Inferno de Romeo Castellucci au Festival d'Avignon

05 juillet 2008
02m 10s
Réf. 00027

Notice

Résumé :

En 2008, Romeo Castellucci est l'un des artistes associés du Festival d'Avignon. S'inspirant de La Divine Comédie de Dante, il présente notamment Inferno dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Extraits du spectacle et interviews de Vincent Baudriller, codirecteur du Festival, et de deux spectatrices sur l'histoire et les enjeux de la manifestation.

Date de diffusion :
05 juillet 2008
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Fiche CNT :

Éclairage

Romeo Castellucci est un metteur en scène italien né en 1960. En 1981, il fonde avec Chiara Guidi (dramaturge) et Claudia Castellucci (écrivain) la Socìetas Raffaello Sanzio, installée à Cesena (Italie). Cette compagnie réunit différentes pratiques artistiques telles que le théâtre, la musique, la peinture ou encore la mécanique et la vidéo. Les spectacles de Romeo Castellucci sont régulièrement accueillis par les festivals internationaux, à l'instar du Festival d'Avignon qui, dès 1998, reçut Giulo Cesare, une adaptation de l'œuvre de William Shakespeare. A partir de 2001 et pendant quatre ans, la Socìetas Raffaello Sanzio mena une vaste réflexion sur la tragédie et le tragique : intitulée Tragedia Endogonidia, elle vit la naissance de onze spectacles-épisodes représentés chacun dans dix villes européennes.

Plasticien et théoricien du théâtre, Romeo Castellucci invente une théâtralité qui fait dialoguer artisanat et nouvelles technologies. Il remet également en cause la place du texte au théâtre. Les spectacles de sa compagnie prennent la forme d'adaptations de textes classiques ou modernes, littéraires ou théâtraux, ou encore de créations originales. Chacun insiste sur le rapport du corps à la matière et au rythme. Dans cette dramaturgie de la cruauté, qui procède d'une écriture du plateau héritée de la pensée d'Antonin Artaud, l'artiste donne à voir et à entendre le monstrueux au travers des corps et des voix déformés. Devant ces œuvres, qui cherchent à ébranler la perception du spectateur, les réactions sont souvent contrastées.

Tandis que s'ouvre le Festival d'Avignon, le reportage (diffusé le 5 juillet 2008 lors du Journal de 20h de France 2, quelques heures avant la première représentation d'Inferno) reçoit quant à la programmation le témoignage de Vincent Baudriller, qui codirige, avec Hortense Archambault, le Festival d'Avignon depuis 2003. Chaque spectacle programmé participe d'une même ambition, celle d'offrir une proposition scénique originale apte à surprendre le spectateur. Inferno apparaît dès lors comme une œuvre majeure parmi la multitude des spectacles programmés dans le cadre des festivals « In » et « Off ».

En 2008, les directeurs invitent Romeo Castellucci à endosser, avec Valérie Dréville, le rôle d'artiste associé du Festival. Le reportage propose des extraits de la répétition « générale » de ce spectacle qui fait partie d'une trilogie. Inferno (représenté dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes), Purgatorio (représenté à Châteaublanc – Parc des expositions) et Paradiso (représenté dans l'Eglise des Célestins) s'inspirent librement des trois volets de La Divine Comédie de Dante (écrite entre 1307 et 1319). L'écriture de cette œuvre par le poète italien est contemporaine de l'installation de la papauté à Avignon et de la construction du premier Palais des Papes.

A l'évocation, par deux spectatrices, du défi que représente pour le metteur en scène la création d'un spectacle dans la Cour d'Honneur, Romeo Castellucci répond par un spectacle qui comprend peu de mots mais investit entièrement l'architecture du lieu pour lequel il a été écrit (la pièce partira ensuite en tournée). De ce vivant témoignage du passé que constitue l'édifice, l'artiste fait un partenaire de jeu. C'est après avoir escaladé la façade de la Cour qu'un homme laisse tomber, depuis le sommet, un ballon sur le plateau. Notons également la présence sur scène de cinquante figurants amateurs qui incarnent la masse dans laquelle se confond l'artiste. En préambule du spectacle, celui-ci s'avance seul sur scène, tel le poète à l'entrée de l'Enfer. A peine a-t-il le temps de se présenter que des chiens se ruent sur lui. Traduisant l'effroi et la nostalgie de l'homme face au monde, les tableaux visuels d'Inferno deviennent l'héritage théâtral des célèbres chants écrits pendant la Renaissance italienne.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
Direction Avignon maintenant et son mythique festival, fondé par Jean Vilar en 1947. Avec, comme chaque année, des spectacles de danse, de musique et bien sûr de théâtre. Et la cour du Palais des Papes accueillera ce soir Inferno, le premier volet d’un triptyque inspiré de la Divine Comédie de Dante Abdel Mostefa et Frédéric Capon ont suivi la générale.
Journaliste
C’est toujours ici qu’un festival d’Avignon commence véritablement. Dans le Palais des Papes et sa mythique cour d’honneur. Deux milles spectateurs face à cette scène, large d’une trentaine de mètres et ce mur dominant tout le monde.
Inconnue 1
On se sent tout petit, on se sent en même temps, enveloppé par la lune, la nuit. Et puis, je pense que pour les comédiens et les metteurs en scène, ça doit être un défi aussi.
Inconnue 2
J’ai vu Jeanne Moreau, j’ai vu plein de gens là-dedans. Et c’est vrai qu’on a une dimension sur le volume, sur l’occupation de l’espace. Il y avait des metteurs en scène qui se sont plantés là quand même !
Journaliste
Ce soir, le Palais des Papes a rendez vous avec l’enfer. Le spectacle est tiré du livre La Divine Comédie de Dante. Il s’appelle Inferno. Car le metteur en scène est italien. Un metteur en scène adepte d’un théâtre visuel, parfois choc. Voici donc le travail de Romeo Castellucci. Artiste à rebrousse-poil comme les aime le festival.
Vincent Baudriller
On choisit toujours des artistes qui peuvent prendre ce lieu, comme un lieu d’aventure artistique. Donc, des créateurs qui prennent des risques, qui cherchent, qui inventent ; pour surprendre pour étonner le spectateur, car le Festival d’Avignon c’est d’abord un lieu de création.
(Silence)
Journaliste
Toute la cour d’honneur est utilisée. C’est une série de tableaux étranges pour évoquer le voyage de Dante dans les neuf Cercles de l’enfer. Des images parfois très dures. Souvent originales, comme cette crèche, en pleine cour d’honneur. De quoi marquer des spectateurs visiblement aux anges hier et dans de beaux draps aussi. D’ici à début août, entre le In et le Off, ils auront à choisir parmi un millier de spectacles.