La SaintéLyon, course de nuit

08 décembre 1991
02m 48s
Réf. 00399

Notice

Résumé :

C'est à minuit qu'a été donné le départ de la SaintéLyon de 59 km. Les nombreux participants ont parcouru la distance St Etienne - Lyon par des petites routes. Pascal Lavault a remporté la course en arrivant le premier à la piscine de Vaise.

Date de diffusion :
08 décembre 1991
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Éclairage

Le 8 décembre 1991, comme tous les premiers week-ends de décembre depuis quarante ans, les participants de la SaintéLyon s'élancent dans la nuit et le froid de l'automne pour parcourir les 59 kilomètres séparant les deux métropoles régionales, Saint-Etienne et Lyon, à travers les routes et les sentiers du GR7 des Monts du Lyonnais. Le reportage préparé par Louis Laforge et Pierre Dutreve pour le Journal télévisé de FR3 Rhône-Alpes en montre trois moments-clés : le départ de Saint-Etienne à minuit, le ravitaillement à mi-parcours, situé traditionnellement dans le village de Sainte-Catherine, et l'arrivée près de la piscine de Vaise, à Lyon. Les journalistes mettent en avant l'ambiance festive de la manifestation, les cris de joie des marcheurs et des coureurs dans les premiers mètres et l'absence de véritables champions malgré la grande popularité locale de l'épreuve. Les « vrais héros », concluent-ils, sont les anonymes, qui terminent le parcours en fin de matinée, en trois fois plus de temps que le vainqueur, Pascal Lavault, un employé de la SNCF qui a bouclé la distance pour sa cinquième tentative en 4 heures 21.

Les 1400 participants dont les lampes frontales constituent un long et spectaculaire ruban dans l'obscurité de la nuit, partagent une expérience forte, marquée par la douleur et le froid. En 1991, les organisateurs ont certes réduit un peu la distance totale, mais les difficultés du parcours (1300 mètres de dénivelé positif et 1700 de dénivelé négatif) et les températures, qui descendent jusqu'à moins 15°, font de la course une véritable épreuve d'endurance physique et mentale où la référence n'est pas le record, mais plutôt le temps tout symbolique de 7h 30 que mettait traditionnellement la diligence reliant Saint-Etienne à Lyon à la fin du XIXe siècle. Aux côtés du témoignage du vainqueur, les interviews de trois participants, une femme, un sénior et un père de famille portant son enfant sur les épaules, confortent d'ailleurs cette dimension d'un raid pour tous qui échappe aux logiques habituelles en valorisant d'abord la lutte contre soi.

Depuis toujours organisée par le CT Lyon, un club de cyclotouristes, la SaintéLyon est initialement réservée aux seuls marcheurs avant d'accepter les coureurs en 1977. Elle connait alors un développement marqué par trois temps forts. Le premier s'observe dans les années 1980 et est lié à l'augmentation du nombre de joggers et de l'arrivée sur le marché de la course de loisir de babyboomers désormais trentenaires et à la recherche d'épreuves leur permettant de repousser leurs limites. La seconde étape suit la décision, en 1991, d'ouvrir la course à des équipes de relais de 2, 3 ou 4 coureurs, d'où un élargissement notable du spectre des participants à des groupes affinitaires au sein d'entreprises ou d'institutions, bien que le reportage, ici, n'évoque pas cette évolution. Enfin, la visibilité de la course se renforce encore après 2002 et le partenariat noué par les organisateurs avec le Téléthon. En 2009, plus de 10 000 participants ont tenté l'aventure.

Thierry Terret

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Ça ressemble au Téléthon mais ce n’est pas le Téléthon. C’est la Saintélyon, plus qu’un marathon.
(Bruit)
Journaliste
Et c’est parti pour 59 kilomètres entre Saint Etienne et Lyon, à pieds, en courant ou en marchant, à la lueur des lampes électriques et des baskets fluos.
(Bruit)
Journaliste
Quarante et un ans que ces stakhanovistes noctambules de l’effort et du plaisir solitaire prennent le départ de cette classique. Et presque tous arriveront à se faire mal. Ils sont plus de 1400. Les organisateurs ont ramené la distance à 59 kilomètres cette année. Un parcours plus roulant, laissant penser à une nouvelle explosion des temps. Malgré le froid, entre moins 10 et moins 15 degrés, il faut donc penser à se réchauffer. Mais en fait, peu sont ceux qui recherchent les temps records. Beaucoup, beaucoup sont là dans le seul but d’arriver. Ceux-là par exemple mettront 7 heures 30, chiffre symbolique puisque c’était le temps mis par les diligences pour relier Lyon à Saint Etienne au siècle dernier. Kilomètre 30, c’est le contrôle et le ravitaillement à Sainte Catherine. Il y a les amoureux du risque.
Inconnu 1
[Je me ferais] une bonne gamelle m’enfin, il y avait du verglas dans un virage. Mais bien, bien impeccable.
Journaliste
Il fait froid ?
Inconnu 1
Heureusement c’est bon.
Journaliste
Et même si en courant on ne ressent pas le froid, pourquoi tant d’efforts ?
Inconnue
Des fois je me demande franchement. Au milieu de la nuit, je me demande vraiment mais euh, en général c’est les paysages, ces choses-là. Ben de nuit, pas du tout. Euh bon, il faut être un peu fada c’est vrai mais j’aime bien.
Journaliste
Et malgré les douleurs, il y a ceux qui savent rester modestes.
Inconnu 2
J’ai une contracture qui se réveille quand je fais un exploit.
Journaliste
Et là, l’exploit il est en bonne voie ?
Inconnu 2
Ouais, ouais, je pense que je vais gagner une heure sur mon temps habituel.
Journaliste
Et c’est reparti pour les 30 derniers kilomètres. Les plus durs en plein milieu de la nuit. 4 heures 21 minutes et 40 secondes après le départ, le premier est déjà arrivé.
Inconnu 3
4 heures 31, ah la la, le record est battu.
(Bruit)
Journaliste
Pascal Lavault est employé à la SNCF, il conduit des trains qui arrivent toujours à l’heure, c’était donc possible.
Intervenant
Au bout de la 5ème fois, j’ai enfin réussi à, à gagner cette course que j’avais envie de gagner depuis longtemps.
Journaliste
Et si pour certains cette nuit ne fût pas le bagne, ce matin 8 heures après l’arrivée du vainqueur, c’était au tour des vrais héros d’atteindre la piscine de Vaise pour un véritable plongeon dans le bonheur.
(Bruit)