Le centenaire de l'aluminium à Saint-Jean Pechiney

10 juillet 1986
01m 34s
Réf. 00383

Notice

Résumé :

L'usine d'aluminium de Saint-Jean de Maurienne va bénéficier d'un lourd investissement pour se moderniser. Il y a 100 ans naissait l'aluminium et l'un des inventeurs, Paul Héroult, implantait sa première usine à la Praz dans la même vallée.

Date de diffusion :
10 juillet 1986
Source :
FR3 (Collection: JT FR3 Alpes )

Éclairage

En 1886, les dépôts de brevet, la même année quoique de manière indépendante, par le français Paul Héroult et l'américain Charles Martin Hall, de la technique de la fabrication de l'aluminium par électrolyse, ouvrent la voie à l'industrialisation de la production d'un métal dont les usages allaient connaître un formidable essor. Le procédé nécessitant de grandes quantités d'électricité, à une époque où elle se transporte mal, les vallées alpines, dont la Maurienne, vont se couvrir de centrales hydroélectriques et d'usines installées à leur pied. Plusieurs usines y sont construites à partir de 1893, progressivement regroupées dans le groupe Péchiney, dont celle de St Jean de Maurienne, la plus importante, démarrée en 1906. La Maurienne devient la « vallée de l'aluminium » : les paysages, les emplois, les modes de vie sont profondément marqués par cette industrie qui connaît une très forte croissance après la seconde guerre mondiale. Des difficultés surgissent cependant qui modifient les relations entre l'industrie de l'aluminium et son territoire alpin. La formation d'un réseau national puis la nationalisation de l'électricité réduisent l'avantage énergétique de la vallée dont l'implantation excentrée par rapport aux zones de consommation devient un handicap. La pollution au fluor, présente et connue dès les premières années d'exploitation, augmente considérablement durant les années 1960, du fait de la croissance de la production et de choix techniques peu soucieux de ces impacts. La vallée de la Maurienne est alors dénoncée comme « vallée de la mort » en raison de l'importance des dégâts provoqués aux forêts (en 1975, sur 9000 hectares de forêts 4000 sont atteints, les 5000 autres menacés) et au bétail (au maxima de 1970, les propriétaires de plus d'un millier de bêtes sont indemnisées au titre de la fluorose). Péchiney développe alors des technologies moins polluantes et fait le choix, au milieu des années 1980, de moderniser son site historique de St Jean de Maurienne, ce qui permet de fêter dignement le centenaire de 1986. Les sites mauriennais plus anciens sont néanmoins fermés, tandis que l'entreprise investit sur un site plus conforme à la nouvelle donne industrielle, à Dunkerque, en bord de mer et à proximité d'une centrale nucléaire pour son alimentation en énergie. Conforté en 1986, le site de St Jean de Maurienne est à nouveau sur la sellette depuis les années 2000. Désormais propriété du groupe Rio Tinto Alcan, l'avenir du site est étroitement lié à la politique du groupe multinational mais aussi aux mutations en cours du secteur de l'électricité en France, le coût et la maîtrise de l'alimentation en électricité demeurant un critère essentiel de localisation des industries de l'aluminium.

Anne Dalmasso

Transcription

Journaliste
A l’arrière-plan, Saint-Jean-de-Maurienne, au premier plan l’usine d’aluminium qui s’étire sur 2 kilomètres entre la montagne et L’Arc. Dans cette usine, Pechiney réalise un énorme investissement : 1 milliard de francs pour moderniser l’entreprise, un pari sur l’avenir. Alors qu’il y a tout juste 100 ans, l’américain Hall et le français Héroult mettaient au point le procédé par électrolyse de production d’aluminium. Et c’est en 1893 que Héroult fondait la première usine de la Région sur l’Arc Alapra. Dans cette maison, il poursuivait ses recherches, un procédé aujourd’hui encore appliqué selon le même principe. Dans l’électrolyse, l’oxygène de l’Alumine se porte au pôle positif, l’aluminium réduit, se porte à la cathode au fond de la cuve. Inchangé dans son principe, ce procédé a été considérablement amélioré. En 1890, une cuve de 4 000 ampères consommait plus de 40 000 kilowattheures à la tonne. En 1980, une cuve de 180 000 Ampères consommait seulement 13 200 kilowatt-heures à la tonne. Un record mondial obtenu par le laboratoire de recherche de l’usine de Saint-Jean. L’usine ne se contente donc pas de produire de l’aluminium, sa vocation de vente de technologies est aussi importante. Pechiney a choisi, face à la concurrence, une stratégie de modernisation. On démolit les anciens bâtiments pour reconstruire sur place. En 87, Saint-Jean produira 120 000 tonnes d’aluminium par an mais d’autres usines ont été condamnées car qui dit modernisation dit restructuration.
(Bruit)