans le bombardement de la ville au moment du débarquement de juin 1944. Cécile Morette passe son doctorat d'État en physique en 1947. Seule et libre de toutes attaches, elle se rend en 1948 à Princeton aux États-Unis et y rencontre un physicien connu, Brice DeWitt. Devenue Cécile DeWitt-Morette, elle prend conscience de l'avance prise outre atlantique par l'intégration de la physique fondamentale à la technologie, à l'industrie et au domaine militaire. En Europe, et particulièrement en France, la physique moderne accuse un retard certain et nombre de bâtiments et d'équipements sont alors hors d'usage. Dans le contexte du développement de la Guerre froide à partir de 1947, l'intérêt de jeunes physiciens se porte sur les échanges avec l'étranger : ils sont soutenus par le CNRS, la direction de l'enseignement supérieur et le directeur du laboratoire de physique de l'École normale supérieure, Yves Rocard. Après la Reconstruction de l'après-guerre et le contexte difficile de l'enseignement traditionnel défendu par les professeurs de la Sorbonne, Cécile DeWitt-Morette imagine l'organisation d'un cours d'été qui réunirait (dans les conditions sommaires de séjour des chalets de haute montagne) professeurs et étudiants venus de divers pays européens pour échanger des connaissances et tisser des réseaux de relations scientifiques. En 1951, le premier cours consacré à la physique quantique a été dispensé par Léon Van Hove, devenu directeur du CERN à Genève de 1976 à 1980. Plusieurs physiciens très jeunes ont été invités à professer aux Houches, tel Walter Kohn, né en 1923, d'origine autrichienne (prix Nobel en 1988) venu donner ici un cours de physique du solide. Certains étudiants ayant suivi une ou plusieurs sessions sont ultérieurement devenus célèbres, tels Pierre-Gilles de Gennes élève en 1953, ou Georges Charpak (1924 - 2010) prix Nobel de physique en 1992 et inventeur de La Main à la pâte en 1996, pour réformer en profondeur l'enseignement des sciences dans le primaire et le secondaire ; ou encore Claude Cohen-Tannoudji, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de physique atomique et moléculaire (1973-2004) .

L'école des Houches a été rattachée à l'université Joseph Fourier de Grenoble. En 1977, la création du centre de physique a permis d'organiser des conférences plus courtes tout au long de l'année, mais toujours avec une volonté marquée de promouvoir des thèmes hors des sentiers balisés. L'enseignement est interdisciplinaire, à la frontière entre physique, sciences de la terre, mathématiques et biologie. En 1988, des cours plus généraux ont été destinés aux jeunes chercheurs en cours de thèse. Même pendant les sessions d'été, l'école ne reste pas fermée sur elle-même et des conférences sont données au village pour les habitants et les touristes.

On voit dans le reportage la fondatrice, Cécile DeWitt-Morette (avec une erreur sur son nom dans le banc-titre) qui, malgré la réputation devenue internationale de l'école des Houches, eut une carrière universitaire relativement lente malgré ses nombreuses publications. Elle ne devint que tardivement professeur titulaire à l'université d'Austin au Texas. Pourtant, grâce à son statut de franco-américaine, elle sut créer le lieu de rencontre qui permit à la physique européenne d'ouvrir des voies nouvelles et de rénover à la fin des années 1950, l'enseignement de la physique française.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentateur
De la science encore. Mais cette fois en Haute Savoie, aux Houches. Cette station est un véritable vivier scientifique. Et on ne le sait peut-être pas suffisamment, mais au pied du Mont Blanc, ce village héberge une école de physique internationalement réputée dont les élèves sont tous déjà universitaires, chercheurs ou - n’ayons pas peur des mots - savants. Ingrid Pernet-Duparc et Jean Pierre Limone.
Journaliste
Des savants perdus là-haut sur la montagne au lieu-dit Les Chavants. L’ambiance est studieuse. Les tableaux noirs cohabitent avec les écrans d’ordinateurs et cela fait des années que ça dure. On cherche ici, dans le secret ? Non, plutôt dans le calme et la sérénité de la montagne.
Benoît Langlais
Les Houches c’est un lieu un petit peu isolé, et c’est vraiment une espèce de retraite. C’est-à-dire qu’une fois qu’on est ici, on ne peut faire que ça. On n’a pas de distraction extérieure, on n’est pas tenté, à part aller marcher dans la montagne bien sûr. Mais on n’est pas tenté de sortir, on est vraiment tous ensemble.
Journaliste
Une retraite physique, où se sont côtoyées des générations de scientifiques de haut niveau. Un certain Pierre-Gilles De Gennes a été élève en 1953. Aujourd’hui, ce sont au total plus de 30 prix Nobel qui sont passés par ce haut lieu de la physique.
James Hiéblot
Il se crée une intimité qui faisait que les jeunes chercheurs n’étaient plus étrangers à leur milieu. Ils connaissaient d’autres étudiants de même qualité dans des universités étrangères et ils connaissaient les grands noms. Ils avaient vécu avec les grands noms de la physique.
Journaliste
Un grand nom justement et une audacieuse précurseur. C’est cette femme physicienne qui a eu l’idée de créer cette école en 1951 pour permettre à l’Europe de rattraper son retard en physique moderne.
Cécile (de) Witt-Morett
En fait on a été la première école d’été, parce que il n’y avait pas de campus universitaire. Enfin l’idée n’existait pas. Par ailleurs, où ? Maman dont j’avais ignoré les bons conseils, disaient qu’elle se trouvait plus intelligente à la montagne. Ben, je dis bon ! On va à la montagne. Mais quelle montagne ?
Journaliste
Le toit de l’Europe pour abriter les plus grands chercheurs, quoi de plus naturel pour faire naître les formules ? Magiques, peut-être.