Cyclisme : les Six jours de Grenoble

02 novembre 1972
04m 18s
Réf. 00370

Notice

Résumé :

Pour la troisième édition des Six jours de Grenoble, place à l'accordéon qui est à l'honneur cette année. La musique donne un côté festif à cette compétition et accompagne les efforts des cyclistes sur piste.

Date de diffusion :
02 novembre 1972
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Thèmes :

Éclairage

En 1972, la troisième édition des Six jours cyclistes de Grenoble se déroule dans le Palais des sports achevé cinq ans plus tôt en vue des Jeux olympiques de 1968. L'initiative en revient à la municipalité grenobloise socialiste d'Hubert Dubedout, dont les investissements considérables pour l'accueil de ces Jeux d'hiver ont rendu urgente la nécessité de rentabiliser les équipements construits pour l'occasion. Georges Cazeneuve, premier directeur de publication du Dauphiné Libéré, est sollicité à cet effet : convaincu de l'attractivité du cyclisme, celui à qui l'on doit par ailleurs la création du Critérium du Dauphiné libéré, reprend alors l'idée d'une course sur piste de six jours, opposant des équipes de cyclistes selon un système de relais, sur le modèle que Paris avait inauguré dès avant la Première Guerre mondiale sur le « Vel d'hiv », avant de l'abandonner en 1958.

Après deux essais en 1971, l'épreuve grenobloise prend son rythme de croisière l'année suivante ; c'est le moment choisi par les Actualités régionales pour en offrir un reportage qui, au son de l'accordéon, insiste moins sur les coureurs eux-mêmes que sur le spectacle familial offert par ceux et celles qui le regardent depuis le centre de la piste. Car l'épreuve, qui conjugue performance sportive et numéros de cabarets, tient du show à l'américaine, tout en développant une atmosphère provinciale, populaire et « franchouillarde » manifeste. Anonymes et notabilités locales, voire nationales, s'y croisent. Le reportage s'attarde d'ailleurs sur Lily Fayol, chanteuse à succès des années 1940 et dont l'intérêt pour la course n'est peut-être pas étranger au fait qu'elle soit mariée au champion cycliste Maurice Roux. Par ailleurs, tout comme la manifestation qu'il donne à voir, le reportage n'échappe pas à quelques longueurs. Les coureurs tournent sur la piste dans un relatif anonymat, pendant qu'au milieu, les serveurs vêtus de blanc circulent entre les tables, distribuant des verres de beaujolais ou des tasses de café aux spectateurs qui attendent leur repas dans une ambiance quelque peu enfumée. Pour tous, l'animation est pourtant le maître-mot. Sur la piste, elle consiste à intégrer ponctuellement des éléments destinés à rompre la monotonie de la course : sprints, défis divers, épreuves de sur-place, etc. Au centre, elle repose en 1972 sur le savoir-faire de l'animateur vedette Jean Dongues (Emile Domergue de son vrai nom) et le talent du musicien accordéoniste Marcel Azzola qui, de Barbara à Jacques Brel et de Juliette Gréco à Gilbert Bécaud, avait alors accompagné les plus grands noms de la chanson française.

Le « piano à bretelle », dont l'évocation même par le journaliste confirme l'intention de consacrer les six jours comme un spectacle populaire, a progressivement disparu mais, quarante ans plus tard, cette course annuelle est toujours là, définitivement ancrée dans le patrimoine culturel régional entre épreuve cycliste et cabaret.

Thierry Terret

Transcription

(Bruit)
(Musique)
Journaliste
C’est bien parti à Grenoble pour leur troisième édition, les Six jours touchent désormais un public de connaisseurs. Le cyclisme sur piste est un sport, le spectaculaire [aérois], plongée à la corde, promenade aux balustrades, le tout à 55 kilomètres à l’heure, voilà pour un public avide d’émotions. La définition du phénomène Six jours. Oui, c’est un peu particulier, elle nous est donnée par la grande Lily Fayol, reine des Six jours en 1950 à Paris.
Fayol Lily
Je me retrouve ici dans cet état second avec la peau qui granule vous savez, alors là vraiment c’est, c’est extraordinaire.
Journaliste
Les Six jours, c’est aussi une animation, vue par Jean Dongues, le maître des cérémonies.
Intervenant
Ce sont les coureurs les vrais animateurs des Six jours. Donc, l’animateur se doit d’être modeste. Il doit laisser bien entendu les coureurs au premier plan et puis quand, mon Dieu il y a un peu de fatigue, que la chasse s’arrête un petit peu, là il intervient. Il est en un mot au second plan. C’est très important.
Journaliste
C’est difficile ?
Intervenant
Ben oui parce que quand on est un animateur, on aime toujours foncer, c’est pas par prétention, on aime pas être au premier plan par orgueil mais on l'est un peu par tempérament et puis les animateurs, pour les faire taire hein.
Journaliste
Cette année, l’accordéon revient enfin au premier plan, Georges Cazeneuve s’en explique.
(Musique)
Georges Caseneuve
Nous avons pensé que, on ne pouvait pas décemment demander à un chanteur de qualité de passer sur scène. C’est pas grave. Il est passé l’accordéon tout à l’heure, on le voit passer en ce moment, ça va marché.
Journaliste
Et l’avis de Marcel Azzola, le premier des rois du piano à bretelle à se produire à Grenoble.
(Musique)
Marcel Azzola
Ça fait partie de la gaieté populaire, de la joie populaire, l’accordéon, et bien s’il est revenu, tant mieux, bravo, on est content.
(Musique)
Journaliste
Et dans quelques instants, le phénomène le plus important, la chasse. C’est un public qui va se passionner pour cette phase très importante. Là, les coureurs se donnent à fond, encouragés par l’orchestre qui suit leurs efforts admirablement bien. Et le parterre où l’on se retrouve. On évoque de vieux souvenirs. Dans quelques instants, un départ remarquable. Vous allez voir tout de suite l’ambiance qui s’empare du vélodrome.
(Musique)
Journaliste
Les écureuils sont rois. Et pendant ce temps-là au parterre, toute une pile de cuisiniers, de serveuses s’affairent,
(Musique)
Journaliste
Tout le monde se retrouve en famille car les Six jours, c’est vraiment la grande communion. Et surtout le piano à bretelle qui domine les débats.
(Musique)
Journaliste
On évoque de vieux souvenirs, et dans quelques instants, vous allez trouver un air qui vous fut familier. Oh, il y a de cela bien longtemps, mais la voix n’a pas changé.
(Musique)
Inconnu
Rechante encore, je t’en supplie.
Inconnue
Et voilà l'gros Bill qui passe au p'tit trot, tout le long de l'île au long de l'eau.
Journaliste
Peu à peu, le souvenir des Six jours de Paris s’estompe. Grenoble a pris la relève, fort bien d’ailleurs. Il faut s’en féliciter. C’est désormais un public qui apprécie les efforts de, des coureurs en connaisseur qui garnit la piste. Oui vraiment, on peut être fier à Grenoble.
(Musique)