Les risques en montagne

17 août 1993
02m 14s
Réf. 00336

Notice

Résumé :

Les randonneurs sont souvent imprudents et les accidents ne sont pas rares. Les risques encourus peuvent être fatals, chaque année il y a des morts dans la montagne. L'encadrement par un guide et les précautions de base, sont indispensables.

Date de diffusion :
17 août 1993
Source :
Antenne 2 (Collection: JA2 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

A l'approche de la rentrée, le 27 août 1993, Antenne 2 propose dans son journal télévisé de 20 heures un reportage de Nicolas Winckler et Alexie Marant relatif aux accidents qui émaillent les excursions en montagne des amateurs de grands espaces qui s'élancent vers les cimes sans les équipements requis ni la connaissance minimum du milieu.

Le film se veut édifiant. Au rappel des statistiques sur le nombre de décès et d'accidents s'ajoutent les images d'hélicoptère d'Eric Wauquelin qui montrent les randonneurs dans des espaces grandioses mais qui, à coups de zooms arrière, relativisent surtout la place de l'homme dans la montagne. Le film prend le spectateur comme témoin. Un père se promène sur la Mer de Glace, au-dessus de Chamonix, à quelques centimètres d'un gouffre mortel en tenant son fils par la main. Aucun ne porte de chaussures à crampon. Le chien de la famille est lui aussi de la partie.

L'imprudence des randonneurs apparaît renforcée par le contraste des images d'un groupe d'adolescents réalisant le tour du Mont Blanc sous la surveillance attentive de Beatrice Winster, accompagnatrice de la compagnie des guides de Chamonix. L'opposition claire entre le bon et le mauvais exemple confère à l'évidence : l'appel de la montagne a un prix.

Au-delà du projet éducatif, le reportage d'Antenne 2 témoigne aussi d'une double évolution. D'une part, il reflète une accélération de la demande pour le plein-air, dont la randonnée de montagne profite au même titre que de nombreuses autres activités. Si les pratiquants appartiennent plutôt aux catégories supérieures et aux professions intermédiaires, la poussée écologique et la quête de nature des années 1990 touchent des populations diverses, de toute génération et de tout milieu social. Dès lors, bien que la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade peine à dépasser les 100 000 licenciés, ce sont plus de 10 millions de Français qui ont déclaré pratiquer au moins occasionnellement la randonnée pédestre et 5,7 millions la randonnée de montagne en 2003. D'autre part, le reportage confirme la mutation de l'accès aux métiers de la montagne qui s'opère depuis les années 1980. Que la Compagnie des guides de Chamonix, cette société de professionnels de la montagne créée en 1821 et longtemps jalouse de ses rites et traditions locales, soit évoquée à travers l'interview d'une femme, dans sa tenue colorée et fun, témoigne bien de l'arrivée d'une nouvelle génération, plus féminine - le métier de guide de haute montagne n'est ouvert aux femmes qu'à partir de 1983 – maitrisant de nouveaux codes culturels et vestimentaires et dont les trajectoires biographiques sont désormais souvent plus urbaines que montagnardes.

Thierry Terret

Transcription

Présentateur
Les vacances, au moment où le beau temps revient partout. On commence déjà à parler de la rentrée. A l’époque des bilans, une constatation : il a encore eu beaucoup d’accidents en montagne. Hier encore, une randonneuse de 69 ans a fait une chute mortelle près de Chamonix. L’enquête de Nicolas Winckler et Alexis Marant, imprudences et précautions.
Journaliste
Chaque matin quand on lève les yeux, voici ce qu’on voit depuis Chamonix : les chemins qui mènent au bonheur ne passent plus forcément par les embouteillages de la Croisette et les bungalows de Palavas-les-Flots. Aujourd’hui, de plus en plus de français préfèrent prendre de l’altitude plutôt que de prendre le large, oubliant souvent qu’il n’y a rien de commun entre une promenade romantique en bord de plage et une randonnée sur la Mer de Glace. Maintenant, regardez ces images parce qu’elles sont belles, certes, mais surtout parce qu’elles sont édifiantes. Cette famille se promène sur la Mer de Glace sans crampons. Depuis 3 heures, le ciel est couvert, l’orage menace. Papa s’est décidé pour une fois à donner le mauvais exemple.
Intervenant 1
Enfin, ça c’est un minimum hein. Chaussures avec des crampons, c’est un minimum hein.
Journaliste
Vous avez emmené les crampons aussi ?
Intervenant 1
Non, non, non. Mais nous n’avons pas été bien loin hein.
Intervenant 2
Malheureusement, si on les avait on aurait été un peu plus loin.
Journaliste
Vous êtes allés jusqu’où là à peu près ? Montrez-moi.
Intervenant 2
Oh ! La partie claire là, la partie qui s’éclaircit. A peu près par là.
Journaliste
Il y a quand même quelques crevasses là justement ?
Intervenant 1
Il y a eu voilà deux, trois passages mais enfin c’est pas méchant.
Journaliste
Pas méchantes donc les crevasses, de 40 à 80 mètres de profondeur. Et pas méchantes peut-être les statistiques. Depuis le premier juin dans le massif du Mont-blanc, Il y a eu 20 morts et 180 blessés. Ça, en revanche, c’est le bon exemple. Un groupe de jeunes de 10 à 13 ans. Ils vont, durant une semaine, faire le tour du Mont-blanc encadrés par une accompagnatrice de la Compagnie des Guides de Chamonix. Sécurité maximum, une règle qui, une fois bien comprise, rend la montagne accessible à tous.
Béatrice Winster
Je rentre d’un raid que j’ai fait Chamonix-Zermatt en 10 jours, pour un homme de 80 ans. C’était pour finir, justement, correctement, sa carrière de montagnard. Il a fait beaucoup de haute montagne avant. Mais là, on a tout refait les itinéraires à son niveau, c'est-à-dire avec des petites étapes, les grands temps de repos et c’est sympa.
Journaliste
En montagne, l’inconscience se paye un jour ou l’autre. Le respect des règles de bon sens, en revanche, est comme la beauté de ces paysages. Allez-y, c’est gratuit.