Tournoi de boules lyonnaises place Bellecour

15 juin 1962
01m 58s
Réf. 00358

Notice

Résumé :

Sur la place Bellecour se déroule la finale Excellence du 51ème tournoi bouliste. Pour la première fois, la finale s'est disputée entre deux équipes étrangères : Turin et Gênes. Depuis 4 ans les Italiens se font remarquer dans ce sport.

Date de diffusion :
15 juin 1962
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Éclairage

Le 15 juin 1962, le 51ème tournoi bouliste de la Pentecôte a lieu comme à l'accoutumé depuis plus d'un demi siècle sur la place Bellecour, au cœur de la capitale des Gaules. Les actualités régionales reviennent sur ce temps fort de la vie locale, montrant des spectateurs manifestement connaisseurs dans les tribunes montées pour la circonstance. On observe aussi la présence de personnalités politiques locales, au premier rang desquelles Louis Pradel, maire de Lyon, qui ne saurait manquer ce rendez-vous annuel. Dans la ville, la tradition remonte en effet à 1894 avec l'initiative du Lyon républicain, relayée en 1900 par Le Progrès. Celui-ci lui donne littéralement une place centrale en obtenant de la municipalité que le tournoi se déroule sur la Place Bellecour, dont la qualité du sol est particulièrement appropriée au jeu de boules. Pour les quelques 300 sociétés boulistes du département du Rhône qui pratiquent sur les arrière-cours des cafés et les « clos » le reste du temps, le tournoi de Pentecôte constitue un objectif annuel majeur.

Pourtant, en 1962, le ton du journaliste semble empreint de regret. En effet, si la compétition avait déjà été remportée dans le passé par des équipes étrangères, la finale oppose pour la première fois deux équipes italiennes, l'Italie constituant alors avec la Suisse et la France les nations de référence en matière de boules lyonnaises. Alors que De Gaulle veut faire du sport une vitrine de sa puissance, l'échec des équipes tricolores dans une activité considérée comme de tradition française est vécue comme une déchéance. Mais la nostalgie du journaliste reflète plus généralement le virage que prennent les boules lyonnaises. Celles-ci élargissent en effet considérablement leur recrutement après la Seconde Guerre, en même temps qu'elles opèrent une lente mutation vers le sport proprement dit. La fédération de boule lyonnaise devient même en 1949 la seconde fédération sportive du pays derrière le football, mais devant les fédérations de basket, de rugby ou de cyclisme. Certes, en France, ce développement ne s'est pas accompagné d'une transformation décisive des formes de préparation physique, d'un dépassement radical de la boule-loisir ou même d'un rajeunissement des pratiquants, comme le confirme la génération à laquelle appartiennent les compétiteurs et les milliers de spectateurs présents à Bellecour en 1962. Toutefois, la tonalité du reportage reflète une inflexion inéluctable vers l'effritement de la tradition. Du reste, si la boule lyonnaise demeure plus fortement enracinée dans la région Rhône-Alpes que nulle part ailleurs, le tournoi de Pentecôte quittera Bellecour, pourtant toujours la place centrale de Lyon, en 1967, pour n'y revenir que 35 ans plus tard. Il est vrai qu'à la lyonnaise, les boules, d'un poids allant de 900 à 1200 grammes, sont plus lourdes et les distances plus longues que dans la pétanque ou la provençale : face à ses rivales, ces caractéristiques semblent plus propices à son développement comme sport que comme simple loisir de masse, justifiant d'ailleurs ultérieurement la requalification des « boules lyonnaises » en « Sport-Boules » par la fédération de référence en 1981.

Thierry Terret

Transcription

Journaliste
Et voici maintenant quelques images de la finale Excellence du 51ème tournoi boulistes de Bellecour, ceux de pentecôte. Pour la première fois, dans l’histoire de cette manifestation, la finale s’est disputée entre deux équipes étrangères et cela est sans doute plus grave que pour les championnats du Monde. En effet, à Bellecour : 22 quadrettes françaises, 2 quadrettes italiennes. Aux championnats du Monde, 16 quadrettes de toutes les nations, 2 françaises seulement et 2 italiennes. Et 8 italiens qui triomphent donc de 88 français parmi les excellents. Et cela mérite sans doute quelques commentaires. Ne les faisons point trop amers. Car depuis quatre ans, les italiens montent en flèche et pratiquent la boule en véritable sport. Ils ne pénètrent pas sur le terrain en matamores, ils ne jouent pas uniquement pour la galerie. Précis aux points, efficaces aux tirs, ils jouent pour construire et non pour détruire. Ils préfèrent la performance, résultat de patients efforts, à l’exploit tributaire du hasard. L’un des finalistes est classé 8ème seulement dans son pays. Alors, faudra-t-il comme pour le cyclisme, le basket, ou le football, incorporer des joueurs étrangers à nos quadrettes pour qu’en France ne se perde pas la boule ?
(Musique)