Inauguration de la télévision régionale

A l'occasion des trente ans de la télévision régionale, la station de FR3 Lyon organise une émission où se mêle souvenirs et variétés. Des techniciens, des réalisateurs de télévision, des speakerines participent à l'émission et apportent leur témoignage. Dès le début de l'émission sont projetées les images qui constituent l'essentiel de ce document, celles qui ont été tournées le lundi 8 novembre 1954 et dont l'invité d'honneur est le maire de Lyon, Édouard Herriot, alors âgé de 82 ans. Un ministre du gouvernement de Pierre Mendès France, Henri Ulver, est présent. Proche du radical-socialisme, on sent chez lui une déférence certaine pour ce monument de la vie politique qu'est le maire de Lyon et le Président du parti radical-socialiste.

Le document présenté a été monté et l'intervention du ministre du Commerce et de l'Industrie a été coupée. Le plan de coupe s'opère grâce au plan sur la caméra 1, juste avant l'entrée de Miss France qui offre un bouquet au maire de Lyon. Dans son intervention le ministre explique qu'il est toujours heureux d'inaugurer une nouvelle station de télévision régionale et rappelle qu'il a inauguré, au mois de septembre, la station de Marseille et conclut sur les missions qu'il assigne à la télévision (instruire, éduquer et distraire). Cet entretien le lundi 8 novembre 1954, est le début officiel de Télé-Lyon qui diffuse certaines émissions locales avant le programme national de la RTF. L'émetteur est, alors, installé sur la tour métallique de Fourvière.

Dans la présentation que fait le journaliste Max Nicolas, on sent un certain manque d'habitude du nouveau média. On voit aussi que l'arrivée de Miss France n'a pas été parfaitement réglée. Sa longue question à Édouard Herriot – c'est également lui qui couvrira la cérémonie organisée l'année suivante pour fêter le 50e anniversaire de son élection comme maire de Lyon – évoque Henri de France, un ingénieur qui a fondé en 1931, au Havre, la Compagnie générale de télévision. Les travaux de Henri de France se sont poursuivis à Lyon en 1942 et ils ont abouti à l'adoption du standard en 819 lignes, en novembre 1948. Cette adoption a été décidée par Wladimir Porché, le directeur général de la Radiodiffusion-télévision française que remercie Edouard Herriot dans son intervention. L'adoption du standard 819 lignes a été prise avec l'aval du ministre d'État à l'Information, François Mitterrand. Elle est importante car les autres pays ont adopté le standard en 625 lignes que la France n'adoptera pour la seconde chaîne (expérimentale à Paris) qu'à partir du début des années 1960. L'adoption du 819 lignes va protéger le marché français des téléviseurs étrangers qui n'ont pas les mêmes normes techniques.

En 1954, on compterait environ 10 000 téléviseurs dans la région lyonnaise et 1500 à Lyon. Le studio qui est présenté comme celui de la télévision de Lyon est installé à Villeurbanne, dans le Palais du Travail, au cœur des Gratte-Ciel construits au milieu des années 1930. La télévision régionale est lancée, si l'on en croit les témoignages diffusés lors du 30e anniversaire, avec seulement sept techniciens. Leur nombre va rapidement augmenter puisqu'ils sont près de 150 au début des années 1970, une fois que les installations techniques ont déménagé, en 1968, dans les locaux construits dans le nouveau quartier de la Part-Dieu.