Daniel D’ADAMO, Fall - love letters fragments (AKOUSMA)

26 mai 2017
11m 23s
Réf. 01104

Notice

Résumé :
Reportage consacré au compositeur Daniel D'ADAMO, à l’occasion de la création de sa pièce Fall - love letters fragments vendredi 26 mai 2017 au Studio 104 de Maison de la Radio et de la Musique dans le cadre des concerts AKOUSMA de l’INA grm.
Un court entretien est suivi d’un extrait de la performance.
Il y décrit notamment le travail avec la mezzo-soprano Isabel SOCCOJA et la harpiste Elodie REIBAUD.
Type de média :
Date de diffusion :
26 mai 2017
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Éclairage

BIOGRAPHIES :

DANIEL D’ADAMO

Daniel D’Adamo est né en 1966 à Buenos Aires, Argentine.

Il étudie la composition avec Ph. Manoury au CNSM de Lyon puis à l’Ircam avec T. Murail et B. Ferneyhough.

Daniel D’Adamo reçoit plusieurs distinctions, comme le Prix Boucourechliev, le Prix de Printemps de la Sacem et le Prix de l’Académie Charles Cros pour l’enregistrement discographique de son quatuor à cordes avec électronique Plier/Déplier.

Il a été pensionnaire-compositeur à la Villa Médicis.

Son catalogue comporte une cinquantaine d’œuvres pour différentes formations instrumentales et vocales, avec ou sans électronique.

Il travaille actuellement sur un quintette avec deux violoncelles, destiné au quatuor Béla et sur son troisième quatuor à cordes, destiné au quatuor Tana pour le festival Ars Musica (Bruxelles).

Sa musique est régulièrement jouée en France et à l’étranger par différents solistes, formations orchestrales et de chambre, lors de nombreux concerts et festivals.

Daniel D’Adamo a été professeur d’analyse musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et au Conservatoire de Tours. Il est actuellement professeur de composition au Conservatoire de Strasbourg et à la Haute École des Arts du Rhin.


Isabel SOCCOJA

Isabel SOCCOJA a obtenu au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris des prix d’opéra et de musique de chambre (classe de Mr C. Ivaldi) ; au CRR de Reims des prix de chant piano, formation musicale et musique de chambre. Elle est également lauréate des “Schubertiades” de la fondation France Télécom en 1996.

Invitée à l’Opéra, elle a collaboré avec l’Orchestre de Montpellier (« le miroir de Jésus »), l’Orchestre National d’Ile de France, l’Orchestre de Lyon et interprète régulièrement les plus belles pages de la musique de chambre.

L’intérêt qu’Isabel Soccoja porte à la musique du 20e siècle l’a amenée à collaborer avec des ensembles, tels que l’ensemble Intercontemporain, l’ensemble Contemporain, l’ensemble Ars Nova, Itinéraire, etc.

Elle a effectué des tournées dans le monde entier avec l‘ensemble Voxnova, dir. Nicholas Isherwood.

Elle participe aussi à des spectacles de Théâtre (D.G. Gabily, Cie Le Grain, C. Dormoy) et de danse (L. Touzé, O. Grandville, M. Gourfink, O. Renouf).

Attentive à la création d’œuvres nouvelles, elle a travaillé avec des compositeurs comme L. De Pablo, K. Stockhausen, L. Berio et P. Boulez, P.Dusapin


Elodie REIBAUD

Après s’être formée aux CRR de Tours et de Boulogne-Billancourt, Elodie Reibaud poursuit ses études à la Haute Ecole de Musique de Genève où elle obtient un Diplôme de Soliste (2007) et un Master de Pédagogie (2009). Elle se perfectionne par la suite auprès de Frédérique Cambreling au Centre Supérieur de Musique Musikene de San Sebastian, ainsi qu’auprès de Christine Icart. Elle a la chance de rencontrer Ursula Holliger en 2004 avec qui elle travaille les Sequenzen über Johannes I.32 ainsi que Präludium, Arioso und Passacaglia de Heinz Holliger ce qui lui permet d’entrer de manière assez profonde dans l’univers de ce compositeur. Lors de son cursus à la HEM de Genève, elle travaille régulièrement avec des étudiants des classes de composition de Mickaël Jarrell et Luis Naon pour des créations mais également à la captation de certaines pièces et fait partie de l’Ensemble contemporain, dirigé par Jean-Jacques Balet.

