La grève des étudiants

06 mai 1968
39s
Réf. 00233

Notice

Résumé :

Des grèves ont lieu dans les universités de Lyon où des assemblées se tiennent. Au même moment une assemblée générale des universités francophones se réunit avec les recteurs de Lyon et de Rabat.

Date de diffusion :
06 mai 1968
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Éclairage

La grève sur le nouveau campus lyonnais de la Doua démarre le lundi 6 mai en réaction aux événements parisiens du 3 mai.

Ce jour-là, l'ordre du recteur de Paris de faire évacuer la Sorbonne par la police conduit à l'arrestation de plusieurs centaines d'étudiants qui y tenaient meeting provoquant la réaction d'étudiants présents au Quartier latin. Lancers de pavés, barricades, voitures renversées, toutes les figures des manifestations futures sont déjà présentes. Le Recteur ferme la Sorbonne. Les audiences judiciaires tenues le samedi 4 et le dimanche 5 mai prononcent quatre condamnations à deux mois de prison ferme, dont celle du responsable du centre des étudiants catholiques de la Sorbonne, arrêté alors qu'il allait chercher des livres de chant pour le pèlerinage de Chartres. L'arbitraire de cette arrestation et des sanctions pénales surprend et contribue à la mobilisation d'étudiants chrétiens de la faculté de droit et de l'institut de sciences politiques, d'ordinaire peu militants. Le 5 mai, le syndicat des enseignants du supérieur le (SNESup), par la voix de son secrétaire général, Alain Geismar, appelle les enseignants à la grève et demande aux autres centrales syndicales de soutenir son organisation. Au nom de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), Jacques Sauvageot propose une manifestation le lundi 6 avec un triple mot d'ordre qui ne variera pas pendant 10 jours : libération des étudiants emprisonnés, réouverture de la Sorbonne, retrait des forces de police du Quartier latin.

Dès le 6 mai, Lyon est une des premières villes de province à réagir aux événements parisiens sur le campus de la Doua (facultés et grandes écoles scientifiques) par des suspensions de cours et des débats qui portent sur le soutien aux étudiants parisiens et sur le rôle des étudiants dans la société, « futurs cadres dociles d'un système fondé sur l'exploitation ». La principale force étudiante est l'Association générale des étudiants de Lyon (AGEL), instance locale de l'UNEF, alors dominée par les ESU, branche étudiante du PSU. Le syndicat étudiant privilégie la recherche d'alliances avec les principaux syndicats et partis de gauche. La télévision était là : elle montre des étudiants sages, cravatés, et également la réunion des recteurs des universités francophones, ce qui a pour effet d'occulter la nouvelle de la grève étudiante puisque tout paraît calme à la Doua, ce que confirme la présence rassurante du recteur de l'académie de Lyon.

Le lendemain 7 mai, aura lieu la première manifestation étudiante lyonnaise, qui s'étire du campus de la Doua en passant par les facultés de droit et de lettres quai Claude Bernard, jusqu'à la place des Terreaux (place centrale lyonnaise avec l'Hôtel de ville) où elle se disperse sous la pluie. À la différence des événements parisiens, le cortège s'est déroulé dans le calme. Sur le campus de La Doua, l'école d'ingénieurs de l'INSA est occupée ce jour-là.

Michelle Zancarini

Transcription

Journaliste
Chez les étudiants, à l’inverse de leurs collègues parisiens, aucun incident aujourd’hui à signaler à Lyon. La journée a été calme comme les montrent ces images prises aux abords des Facultés, mais dans les amphis, l’on a discuté des récents évènements. L’UNEF et l’AGEL préparent pour demain une grève générale des cours en liaison avec le Syndicat national de l’enseignement supérieur. Dans le même temps, s’ouvrait à la Bibliothèque de la Doua l’Assemblée Générale des Universités Francophones, qui se poursuivra jusqu’au 12 mai en présence de Messieurs Louis et El Fassi, respectivement recteurs des universités de Lyon et Rabat.