Le premier barrage du Rhône

29 janvier 1948
01m 03s
Réf. 00311

Notice

Résumé :

La construction du premier barrage sur le Rhône, le barrage de Génissiat, fait partie du programme hydroélectrique de la France. Monsieur Robert Lacoste, ministre de la Production Industrielle est venu l'inaugurer.

Type de média :
Date de diffusion :
29 janvier 1948
Personnalité(s) :

Éclairage

L'inauguration du barrage de Génissiat, en janvier 1948, par le ministre de l'Industrie Robert Lacoste, marque une étape importante et fortement médiatisée de l'effort collectif de reconstruction du pays dans l'immédiat après guerre. Le choix est donc fait d'un vaste programme d'équipement hydroélectrique qui doit permettre à la France de se dégager de sa dépendance charbonnière, ressource rare et largement importée. L'hydroélectricité est alors fortement valorisée comme énergie nationale et fait l'objet d'investissements considérables, notamment par le biais de l'aide du plan Marshall. Conduits par EDF (ici pour le compte de la Compagnie Nationale du Rhône), les grands chantiers hydroélectriques sont aussi au cœur de la politique de toute jeune entreprise nationale créée par la nationalisation de 1946.

Célébré comme le plus grand barrage d'Europe, Génissiat illustre donc pour les contemporains la capacité de la France à renaître de ses cendres. Les travaux ont débuté en 1937 sous l'égide de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Cette société a été créée en 1933 sous l'impulsion du sénateur de l'Isère Léon Perrier et d'Édouard Herriot, maire de Lyon et plusieurs fois Président du Conseil sous la Troisième République. La CNR est une société d'économie mixte qui regroupe à l'origine les collectivités territoriales riveraines du Rhône (communes et conseil généraux de la Haute-Savoie à l'Hérault, ainsi que le département de la Seine comme client) et des industriels pour mettre en œuvre un programme global d'aménagement du fleuve. Incluse initialement dans le périmètre de la nationalisation, la CNR est finalement « sauvée » par une vibrante intervention à la Chambre d'Édouard Herriot, maire de Lyon et grand défenseur de la Compagnie. Les travaux du chantier de Génissiat sont interrompus en 1940 puis se poursuivent au ralentit durant l'occupation. Leur rapide reprise à la Libération se déroule dans des conditions matérielles très difficiles. Les équipes du chantier sont néanmoins portées par l'urgence de répondre aux besoins du pays (les coupures de courants se prolongent jusqu'en 1950) et par la volonté de surmonter les humiliations de la défaite, ce que souligne ici le commentaire en voix off. Génissiat, réelle performance technique avec ses 104 mètres de hauteur, construit dans un site contraignant ayant entre autre imposé de détourner le cours du Rhône pour réaliser les travaux, est par ailleurs la tête de pont d'un vaste programme d'aménagement du fleuve qui s'est poursuivi jusqu'aux années 1960.

Anne Dalmasso

Transcription

(Musique)
Journaliste
En construisant sur le Rhône le barrage de Génissiat, comme en poursuivant le vaste programme d’équipement hydroélectrique qu’elle s’est tracée, la France a pris des assurances sur l’avenir.
(Musique)
Journaliste
En inaugurant ce grandiose ouvrage et en félicitant ses constructeurs ; Monsieur Lacoste, Ministre de la production industrielle ; a marqué l’importance nationale du gigantesque monument dont les conduites forcées ont la taille d’une maison. Le Rhône, maintenant contenu derrière l’énorme digue, épaisse de 100 m à la base ; va former un lac long de 23 km qui couvrira les usines désaffectées de Bellegarde ; et animera par 5 turbines, 5 alternateurs capable de fournir 1 600 000 000 de kilowattheures, c’est-à-dire, plus du dixième de la production hydroélectrique française. En opérant la mise en eau du plus formidable barrage de l’Europe Occidentale ; Monsieur Lacoste a pu dire "Dans Génissiat, nous voyons un signe indiscutable de la renaissance de la France".