La dette publique

29 décembre 2008
01m 46s
Réf. 00063

Notice

Résumé :

La crise économique de 2008 est la pire jamais observée. Elle a obligé les Etats à des plans de relance. Ces plans ont fait exploser la dette publique. Celle-ci comporte deux volets principaux : la dette de l'Etat - la plus importante - et la dette accumulée par les régimes sociaux. Cette dernière est isolée de la dette de l'Etat et gérée par la Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale).

Date de diffusion :
29 décembre 2008
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Thèmes :

Éclairage

Le traité de Maastricht a prévu que chaque Etat ne doit pas avoir un déficit public supérieur à 3 % de sa richesse nationale. Pour la France, en 2015, ceci représente un peu plus de 60 milliards d'euros. La France ne respecte pas ce critère, mais après avoir bénéficié de trois reports successifs, elle s'est engagée à descendre sous ce seuil en 2017.

Le traité de Maastricht prévoit également un autre critère, dont on parle moins, et sur lequel les organes européens semblent curieusement moins stricts. C'est celui d'avoir une dette publique qui ne dépasse pas 60 % du PIB, soit pour la France en 2015 : 1 200 milliards €. Ceci constitue déjà un montant conséquent.

La crise économique mondiale de 2008, a fait prendre aux Etats des mesures exceptionnelles (plan de relance, grand emprunt) qui ont fait bondir le déficit public français à 7,5 % du PIB, et donc la dette publique de 30 points de PIB entre 2008 et 2013.

Fin 2014, et ce depuis de nombreuses années, la France avec presque 96 % ne respecte pas ce critère. Certains vont jusqu'à prédire que le cap des 100 % pourrait être franchi.

La barre symbolique des 2 000 milliards € a été dépassée en 2014. D'autres pays ont fait pire que la France. Outre la Grèce, on peut citer le Japon et l'Italie.

La dette est un mécanisme simple à comprendre. Lorsque l'on a une dette, que l'on soit un ménage, une entreprise ou une nation, il faut pour couvrir cette dette que quelqu'un accepte de vous prêter de l'argent. Il ne vous prêtera que s'il a confiance en vous et qu'il pourra récupérer l'argent qu'il vous a prêté. Moins il aura confiance, plus il demandera un taux d'intérêt élevé, c'est ce que l'on appelle le prix du risque. S'il n'a pas confiance du tout, il ne vous prêtera plus. La Grèce en fait aujourd'hui la cruelle expérience.

Dette et déficit sont intimement liés. Si l'on peut oser une métaphore, la dette est le contenu d'une baignoire, qui est alimenté par un robinet, le déficit. Si le robinet coule à flot, ce qui est le cas en France, le niveau de la baignoire n'a aucune chance de baisser, et encore moins de se vider.

La dette publique est constituée de trois éléments : celle de l'Etat, celle des administrations publiques locales (APUL) et celle de la Sécurité sociale. La dette de l'Etat est gérée par l'Agence France Trésor, celle de la Sécurité sociale par la Cades. La dette de l'Etat n'a pas de limite temporelle et s'apparente à un emprunt perpétuel, la dette reprise par la Cades est limitée dans le temps. Le Conseil constitutionnel a inscrit avec force le fait que tout nouveau transfert de dette à la Cades doit obligatoirement être accompagné de ressources telles que la durée de vie de la Cades ne soit pas rallongée. Elle est calculée actuellement à 2024.

La Sécurité sociale, pourtant montrée du doigt, a cependant une dette huit fois plus petite que celle de l'Etat. La chance de la France, au niveau de la dette, est que les taux d'intérêt sont historiquement bas.

Au 31 décembre 2014, la dette publique s'établit comme suit :

- Etat = 1 610,2 Mds € et 75,6 % du PIB.

- APUL = 210,8 Mds € et 9,8 % du PIB.

- SS = 216,8 Mds € et 10,2 % du PIB.

Soit un total de 2 037 Mds € et 95,6 % du PIB.

Jean-François Chadelat

Transcription

Présentateur
L’économie, la France a bien échappé de justesse à la récession cette année. L’Insee confirme le chiffre de la croissance pour le troisième trimestre 2008, + 0,1 % après un recul de 0,3 % au deuxième trimestre. Autre chiffre dévoilé aujourd’hui, celui de l’endettement, la dette publique bat tous les records. Elle a augmenté de 15 milliards d’euros au troisième trimestre. Sa réduction était pourtant considérée comme une priorité il n’y a pas si longtemps. Mais la crise est passée par là. Romain Messy, Eric Delagneau.
Journaliste
Une crise économique profonde, et une facture de plus en plus lourde. 1 284 milliards d’euros, c’est le montant de la dette publique de la France selon l’Insee au troisième trimestre. Un gouffre financier qui se creuse un peu plus tous les mois. En moins d’un an, la dette est passée de 63,9 % à 66,1 % du Produit Intérieur Brut. Une évolution sans surprise en raison de la crise qui a balayé toutes les prévisions du gouvernement.
Eric Heyer
Ce qui l’explique, c’est essentiellement un manque de recette fiscale, qui est lié d’une part au fait que la croissance n’est pas très forte. Et quand vous n’avez pas beaucoup de croissance, ben, vous n’avez pas beaucoup de recettes fiscales. Puis par ailleurs, il ne faut pas oublier que depuis 2006, il y a une baisse des prélèvements obligatoires, c’est-à-dire qu’on paie moins d’impôts.
Journaliste
Puis, il y a de nouvelles dépenses exceptionnelles liées à la crise, comme les 11 milliards d’euros versés aux banques françaises pour les recapitaliser ; ou bien, le plan de relance de 26 milliards annoncé début décembre par Nicolas Sarkozy. Face à la récession, Bercy annonce d’ores et déjà un déficit budgétaire de 70 milliards d’euros en 2009. La dette publique va donc encore s’aggraver, et le déficit zéro promis pour la fin du quinquennat est un rêve oublié.