L'informatisation de la Sécurité sociale

16 novembre 1965
02m 55s
Réf. 00080

Notice

Résumé :

A la date de la vidéo, 1965, l'informatisation de la Sécurité sociale en est à ses premiers balbutiements. Cette visite à l'Urssaf de Toulouse, pionnière de l'informatique, permet de comprendre les enjeux et la nécessité de l'informatisation de la Sécurité sociale, car cette dernière brasse des milliards de données.

Date de diffusion :
16 novembre 1965
Source :
ORTF (Collection: JT Toulouse )
Personnalité(s) :

Éclairage

Avec 66 millions d'habitants, la France compte autant d'assurés sociaux, de retraités et d'ayants-droit. Le nombre d'employeurs différents dépasse largement les 4 millions de comptes.

La Sécurité sociale concerne chacun d'entre nous, et ce de façon permanente, depuis avant la naissance (allocation prénatale), jusqu'à après la mort (pension de réversion).

L'Assurance maladie traite 1,2 milliard de feuilles de soins. La branche recouvrement immatricule, radie ou appelle les cotisations de plusieurs millions d'employeurs, depuis la très grande entreprise de dizaines de milliers de salariés jusqu'aux travailleurs indépendants ou à l'employeur individuel.

Cette masse gigantesque d'informations permet également d'établir des statistiques, des analyses et des prévisions. Sans l'apport de l'informatique, la simple gestion des activités courantes de la Sécurité sociale ne serait pas possible.

L'essor de l'informatique à l'époque de la vidéo était fulgurant. De telle sorte que l'on pouvait dire qu'en 3 ans la capacité des ordinateurs à prix égal doublait ou qu'à capacité égale le prix était divisé par deux.

Toutes les branches de la Sécurité sociale développèrent progressivement de grands modèles de traitement des opérations qu'elles avaient à gérer. Dans la branche maladie, ce fut le système « Laser » puis le système « Progress ». Dans la branche famille, le système « Cristal ».

Dans chaque branche ces modèles nationaux se développèrent en unifiant des applications locales développées par certains organismes. Dans la branche du recouvrement, au milieu des années 80, il n'existait pas moins de 14 systèmes différents. Ce qui contrevenait bien évidemment au principe de l'unicité et de l'égalité de traitement des cotisants.

A la fin des années 80, l'Acoss, pas encore caisse nationale du recouvrement (elle ne le deviendra qu'en 1994) décida de développer un modèle national de gestion du recouvrement appelé le « SNV2 ». Pour développer ce système national l'Acoss s'appuya sur 7 centres de développement informatique (les Certi). L'opération ne fut pas simple à mettre en œuvre dans la mesure où elle se heurtait à des résistances locales. Ce fut particulièrement le cas avec le Certi de Toulouse qui avait développé sous l'impulsion de son Directeur, Maurice Bancarel, un modèle spécifique, le S2. Il fallut de nombreuses années pour que la branche du recouvrement puisse enfin se doter d'un modèle informatique national unique.

Jean-François Chadelat

Transcription

(Musique)
Journaliste
Derrière cette façade aux lignes très pures se trouveront bientôt rassembler tous les services de l’Urssaf, jusque-là éparpillés aux quatre coins de Toulouse. Ainsi que vous pouvez vous en rendre compte, les travaux ne sont pas encore terminés, mais ils le seront assurément d’ici le 29 novembre, jour de l’ouverture des bureaux. Quel est, vous demandez-vous peut-être, l’organisme qui s’abrite derrière ces murs et ce sigle ? Tout simplement, l’Union de Recouvrement de la Sécurité sociale et des Allocations familiales pour la Haute Garonne ; qui d’ici la fin de l’année assurera la gestion de 140 000 comptes cotisants répartis sur cinq départements ; et qui a le privilège d’être le seul organisme de ce genre autorisé en France à disposer d’un équipement électronique. Pourquoi cette faveur ? C’est la question que nous posons tout de suite à Monsieur Bancarel.
Maurice Bancarel
Les raisons tiennent aux difficultés que l’Urssaf a connues dès sa création, insuffisance de locaux, difficultés administratives, charges très importantes. Il nous a donc fallu essayer sous le plus faible volume d’obtenir le maximum de rendement. L’électronique pour nous a été une sorte de raccourci technique pour arriver à rééquilibrer la gestion de l’organisme.
Journaliste
Est-ce que cette mécanisation n’a pas eu pour conséquence de dramatiques compressions de personnel ?
Maurice Bancarel
Tout au contraire, nous avons eu quelques difficultés au départ, qui tenaient à la formation du personnel que nous devions spécialiser sur le nouvel ensemble électronique. Et supprimant des tâches d’exécution, nous sommes arrivés à une véritable revalorisation fonctionnelle de nos agents ; qui sont aujourd’hui disponibles pour des tâches plus complexes du deuxième ou du troisième degré, rédacteur ou tâche de contact avec le public.
Journaliste
Depuis peu que vous disposez d’une machine extrêmement moderne de la seconde génération, m’avez-vous dit ; et qui fait de votre équipement le quatrième en importance de la région Midi-Pyrénées. Quels sont ses avantages ?
Maurice Bancarel
Ses avantages sont multiples, ils sont ceux de tout ensemble électronique, rapidité et actualisation de l’information, et qui peut être traitée de manière extrêmement rapide, et permettre non seulement à l’organisme de faire face à ses tâches normales ; mais également de découvrir un certain nombre de possibilités en matière de prospective économique, d’information statistique ; et qui est claire de façon, je crois, assez exceptionnelle la tâche des gestionnaires de l’organisme tant au niveau du comité de gestion que de la direction de l’organisme lui-même.
Journaliste
Et vous prévoyez encore de nouveaux aménagements qui étendront, je crois, les services de cette machine.
Maurice Bancarel
Certes, et je pense que ces aménagements seront de nature à permettre une sorte de démocratisation de techniques pour les utilisateurs extérieurs de l’Urssaf. Car à partir du moment où nous mettrons sur pied le télé-processing, l’ordination à distance ; les utilisateurs situés à Tarbes, à Rhodes ou à l’extérieur de Toulouse pourront à tout moment et à toute heure pratiquement sans intervention humaine ; interroger l’ordinateur et obtenir de lui les renseignements qu’ils désirent sans que nous ayons en quoi que ce soit à intervenir.