Ernest Leardée ou le roman de la Biguine, histoire du bal nègre rue Blomet

01 janvier 1975
05m 08s
Réf. 00602

Notice

Résumé :

Ernest Leardée, père de la biguine évoque le "bal nègre" qu'il avait créé rue Blomet à Paris. Il revient sur les lieux aujourd'hui devenus salle de billard. Pour recréer l'ambiance de l'époque, le groupe Malavoi joue et chante la biguine. Un danseur imite le fameux Félix Ardenet dit "Bam, Bam".

Type de média :
Date de diffusion :
01 janvier 1975

Éclairage

La Biguine, cousine du Jazz, a vu le jour aux Antilles au début du XIXe siècle.

Les musiques de l'esclavage se regroupent sous l'appellation de Kalenda, et malgré les efforts de la classe dominante, certains esclaves passent outre les interdictions et continuent à célébrer leurs rites, chants et danses ancestraux. Imprégnés toutefois de cette ambiance culturelle à la française, ils sont pratiquants d'instruments divers et influencés des airs et des expressions nouvelles venant de l'Occident mais aussi amenés par les corsaires et les flibustiers.

La proximité géographique des États-Unis est un facteur essentiel de la rencontre du Jazz et de la Biguine. La danse et la musique sont indissociables, toniques, lascives et chaloupées. Ce sont les grands artistes : Alexandre Stellio, Ernest, Félix Valvert, Sam Castanet, ... qui font connaître cette musique en Métropole dans les années trente. La croissance économique est accompagnée d'un changement de mentalité qui se manifeste par le désir d'expériences nouvelles. Ce terrain a favorisé l'engouement pour la musique et la danse venue des Antilles, qui a été symbolisé par le très grand danseur Félix. A cette époque, à Paris, on dansait la Biguine dans différents lieux, au « bal nègre » de la rue Blomet, au « bal colonial », etc...

Plus récemment le groupe Malavoi a permis de faire revivre et populariser la Biguine en l'associant à d'autres musiques afro-cubaines.

Edmony Krater

Transcription

(Musique)
Journaliste
Il choisit le numéro 33 de la rue Blomet et installa dans l’arrière salle d’un café le bal nègre qu’il imaginait.
(Musique)
Journaliste
Avec lui, nous étions revenus sur place 56 ans plus tard pour voir.
(Musique)
Ernest
Quand je suis arrivé là, je suis resté devant la porte plus de 10 minutes à réfléchir à tout ça. Tout ça, je veux dire, mais qu’est-ce que tu vis là ? C’est ça alors, eh ben, c’est pas possible, j’ai dit, c’est pas possible, Ernest, c’est pas possible ! Ça fait 57 ans déjà ! Ah, ah, ah, la vie !
(Musique)
Ernest
J’ai dit, mais Ernest, tu es en vie, une vie de combien d’années ? Ça, c’est pas possible, qu’est-ce qui se passe ? Ça, c’est un rêve, ou qu’est-ce que c’est ?
(Musique)
Journaliste
Le tournage dans cette salle ne devait durer que quelques heures. Mais nous ne voulions pas que le retour d’Ernest ici s’arrêta à la reconnaissance de ce que l’endroit était devenu aujourd’hui, une salle de billard plutôt déserte et morose. Nous avions donc demandé à Malavoi, un groupe de musiciens martiniquais, de nous y rejoindre. Enfin, nous avions réveillé un autre souvenir, celui d’un danseur noir particulièrement adroit qu’Ernest avait engagé pour animer les nuits du bal et qui attira tout Paris. Il s’appelait Félix Ardinet mais on le surnommait Bam-Bam à cause d’une mélodie qu’Ernest jouait pour lui et que toute la salle reprenait en cœur.
Ernest
Mais ce type-là avait un succès fou avec ce qu’il faisait, mais si tu voyais ce type, comment il se cambrait, se mettait vertical avec tout son corps, et puis, qu’il traînait comme ça avec sa canne dans la main, comme ça. Tout le monde lui faisait Bam-Bam, Bam-Bam !
(Musique)
Ernest
50 ans après, jamais j’aurais cru trouver un type qui ressemble un peu à Félix Ardinet, Bam-Bam, faire ce qu’il a fait. Et ce type-là est jeune, qui c’est qui l’a appris à montrer exactement comme Félix faisait ? Je ne sais pas !
(Musique)