Mort de Louis Pradel
Notice
Louis Pradel est mort cette nuit. Maire pendant 19 ans de Lyon, cet homme était extrêmement populaire. Il aura fait de nombreuses actions pour cette ville et lancé de grands chantiers de construction.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Le maire de Lyon, Louis Pradel, meurt le 27 novembre 1976. Sa disparition donne lieu à de nombreux hommages. Ainsi Raymond Barre, alors Premier ministre, déclare-t-il, dans l'éloge funèbre qu'il prononce à la cathédrale Saint Jean : « rarement une ville et un homme se sont autant appartenus ». Le ton de ce reportage va globalement dans le même sens. Celui-ci est en effet construit autour de deux parties : Louis Pradel était avant tout le maire de Lyon et il était un maire bâtisseur ayant des ambitions de modernité pour sa ville.
Il est vrai que Louis Pradel fait partie de ces quelques figures de maires de grandes villes qui se sont quasi exclusivement consacrés à la gestion de leur municipalité. Ce Lyonnais (il est né en 1906, cours Lafayette), enfant de cafetiers, entre aux Jeunesses radicales socialistes en 1924 par admiration pour Édouard Herriot. Il se fait progressivement remarquer par ce dernier, au service duquel il met son énergie lors des campagnes électorales. Résistant pendant la Deuxième Guerre mondiale (il est un des fondateurs du mouvement Le Coq enchaîné) ; il est nommé conseiller municipal à la Libération et sera plusieurs fois réélu. En 1953, il devient deuxième adjoint d'Édouard Herriot, en charge des Beaux-Arts et des sports. Il fait alors partie des proches et fidèles du premier magistrat de la ville, mais n'est pas, pour autant, une des principales figures du parti radical lyonnais. D'ailleurs, l'élection de Louis Pradel à la mairie, le 14 avril 1957, à la suite du décès d'Herriot, fait l'effet d'une surprise : il la doit au retrait du chef des radicaux Auguste Pinton en sa faveur (persuadé que Pradel ne peut lui faire beaucoup d'ombre) et au ralliement inattendu des communistes. Il est pourtant confirmé à ce poste par les électeurs en 1959, puis en 1965 et 1971 avant de mourir en fonction. Ceci fait de lui le maire ayant, au XXe siècle, connu la plus grande longévité à la tête de la ville après l'ancien chef du parti radical. Son refus de briguer un mandat de député ou de sénateur et sa volonté de se consacrer à la gestion des affaires lyonnaises ne doivent cependant pas amener à la conclusion qu'il ne « faisait pas de politique » : il lui a fallu au contraire faire preuve d'habileté pour transformer l'élection « par défaut » de 1957 en victoire deux ans plus tard : tout en se présentant comme « apolitique » (il se définissait comme un pragmatique et non comme un théoricien des idées politiques) il a su dans un premier temps capter l'héritage du parti radical. Par la suite, il a évolué vers une politique de « centre droit » comme le confirment ses alliances avec socialistes, gaullistes (un temps) et républicains indépendants (il soutient d'ailleurs Valéry Giscard d'Estaing en 1974). En 1965, sous le sigle PRADEL (« Pour la Réalisation Active Des Espérances Lyonnaises »), il parvient à fédérer toutes les forces politiques lyonnaises (à l'exception des communistes et des gaullistes) et à obtenir plus de 70% des voix. Mais ses succès s'expliquent avant tout par le fait qu'il a su convaincre les Lyonnais de lui faire confiance. On doit noter à cet égard que son image de maire simple, « chauvin » dans l'affirmation de son identité lyonnaise, proche des gens (on le surnommait « zizi »), davantage centré sur le devenir de sa ville que sur une carrière nationale, est une des causes probables de sa réussite. Tout comme l'est également le soutien presque sans faille que lui a manifesté le journal Le Progrès tout au long de sa magistrature.
Louis Pradel aimait se définir comme un maire bâtisseur. Certains le surnommaient même « monsieur béton ». Le contexte d'expansion économique des années 1960 associé à la politique volontariste de l'Etat en matière d'aménagement du territoire (création de la DATAR et lancement de la politique des métropoles d'équilibre en 1963, création d'une organisation d'études de l'aire métropolitaine (ORÉAM) en 1966...), ainsi que le retard de Lyon en matière d'aménagements et la bonne situation financière dans laquelle son prédécesseur avait laissé la Ville sont autant de facteurs permettant de comprendre l'importance des chantiers municipaux : réalisation du quartier de la Part-Dieu (centre commercial, bibliothèque, auditorium, hôtel de la Communauté Urbaine de Lyon...), du quartier de La Duchère, du métro, de la nouvelle halle, du Centre international du cancer, du palais des Congrès, du musée gallo-romain de Fourvière, du Théâtre du Huitième, de lycées et collèges, de logements etc. Il a été cependant très décrié pour certains de ses choix, notamment pour sa volonté de faire entrer l'automobile dans la ville. En effet, c'est à lui que les Lyonnais doivent le passage et la connexion des autoroutes A6 et A7 dans le centre ainsi que le percement du tunnel sous Fourvière (initialement prévu avec un tube de plus pour éviter la saturation du trafic) et la construction du centre d'échanges de Perrache. Il s'agit certainement de son œuvre la plus critiquée : cube de béton à l'esthétique décriée, superposant, devant la gare, quais de métro, autoroute urbaine, gare routière, parc de stationnement et commerces.