David TOOP, Night leaves breathing

15 mars 2009
03m 48s
Réf. 00357

Notice

Résumé :

"Cette composition est née à un moment où j'écoutais en détail des sons à la limite de l'audible et m'intéressais de près aux ambiances sonores des pièces et des maisons lorsqu'elles sont calmes."

Type de média :
Date de diffusion :
15 mars 2009
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Éclairage

Durée totale : 20'55

"Cette composition est née à un moment où j'écoutais en détail des sons à la limite de l'audible et m'intéressais de près aux ambiances sonores des pièces et des maisons lorsqu'elles sont calmes.

La moindre perturbation sonore est, alors, amplifiée à un tel point qu'il devient impossible de faire la distinction entre ses propres mouvements, les sons des Night leaves breathing (2008), ceux de la respiration et le craquement du parquet à l'étage en dessous. J'ai tendance à lire tard le soir au lit, j'entends, alors, la paisible respiration de ma femme qui dort, ainsi que les ronflements, les gémissements et la respiration bruyante de notre petite chienne.

Une nuit son ronflement était si comique que je pris mon enregistreur numérique, mais à chaque fois que j'approchais le micro de son museau, elle réduisait son bruit.

Je m'avançai doucement, essayant de ne réveiller personne, prenant conscience de tous les craquements de la maison et cela me fit penser aux craintes des enfants face aux sons étranges.

Le sol de notre cuisine craque avec une telle virtuosité que je l'ai, lui aussi, enregistré.

Ce furent là mes points de départ : la chienne, le sol, ma propre respiration, un livre (une excellente édition ancienne des Essais de Montaigne, édités chez Hazlitt). Mais il y avait aussi le bruissement des feuilles et je pensais à la révélation que j'eus une nuit de printemps, il y a quelques années.

Assis dans mon jardin, j'entendis un son d'un niveau très faible mais persistant.

En écoutant plus attentivement, je réalisais qu'il s'agissait des hautes fréquences produites par des escargots et des limaces qui grignotaient les feuilles de mes plantes.

Suite à mes promenades matinales avec ma chienne, je devins un expert dans le décryptage des bruissements nuancés des feuilles : sous les pieds (ou, devrais je dire, sous les pieds et les pattes), soufflé par la brise ou le vent ou simplement bougeant selon de subtiles variations.

Le titre de l'œuvre est un peu comme Eats Shoots and Leaves, qui a deux significations selon la ponctuation ; Night leaves breathing a quatre significations (si on utilise le terme feuille comme celle de la page d'un livre), et plus si on inclut celles qui sont personnelles et secrètes.

Je l'ai composée à un moment où je m'intéressais de près à la peinture hollandaise du XVIIe siècle.

De nombreux artistes de cette période – Rembrandt, Maes, Dou, Vermeer – peignaient des personnages pratiquant des activités calmes : éplucher un fruit ou un légume, lire, écrire, coudre, écouter, verser du lait, assis ou endormis.

Mon intention a été de créer les conditions pour que les musiciens et le public puissent ressembler à ces personnes calmes, sans autre activité que l'écoute attentive, leur permettant d'atteindre une sensation de plénitude.

Et quand la nuit s'en va, on peut reprendre son souffle."

(David Toop)