L'autoroute des Titans

16 décembre 1989
02m 17s
Réf. 00393

Notice

Résumé :

Les travaux de l'A40 sont terminés. Cette autoroute est un véritable défi face à la nature. Composée de sept viaducs et deux tunnels, cette route, comme en suspension, a été très coûteuse.

Date de diffusion :
16 décembre 1989
Source :
Lieux :

Éclairage

Le 20 décembre 1989, la section lac de Sylans-Châtillon-en-Michaille de l'autoroute A 40, située dans l'Ain, est mise en service. Ce tronçon, inauguré la veille des vacances de noël et des départs aux sports d'hiver, achève cette autoroute : il connecte ainsi Châtillon (à côté de Bellegarde), à l'est, avec, d'une part, Mâcon à l'ouest, où l'A 40 rejoint l'A6, et d'autre part avec Lyon plus au sud (puisqu'à Pont d'Ain est réalisée une connexion avec l'A42 qui mène à l'agglomération lyonnaise). Au-delà de Châtillon et Bellegarde l'A 40, qui prend alors le surnom d' « Autoroute Blanche », va jusqu'à Genève puis se prolonge jusqu'au Fayet. A l'approche de Chamonix, elle devient alors la RN 205 et débouche sur le tunnel du Mont Blanc, qui file vers l'Italie.

Si l' « Autoroute Blanche », gérée par la société Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB), est ouverte depuis 1982, la partie ouest de l'A 40 (de Châtillon-en-Michaille à Mâcon) a mis du temps avant d'être réalisée. Tout d'abord, la décision a été longue à prendre : devait-on d'abord favoriser la connexion à l'A6 (et donc en direction de Paris) ou celle vers Lyon (comme cela avait été dans un premier pressenti) ? L'arbitrage fut rendu en faveur du flux en direction de la capitale et du nord de la France. Ensuite, il fallut résoudre des problèmes relatifs au tracé, les habitants de Nantua refusant par exemple que l'aménagement passe dans leur vallée. Les travaux de la partie ouest purent commencer en 1982. Le premier tronçon de cette dernière, confié à la société Autoroutes Paris Rhin Rhône (APRR), a été inauguré en décembre 1986 par François Mitterrand. Faisant référence aux travaux effectués et à ceux en cours, c'est lui qui l'a alors surnommée « Autoroute des Titans». Sa construction a en effet demandé la mise en œuvre d'ouvrages d'art « titanesques » pour traverser à flanc de collines, sous terre ou de manière aérienne cette partie du Jura. Ainsi, sur la vingtaine de kilomètres séparant Nantua de Châtillon-en-Michaille, trois tunnels imposants (Chamoise, Châtillon-en-Michaille et Saint-Germain-de-Joux), des chaussées parfois décalées et neuf viaducs se succèdent. Le tunnel de Chamoise est, par exemple, d'une longueur de 3300 mètres et le viaduc de Nantua-Neyrolles de 1 860 mètres. Pour toutes ces raisons, on estimait que le coût des 13 kilomètres inaugurés en 1989 atteignait 1,8 milliards de francs, soit 140 millions de francs (22 millions d'euros environ) le kilomètre, c'est-à-dire six fois plus cher qu'une autoroute de plaine.

La mise en service totale de l'A 40 a été accueillie de manière très positive par la plupart des habitants de Nantua. La ville était auparavant traversée par la RN 84 qui concentrait la quasi-totalité des flux entre Genève et Lyon ce qui entrainait une saturation du trafic en son centre et de nombreuses nuisances dues, en partie, à l'important trafic de poids lourds. Or, grâce aux viaducs qui la surplombent, la ville est depuis connectée à l'A40 sans que celle-ci ne la traverse. Pendant la période de fermeture du tunnel du Mont Blanc (1999-2002), le trafic de l'A40 a connu une chute importante, surtout dans sa partie est. Toutefois, ce trafic a retrouvé une certaine densité depuis. Ainsi il dépassait 20 000 véhicules par jour en moyenne en 2005.

Nicolas Rocher

Transcription

Journaliste
Le dernier tranchant de l’autoroute A40, Sylans/Châtillon. 13 kilomètres d’un savoir faire français impressionnant. Les hommes et les machines ont réussi à vaincre la montagne en construisant 7 viaducs, et 2 tunnels. Six ans de travaux, 140 millions de francs par kilomètre, soit 6 fois le prix d’une autoroute de plaine. Des chiffres qui traduisent en fait, la complexité des ouvrages d’art.
Intervenant 1
Ce sont des travaux qui sortent effectivement de l’ordinaire et qui ont mis en valeur la technicité des entreprises françaises en particulier, ce qui a motivé beaucoup d’articles dans les revues spécialisés et qui a attiré des visiteurs, je dirais de tous les pays industrialisés ou non.
Intervenant 2
Quand même ici on est sorti des sentiers battus, si je puis dire, vous l’avez vu, la densité anormalement élevée, l’ouvrage d'art exceptionnel que sont les viaducs et une [inaudible] ou les murs qu’on trouve entre ces ouvrages d’art et quand même...correspond à quelque chose d’inhabituel.
Journaliste
Au delà des prouesses techniques, les entreprises qui ont réalisé ce tronçon ont veillé à ce que cette grande voie de communication s’insert bien dans le paysage. Des caméras assurent 24/24H une surveillance permanente des viaducs et des tunnels dont la construction se résume en quelques chiffres époustouflants.
Intervenant 2
Cette montagne on s’y est intéressé bien évidemment puisqu'on avait creusé pas moins de 2 kilomètres de tunnel entre Sylans et Châtillon. C’est également 300 000 mètres cubes de matériaux extra explosifs qui ont nécessité 520 tonnes de dynamites, 40 kilomètres de barres d’ancrage pour conforter le rocher. Vous pensez bien qu’on peut pas s’engager dans des conditions aussi difficiles sans avoir un minimum de connaissance de cette montagne.
Journaliste
Avec le tunnel et le viaduc de Châtillon s’achèvent ses 13 kilomètres de référence internationale, les autoroutes A40 à partir de Macon et A42 à partir de Lyon vont permettre ainsi une liaison rapide vers les grandes stations des Alpes du nord Genève et l’Italie par le tunnel du Mont Blanc. Prévision de trafic, 11 000 véhicules/jour en moyenne, avec des pointes quotidiennes de 5 000 poids lourds.