Lyon : un pôle d'organismes policiers

08 novembre 1991
01m 20s
Réf. 00283

Notice

Résumé :

Avec la décentralisation, Lyon devient un pôle de concentration des organismes policiers. L'Institut des hautes études de sécurité intérieure s'y installe et Interpol va créer une formation pour les policiers "des pays en voie de développement".

Date de diffusion :
08 novembre 1991
Source :

Éclairage

Le reportage de FR3 a été réalisé à l'occasion de la délocalisation à Lyon de L'Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieure dont la première promotion – mixte – est présentée ici. La délocalisation institutionnelle déplace une activité de l'État exercée jusque-là à Paris pour l'installer en banlieue ou dans les régions. En 1991, le gouvernement a décidé de délocaliser une vingtaine d'organismes publics, décision très discutée, en particulier pour l'École nationale d'administration (ENA) envoyée à Strasbourg. La délocalisation répond au désir de l'État d'éviter la concentration des activités publiques et administratives à Paris et d'équilibrer le développement et l'équipement de toutes les parties du territoire. Les organismes délocalisés restent sous le contrôle de l'État. L'inscription de l'Institut des Hautes Études de Sécurité intérieure (IHESI) dans le paysage lyonnais ne sera en fait qu'éphémère (jusqu'en 2004). Pourtant l'IHESI n'est pas envoyé dans une province reculée, mais dans une agglomération spécialisée de longue date et déjà bien pourvue en institutions policières nationales et internationales.

Le Professeur de la faculté de médecine Edmond Locard, disciple d'Alexandre Lacassagne, ouvre le premier laboratoire de police scientifique à Lyon en 1910. Son principe : « nul individu ne peut séjourner en un point sans y laisser la marque de son passage, surtout lorsqu'il a dû agir avec l'intensité que suppose l'action criminelle ». Il s'agit alors de retrouver et d'analyser ses traces. D'autres laboratoires de police scientifique ouvrent progressivement leurs portes. La Police technique et scientifique française a été réorganisée en 2004 avec l'Institut national de police scientifique (INPS) dont le siège est délocalisé à Écully en banlieue lyonnaise. Au sein de cet organisme se trouvent différents laboratoires de police scientifique. L'INPS est chargé de procéder à tous les examens et analyses qui lui sont demandés par les autorités judiciaires et les services de police ou de gendarmerie. Il s'est récemment spécialisé dans les analyses d'ADN qui jouent le même rôle que l'examen des empreintes digitales du début du XXe siècle : la preuve scientifique absolue. L'INPS assure aussi un rôle de formation des policiers français et étrangers et participe aux réseaux des laboratoires européens.

Créée en 1941 par l'État français de Vichy pour former les cadres supérieurs de la police, l'Ecole Nationale Supérieure de la Police installée à Saint-Cyr au Mont d'Or près de Lyon, a acquis en 1988 le statut d'établissement public national à caractère administratif, et compte parmi les grandes écoles de l'administration française. Elle forme aujourd'hui, outre les cadres français de la police nationale, des commissaires de police de toute l'Europe.

Couramment appelée Interpol, l'organisation International Police, installée à Lyon en 1989, est une organisation internationale créée en 1923 dans le but de promouvoir la coopération internationale en matière de police. Le nom complet est Organisation internationale de police criminelle (OIPC). En 1972, son quartier général est installé en France à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) puis, en 1989, à Lyon dans le nouveau quartier de la Cité internationale sur les berges du Rhône au nord de la ville. Le rôle international de Lyon en matière policière s'est ainsi affirmé.

Présentée en novembre 1991 dans le reportage de Fr3, la délocalisation lyonnaise de l'Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure (IHESI) créé en 1989, fut de courte durée. La mixité de la promotion frappe les esprits. Il confirme ainsi l'entrée des femmes dans la fonction policière à tous les niveaux. L'IHESI est devenu l'Institut des Hautes Études de Sécurité (INHES) le 2 septembre 2004 et installé à la Plaine-Saint-Denis. Cinq ans plus tard, l'Institut national des hautes études de sécurité et l'Institut d'études et de recherche sur la sécurité des entreprises sont réunis sous le vocable INHESJ (l'Institut national des hautes études de sécurité et de justice) ; l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales est également installé, au sein de ce nouvel institut, dans les locaux de l'École militaire à Paris.

Malgré cette délocalisation manquée, le rôle policier de Lyon s'est confirmé en particulier dans le registre de la police scientifique.

Michelle Zancarini

Transcription

Henri Fuoc
Mais revenons sur les récentes délocalisations décidées. Lyon a ainsi hérité de l’IHESI, l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure. Cet institut qui ne promet pas d’importantes retombées fiscales ni ne créations massives d’emplois pour la ville, confirme cependant Lyon comme un pôle de concentration d’organismes policiers.
Journaliste
L’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure sera transféré à Lyon avant fin 1993. La délocalisation en Province de certains services publics, décidée par le Gouvernement, va bouleverser le paysage administratif français et conforter Lyon par exemple, dans ses missions nationales auprès du Ministère de l’Intérieur. Après l’Ecole Supérieure des Commissaires de Police, implantée à Saint-Cyr au Mont d’Or, après le Laboratoire de Police Scientifique, l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure sera donc appelé à former des magistrats, des officiers, des responsables de haut niveau d’horizons divers, dans les domaines économiques, scientifiques. Cette superstructure de recherche et de formation sera donc opérationnelle dans deux ans. Cela bouge également du côté d’Interpol. Son Assemblée Générale vient de décider la création d’un centre de formation technique et scientifique à Lyon. Son ouverture est prévue d’ici deux à trois ans. Ce centre aura pour mission notamment de former des policiers des pays en voie de développement.