Italienne avec orchestre de Jean-François Sivadier

19 septembre 2006
02m 25s
Réf. 00024

Notice

Résumé :

En 2006, Jean-François Sivadier reprend la mise en scène de sa pièce Italienne avec orchestre à l'Opéra de Lille. Extraits du spectacle, interview de l'auteur-metteur en scène et réactions des spectateurs à la sortie du spectacle.

Date de diffusion :
19 septembre 2006
Source :

Éclairage

Né en 1948, Jean-François Sivadier est comédien, auteur et metteur en scène. Ancien élève de l'école du Théâtre National de Strasbourg, il a fait partie du groupe Tchan'G et a joué dans plusieurs pièces écrites et mises en scène par Didier-Georges Gabily.

En septembre 2006, l'Opéra de Lille présente en ouverture de saison Italienne avec orchestre, de et mis en scène par Jean-François Sivadier. La pièce avait été créée en 1996 au Cargo de Grenoble. La programmation 2006-2007 de l'Opéra comprend par ailleurs la mise en scène, par Jean-François Sivadier, de Wozzeck de Berg et la mise en scène, par Irina Brook, de La Traviata de Verdi.

Dès les début de la représentation, les spectateurs sont invités à prendre la place des musiciens dans la fosse d'orchestre et s'installent ensemble derrière des pupitres. Ils assistent et participent à une répétition « à l'italienne » de La Traviata de Verdi en présence du chef d'orchestre (interprété par Jean-François Sivadier), du metteur en scène, de la diva et d'une jeune chanteuse.

Le reportage, diffusé lors du Journal de 13h, donne un aperçu de la scénographie qui propose un dispositif original déjouant les codes et les attentes de la représentation. Les comédiens évoluent autour de la fosse, sur scène et dans la salle, et les spectateurs perçoivent souvent le « spectacle » indirectement (bruits et dialogues alentour, jeux d'ombres, « retour » vidéo sur un écran...). La pièce met au centre de sa réflexion la place du spectateur qui est ici constamment remise en question. Sollicité par des adresses multiples, le spectateur devient partenaire de jeu et endosse tour à tour le rôle de confident, de témoin ou encore de souffre-douleur. Cette dramaturgie s'amuse à détourner et déplacer sans cesse le regard et la nature de l'objet regardé. Cette ambivalence naît de la posture inhabituelle des spectateurs mais aussi de la présence au bord de la fosse du « vrai » metteur en scène (qui interprète le chef d'orchestre) aux côtés du « faux » metteur en scène (Nicolas Bouchaud) et de la participation intempestive des machinistes à la réalité et à l'illusion de cette répétition.

Sur le mode de la parabole, le spectacle interroge le rapport de chacun (auteur, acteur, spectateur, technicien) à la communauté artistique. Il souligne les enjeux et les embûches de la création qu'il met, directement ou indirectement, en relation avec le politique. Jouant avec les codes de la théâtralité, il dévoile les rouages de l'opéra qui apparaît comme une grande machinerie dont le spectateur ferait partie intégrante.

La mise en scène, qui convoquait en particulier une interprétation burlesque et lyrique, remporta un grand succès auprès du public.

En 2003, une suite avait été donnée à la pièce : dans Italienne, scène et orchestre (de et mis en scène par Jean-François Sivadier, création au Théâtre National de Bretagne à Rennes), les spectateurs étaient invités, dans une première partie, à prendre la place sur scène des membres du chœur pendant la répétition de l'opéra.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentatrice
Si vous aimez à la fois le théâtre et l’opéra et que vous avez envie d’un spectacle original, direction l’Opéra de Lille. Vous pourrez y découvrir Italienne avec orchestre . Le dispositif de mise en scène est inédit et interactif. Je ne vous en dis pas plus, découvrez plutôt avec le reportage d’Isabelle Baechler et Didier Dahan.
Journaliste
Les comédiens sont dans la salle, le public arrive dans la fosse, c’est le monde à l’envers pour cette répétition de La Traviata, au moment où la diva arrive.
Comédien 1
[Inaudible]
Comédien 2
Nous allons sauver cette Traviata en dépit de Verdi.
(Musique)
Journaliste
La salle est résolument vide. Sur scène, Violette chante en play-back, dans la fosse on ne la voit que sur un écran de contrôle.
Comédien 3
Elle regarde la télé, elle, incroyable.
Jean-François Sivadier
C'était le meilleur moyen que j’ai trouvé pour plonger le public au cœur d’une des grandes questions qu'il y a à l’opéra, c’est-à-dire la rencontre entre le théâtre et la musique.
Comédienne 1
C’est très intéressant de voir la préparation d’un spectacle parce qu’on est toujours spectateur dans nos fauteuils.
Journaliste
L’activité qui a lieu sur scène ou son illusion ne sont perceptibles qu’en ombre portée pour les spectateurs.
Comédien 3
Vous n’avez rien à regarder là-bas, c’est moi qui vous regarde.
Journaliste
Sept machinistes et quelques accessoires figurent toute l’activité de la fameuse scène du bal masqué.
(Musique)
Comédien 3
Je vous dis de vous mettre plus avant et vous avant, ensemble… Ils sont pas français… Vous voyez ce que je veux dire, comment on dit ça en français… De changer de place.
Journaliste
Et le public est au cœur du spectacle.
Inconnue 1
On se prend tellement au jeu qu'on vraiment on est à la place de l’orchestre et j’ai trouvé qu’à la fin il y a eu un blanc, moi j’attendais qu’il y ait des applaudissements.
Inconnue 2
C’est impressionnant, impressionnant.
Inconnu 3
Moi j’étais stupéfaite et la bouche ouverte en admiration devant le chef d’orchestre.
Comédienne 2
Merci, bonne soirée.
Journaliste
Allez, il est temps de prendre vos violons.