Le musée gallo-romain de Fourvière

15 novembre 1975
01m 32s
Réf. 00255

Notice

Résumé :

Le musée de Fourvière ouvre ses portes. Pour la première fois, les vestiges de la civilisation gallo-romaine de Lyon sont rassemblés. L'architecte a tenté de rendre la structure extérieure invisible tandis que l'espace intérieur est un cheminement.

Date de diffusion :
15 novembre 1975
Source :
Lieux :

Éclairage

Le musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon est situé sur la colline de Fourvière à l'emplacement de la cité antique de Lugdunum, près du théâtre et de l'odéon de l'époque romaine. L'idée de construire un grand musée archéologique naquit en 1957 avec le transfert d'une part importante des collections conservées jusqu'alors au Palais Saint-Pierre place des Terreaux. Le maire de Lyon, Louis Pradel, avait été convaincu par le conservateur des collections gallo-romaines Amable Audin. Inauguré le 15 novembre 1975, le musée gallo-romain est un musée de site : il a été volontairement enfoui sous la colline pour respecter les lieux. Véritable réussite de l'architecture contemporaine, œuvre de l'architecte Bernard ZEHRFUSS, le musée présente ses collections le long d'une large rampe en béton brut qui descend en spirale, rythmée par des paliers destinés à l'exposition des divers objets présentés au musée. Bernard Zehrfuss (1911-1996) a été premier grand prix de Rome en 1939 pour un projet de Palais de l'empire colonial français et a construit la même année le stade Charléty à Paris. On peut citer entre autres dans ses réalisations ultérieures l'usine Renault de Flins et la cité ouvrière proche, le palais de l'Unesco à Paris et le CNIT à la Défense, la cité du Haut du Lièvre à Nancy.

Nommé en Tunisie, l'architecte avait été conquis par le pays marqué par deux grandes civilisations, romaine et musulmane. Il avait été impressionné par l'importance exceptionnelle de l'effort d'urbanisme des Romains. C'est sans doute cet intérêt pour l'archéologie antique qui lui fait accepter en 1967 le projet de construction du musée. Commencée en 1970, elle s'acheva en 1975 et nécessita plusieurs mois de mise en place des collections avec une muséographie audacieuse pour l'époque. La présentation des collections est regroupée par thèmes, de la préhistoire régionale au VIIe siècle après J.-C.

Les collections du musée proviennent essentiellement de découvertes locales et régionales. L'épigraphie (lecture des inscriptions gravées dans la pierre), les statues, les objets de la vie quotidienne (céramiques, verres, bijoux), les mosaïques et les sarcophages sont remarquables. Les collections présentent les divers aspects de la vie gallo-romaine de la capitale des Gaules. Une première salle est réservée à la préhistoire et à la protohistoire des Celtes dans la région lyonnaise. Cette présentation audacieuse correspondait au renouvellement de l'historiographie sur la période et permettait de déconstruire des idées reçues sur les peuples gaulois en faisant connaître la civilisation celte et le processus de romanisation, plus progressif qu'on ne le pensait à l'époque.

Les premières découvertes archéologiques lyonnaises datent du XVIe siècle avec l'exhumation en 1528 de deux fragments de la table claudienne (le nom d'une rue dans le quartier de la Croix Rousse rappelle cette découverte). Cette inscription sur bronze relate un discours, en 48 après J.-C., de l'Empereur Claude devant le Sénat romain pour demander que les chefs des peuples gaulois puissent accéder aux magistratures romaines. Après l'adoption de cette mesure, les Gaulois décidèrent de graver le discours impérial pour le faire connaître. La mosaïque des jeux du cirque retrouvée dans la presqu'île en 1806 est l'une des rares représentations d'un cirque antique. Pour les distractions des habitants un cirque aux gradins et tribunes de bois s'ajoutait en effet au théâtre, à l'odéon et à l'amphithéâtre. Datée de la 1ère moitié du IIe siècle après J.C., la mosaïque des jeux du cirque est une des pièces les plus remarquables du musée.

Le site est classé au Patrimoine Mondial par l'UNESCO ; en été, les spectacles du festival des Nuits de Fourvière, point fort de la vie culturelle lyonnaise, font converger vers le lieu des milliers de spectateurs. Municipal à l'origine, le musée de la civilisation gallo-romaine est depuis 1991 géré par le Département du Rhône.

Michelle Zancarini

Transcription

Journaliste
Une véritable cathédrale de béton enfouie dans la colline de Fourvière près du théâtre antique de Lyon. C’est dans ce musée étonnant que se trouvent désormais rassemblés tous les vestiges jusqu’à ce jour dispersés de la civilisation gallo-romaine de Lyon. Du buste de Plancus au fragment de pierre tombale marqué du signe du christianisme, annonciateur de la fin de l’ordre romain, en passant par des bijoux, des ustensiles, des céramiques, des bronzes, on progresse dans ce musée vivant dont la conception audacieuse est due au talent de l’architecte Bernard Zehrfuss, inspecteur général des bâtiments civils et des palais nationaux.
Bernard Zehrfuss
J’ai imaginé de faire avec l’accord des archéologues, de faire des salles qui successivement descendent le long d’une rampe. On descend et il y a une progression qui suivant un programme préétabli, depuis l’entrée ici, à ce niveau-là, jusqu’au niveau du site archéologique en visitant toutes les salles successivement avec de temps en temps, des trous dans cette colline, que le Corbusier appelait des canons de lumières, des trous vers le site archéologique de façon à ne pas avoir l’impression d’être dans une caverne.
Intervenant 1
Pour la première fois ou du moins une des premières fois, un musée a été conçu vraiment pour les collections qui sont à l’intérieur. Nous avons essayé d’animer les collections épigraphiques qui étaient très riches par des objets qui illustrent chaque inscription. Vous retrouverez beaucoup d’objets vivants de la vie courante, de la religion, des objets de culte, des objets du quotidien, des mosaïques, des peintures. C’est donc toute la vie gallo-romaine qui est reconstituée dans ce musée.