Elle intègre en 2010 l’Académie du Festival de Lucerne où elle joue, entre autres œuvres, Figure-Doubles-Prismes de Pierre Boulez, sous la direction du compositeur, ainsi que des œuvres de musique de chambre telles que Death of Light/Light of Death de Johnathan Harvey, Bryce de Toru Takemitsu.

Entre 2008 et 2016, Elodie a eu l’occasion de travailler sur des œuvres de répertoire solo, de musique de chambre et orchestrales de compositeurs tels que Thiêt, Berio, Takemitsu, Taïra, Boulez, Hosokawa, Holliger, Huber, Donatoni, Marcland, Harvey...

Elodie Reibaud a eu l’occasion de se produire dans différents festivals et saisons, tels que la Convention Internationale de la Flûte (2011 et 2016), le festival de musique contemporaine « Ebruitez-vous » (2012, Rennes), Brocéliande Romantique (2013, Ploërmel), Saison des Carmes de Vannes (2014, 2015, 2016), l’Heure Musicale de Nantes (2014), Les Flâneries musicales de Reims (2015 et 2016), Saison Adac du CRR de Reims (2017) et au sein de différents orchestres, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, l’OSR, le Berliner Symphoniker, le Sinfonieorchester Basel, et sous la direction de chefs tels que Dennis Russell Davies, Patrick Davin, Jean Deroyer, Antoine Marguier.

Elodie Reibaud est actuellement professeur de harpe au Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims.


NOTICE DE L’ŒUVRE :

FALL - LOVE LETTERS FRAGMENTS

2017 - 13’
Création, Commande Ina GRM

Fall - love letters fragments clôture le dernier volet de The lips cycle (Le cycle des lèvres), série de cinq pièces avec électronique pour différentes formations combinant mezzo-soprano, flûte, alto et harpe. Commencé en 2010 avec Lips, your lips pour voix et électronique, le cycle traite la question de la sensualité liée à l’acte de produire le son, mais aussi de le percevoir.
Ce traitement est réalisé sur divers plans. D’abord sur un plan purement sonore par l’exploration de certaines techniques de production du son instrumental et vocal, dont l’un des objectifs est de mettre en évidence les plus petites expressions sonores, le minimum auditif, de telle manière qu’elles deviennent le matériel générateur d’une dimension formelle bien plus large. Ainsi, un élément infime, une minuscule terreur, sont alors amenés à produire un environnement musical complexe. Sur le plan de l’électroacoustique : dans son rapport d’imbrication immédiate avec le son instrumental et vocal, il dévoile ses moindres détails, les magnifie et les re-contextualise par le même coup, les projetant ainsi sur une nouvelle échelle formelle, une nouvelle situation d’écoute. Sur le plan de la spatialisation, qui est intégrée dès le départ dans l’écriture de l’électronique: une quadriphonie entoure l’auditeur et projette autour de lui des trajectoires et des volumes sonores bien précis. Cette écriture de l’espace qui in fine, fait partie de la matière sonore elle-même, vient interpeler l’auditeur en permanence, il touche son corps comme si le corps devant le son se présentait plus que nu : dépourvu de peau.

Sur le plan thématique, certaines actions creusent le sujet central du cycle : l’halètement, la respiration, le claquement de la langue contre le palais, la mise en vibration des lèvres, la parole, les doigtés, le souffle, les articulations, les frottements, les frictions, etc. Sur le plan purement littéraire, certaines questions fondamentales liées à la sensualité et à la perception du son sont évoquées à travers des extraits de textes de G.W. Leibniz dans Traum Entelechiæ.

Plus concrètement, des extraits de la correspondance amoureuse échangée entre Virginia Woolf et son amante Vita Sackville West ont constitué le cadre émotionnel et sensuel de Fall, love letters fragments.

Dans ce duo pour mezzo-soprano et harpe, des bribes de textes, des fragments d’amour à peine prononcés, tissent dans leurs rapports avec l’électronique, un discours qui se fait de plus en plus intense le long de la pièce. Étrangement, la complexité croissante ne rendra pas la matière plus articulée mais au contraire, elle viendra effacer l’indépendance et la plasticité des voix, les lissant peu à peu pour laisser apparaître uniquement des contours glissés, des traces (de chants, de frottements, etc.) rappelant à peine leurs états initiaux.

L’ensemble du matériel électroacoustique de Fall - love letters fragments a été produit à partir de l’enregistrement de la voix d’Isabel Soccoja et de la harpe d’Élodie Reibaud, que je remercie pour les traces qu’elles ont su laisser.

Daniel D’Adamo

NB : les citations en italiques appartiennent à Pascal Quignard, La Haine de la Musique, éd. Calmann-Levy, 1995.