Soulages. 82 peintures au musée des Abattoirs de Toulouse

11 novembre 2000
02m 25s
Réf. 00031

Notice

Résumé :

Au musée des Abattoirs de Toulouse, préparation d'une grande exposition du peintre Pierre Soulages, et interview de l'artiste.

Date de diffusion :
11 novembre 2000
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

En novembre 2000, le musée des Abattoirs, récemment rouvert, organise sa première exposition d'envergure nationale en choisissant d'exposer le travail de Pierre Soulages, des années 1940 à 2000. Alain Mousseigne, alors directeur du musée, et Pierre Soulages, ont ensemble choisi quatre-vingt-deux œuvres peintes afin de les intégrer parfaitement à l'architecture créée par Urbain Vitry et récemment rénovée.

Cet extrait du journal télévisé toulousain montre de quelle façon Pierre Soulages prend part à l'accrochage de ses expositions : activement et méthodiquement. Toujours soucieux de la bonne exposition de ses œuvres, il s'enquiert notamment de la luminosité de la grande nef des Abattoirs. Cet espace bénéficiant d'un éclairage naturel, l'artiste a pensé sa scénographie en fonction des heures du jour, de la luminosité et des horaires d'ouvertures au public. Préalablement, Pierre Soulages avait préparé une maquette de cette exposition afin de proposer une scénographie originale, de diriger le spectateur dans l'espace d'exposition, de l'amener à se déplacer par rapport à ses toiles pour mieux en appréhender les diverses nuances de noir révélées par les changements lumineux. Cependant, l'artiste est aussi homme terrain et préfère expérimenter cette scénographie préfabriquée en conditions réelles, afin de donner aux visiteurs la meilleure version de son Œuvre.

Les années 1997 à 2006 marquent pour le peintre une période de grande liberté, de productivité et de consécration. Durant cette décennie il entame un rythme de production soutenu et peint 150 toiles. A cela, Pierre Soulages ajoute une série d'expositions rétrospectives à échelle internationale à Saragosse, Logroño, Berne, Munich, Montpellier, Lausanne puis Toulouse. L'exposition Soulages, 82 peintures fait donc partie de cette grande vague d'expositions qui occupent alors le peintre et est le témoin de cette fructueuse production des années 2000.

Léa Salvador

Transcription

Présentatrice
Une nouvelle exposition se prépare au musée des abattoirs de Toulouse. Elle ouvrira ses portes le 17 novembre et elle est consacrée à un artiste du siècle, Pierre Soulages, qui est venu en personne participer à l’accrochage de ses toiles. Nicole Zimermann, Denis Hémardinquer.
(Noise)
Pierre Soulages
Bonjour monsieur.
Christian Bernard
Christian Bernard, le transporteur.
Pierre Soulages
Bonjour.
Nicole Zimermann
C’est avec des dates et des dimensions que Pierre Soulages titre ses tableaux.
Pierre Soulages
C’est archi archi fragile.
Nicole Zimermann
Une mesure du temps qui scande 53 ans de peinture. Une chronologie dont il a organisé l’accrochage aux abattoirs sur de petites maquettes pour que sur chacune de ses peintures, la lumière continue de jouer son rôle essentiel.
Pierre Soulages
En réalité, le musée n’est pas ouvert le matin.
Inconnu
Ça commence à midi.
Pierre Soulages
Alors il faudrait commencer à faire les éclairages à midi.
(Bruit)
Pierre Soulages
L’important, ce n’est pas la lumière dans ce qu’elle… le fait que ce soit lumineux. C’est ce que peut apporter le phénomène lumineux dans l’émotion artistique, quand nous regardons un tableau. C’est ce que je préfère appeler le champ mental atteint par la peinture quand on la regarde. Voilà.
Nicole Zimermann
De son enfance ruthénoise, de son travail dans les vignes pendant la guerre, Pierre Soulages a sans doute gardé le goût des choses bien faites avec les outils appropriés. Et cette sagesse instinctive de la terre noire où tout commence, où tout change dans la continuité.
Pierre Soulages
L’art, ce n’est pas une affaire de compréhension. C’est une affaire d’émotion. Toute ma vie de peintre, ça a été ça. Je ne suis pas un homme qui travaille avec des projets, des théories préétablies. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de théorie dans ce que je fais. Mais elle est implicite à l’oeuvre. Elle ne précède pas. Et, à la limite, on peut essayer de la découvrir après coup. Mais ce n’est pas le but de la peinture.
Nicole Zimermann
Dans ces noirs épais, la lumière fait apparaître des rythmes de rouge ou de bleu. Des couleurs d’outre-noir qui continuent sereinement le dialogue commencé avec les bruns ou les bleus des peintures des années 50-60. Ou avec les franges de blanc qui font vibrer, aujourd'hui, les toiles les plus récentes de Pierre Soulages.