Grèves des mineurs

11 mars 1963
32s
Réf. 00450

Notice

Résumé :

Dans le bassin de la Loire, la grève des mineurs est totale. Bien que solidaires des grévistes les cadres assurent la sécurité des installations. La distribution de la paye des mineurs s'est faite sans incident.

Date de diffusion :
11 mars 1963
Source :

Éclairage

Confronté à la concurrence du pétrole et de la production houillère des autres pays de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) créée en 1951, le charbon français est devenu une énergie chère. La CECA a favorisé l'introduction du charbon allemand produit à meilleur marché. Le pétrole est de plus en plus utilisé. Les Houillères entendent gérer la situation par la fermeture progressive des bassins les moins rentables, notamment ceux de Decazeville et du Centre-Midi. De ce fait, le gouvernement élabore un plan d'adaptation des Houillères, dit « plan Jeanneney », adopté le 21 juin 1960, qui prévoit une baisse de la production et des effectifs. Mais les pratiques politiques de la Ve République se caractérisent par une gestion technocratique des dossiers, en tenant compte ni des élus, ni des populations locales.

Initié en 1961 à Decazeville, un long processus de revendications s'amorce contre le déclin des bassins miniers. En 1963, les négociations salariales entre les Charbonnages de France et les fédérations syndicales de mineurs achoppent sur l'augmentation des salaires : les syndicats réclament 11%, la direction ne veut octroyer que 5,7%. La CGT se rallie au mot d'ordre de grève générale lancé par FO et la CFTC. La grève éclate le 1er mars d'abord dans la Lorraine gaulliste, puis dans le Nord Pas-de-Calais où, fait rarissime, les ingénieurs se solidarisent en versant deux jours de salaire aux grévistes. La longueur et la ténacité de la grève de mars-avril 1963 (35 jours) s'expliquent dans un premier temps par la maladresse du gouvernement Pompidou qui donne l'ordre de réquisition signé par le président de la République, le général de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises.

C'est autour de la certitude de la légitimité de cette grève que se construit le soutien dans la France entière. Les reportages de la presse quotidienne régionale et de la télévision en faveur des mineurs, métier incarnant par excellence la classe ouvrière et profession dotée, depuis la Libération, d'un statut emblématique dans la Reconstruction du pays, contribuent à la manifestation d'une opinion populaire favorable. Des paysans apportent un soutien concret aux grévistes en offrant des vivres et du vin. Lycéens et étudiants manifestent leur solidarité en organisant des collectes pour les mineurs. Ce qui permet – ce que montre le reportage – de donner une paie aux grévistes à la fin de la quinzaine. Elle leur est distribuée sur le carreau-même du puits Couriot, le dernier en activité à Saint-Étienne.

À l'initiative de Georges Pompidou, sous la houlette de Pierre Massé commissaire au Plan, est formé un comité des sages qui engage une réflexion sur l'avenir du charbon et remet son rapport le 23 mars. Fin mars, les négociations reprennent avec les syndicats et un accord est conclu le 3 avril. Le travail reprend de façon échelonnée selon les bassins. Il y a bien eu rattrapage salarial (+8%), mais la table ronde, le 30 avril 1963, annonce - de fait - la fermeture à terme des puits. En 1963, les mineurs ont rassemblé autour de leur grève d'autres acteurs sociaux, ce qui a laissé des traces dans les mémoires.

Michelle Zancarini

Transcription

Journaliste
Dans le bassin de la Loire, la grève des mineurs est toujours totale. Les cadres, solidaires des grévistes, assurent cependant la sécurité. C’est ainsi que la coquerie de la Filardière continue à fonctionner de même que la centrale du Bec. Cependant, les piquets de grève ont été renforcés et il n’est plus possible d’accéder au carreau de la mine même pour les journalistes. Néanmoins, ce matin, la paie des mineurs a eu lieu sans incident.
(Musique)