Le Sang des promesses de Wajdi Mouawad au Festival d'Avignon

09 juillet 2009
02m 12s
Réf. 00028

Notice

Résumé :

Artiste associé du Festival d'Avignon 2009, Wajdi Mouawad met en scène, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, les trois premiers volets de sa tétralogie intitulée Le Sang des promesses. Le spectacle, qui comprend Littoral, Incendies et Forêts, dure plus de onze heures. Extraits du spectacle, reportage sur la préparation et l'endurance des spectateurs et interviews de spectatrices.

Date de diffusion :
09 juillet 2009
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Fiche CNT :

Éclairage

Wajdi Mouawad est écrivain, auteur de théâtre, comédien, metteur en scène et réalisateur. Né en 1968 au Liban, la guerre civile l'oblige très jeune à quitter son pays natal et à vivre en France puis au Québec. Depuis 1991, il a écrit pour le théâtre une quinzaine de pièces qu'il a lui-même mises en scène. Ses œuvres s'élaborent en collaboration avec ses comédiens au cours des répétitions. Son expérience d'écriture se nourrit également de son travail de metteur en scène sur des textes d'auteurs classiques ou contemporains.

En 2009, le Festival d'Avignon accueille Wajdi Mouawad en tant qu'artiste associé. Le dramaturge-metteur en scène y présente Le Sang des promesses, une tétralogie composée de Littoral, Incendies, Forêts et Ciels. Les trois premières pièces (qui avaient déjà été créées antérieurement) sont représentées ensemble dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Le spectacle dure plus de onze heures (la Cour d'Honneur n'avait pas vu de pièce aussi longue depuis la mise en scène, en 1987, par Antoine Vitez du Soulier de Satin de Paul Claudel). A cette occasion, l'auteur a retravaillé les deux premiers textes, notamment celui de Littoral. Le reportage, diffusé lors du Journal de 20h du 9 juillet 2009, insiste sur la durée exceptionnelle du programme et la préparation qu'elle requiert de la part des spectateurs.

Les trois œuvres ont en commun une structure proche de l'épopée. L'usage de la narration rend possible la multiplication des lieux et des époques. Morts et vivants se croisent sur une scène qui suit les parcours de personnages s'avançant au milieu du désastre. Chaque intrigue interprète différemment les enjeux de l'héritage. S'attachant à rejoindre les motifs de l'écriture du mythe, Wajdi Mouawad travaille particulièrement sur la forme poétique de la langue.

Ecrit et créé en 1997 à Montréal, Littoral fut représenté en France en 1998 lors des Francophonies en Limousin et inaugure le succès du dramaturge dans l'Hexagone. La pièce fut reprise en 1999 au Festival d'Avignon. La fable est celle du périple de Wilfrid qui souhaite enterrer son père en sa terre natale. Alors qu'il découvre un pays en guerre, il ne trouve personne pour accueillir la dépouille du défunt. Son parcours est jalonné de rencontres qui contribuent à sa quête du sens de l'héritage.

Ecrit en 2002 et créé en 2003, Incendies propose une autre recherche de l'origine. Jeanne et Simon, jumeaux, reçoivent les dernières volontés de leur mère qui les exhorte à revenir dans son pays natal. Au milieu d'un pays en proie à la guerre civile, ils devront, chacun de leur côté, mener l'enquête dictée par ce testament.

Ecrit en 2005 et créé en 2006, Forêts remonte le fil de l'histoire de Loup : la pièce donne à voir le destin de cinq générations de femmes qui ont toutes fait l'épreuve de la guerre.

Présenté quelques jours plus tard à Châteaublanc – Parc des Expositions, Ciels est le quatrième volet de la tétralogie. Il apparaît comme le contrepoint des œuvres présentées dans la Cour d'Honneur. La pièce fait intervenir notamment six personnages qui enquêtent séparément sur un attentat terroriste. Pour ce faire, ils écoutent des voix émises à travers le monde.

Notons par ailleurs que Wajdi Mouawad a réalisé en 2005 une version cinématographique de Littoral. Denis Villeneuve a quant à lui adapté pour le grand écran Incendies en 2010.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
Le coup d’envoi du festival d’Avignon avec une curiosité et une performance cette année, un spectacle de 11 heures. 11 heures sur scène pour les comédiens, c’est une trilogie. 11 heures sur les gradins de la cour d’honneur du Palais des Papes pour les spectateurs. Cela commence à 20 heures, cela se termine après 7 heures du matin. Les couvertures et les thermos sont fournis sur place. Antoine Gaveau, Vincent Barral.
Journaliste
A la fin d’un spectacle, c’est normal, le public applaudit les artistes. C’est beaucoup plus curieux quand les rôles s’inversent. Mais tôt ce matin à Avignon, on ne savait plus très bien de quel côté était l’exploit. Reprenons, il est 20 heures hier soir dans la cour d’honneur du Palais des Papes, 2000 courageux spectateurs. Parti pour un marathon théâtral, 11 heures de représentation. Pas de panique pour ces 3 jeunes filles venues spécialement de Paris, elles ont tout prévu.
Inconnue 1
On campe ici ce soir.
Inconnue 2
Déjà il faut avoir de quoi à manger, boire et puis avoir chaud.
Journaliste
Le spectacle, 3 pièces enchaînées de Wajdi Mouawad, artiste libano québécois et attraction du festival. Minuit et demi, fin de Littoral et début d’Incendie, la deuxième pièce.
(Bruit)
Journaliste
Avec la lune, le froid arrive et la fatigue se fait sentir.
Inconnue 3
On n’a pas [inaudible], mais on accroche quand même.
Inconnue 2
J’ai de l’énergie pour 3 s’il faut.
Journaliste
5 heures du matin, le jour se lève sur des spectateurs transformés en forêt de couvertures. 3 à 400 seulement sont partis, les autres se passionnent toujours à des degrés divers pour les intrigues de la scène. Ici se jouent l’exode, l’exil, la mort ou les non-dits familiaux. Toute la nuit, une performance scénique incroyable et une expérience inoubliable.
Inconnue 3
C’est génial !
Inconnue 1
Super journée, fatiguée mais vraiment bien.
Journaliste
Pour les plus téméraires, Wajdi Mouawad présente une quatrième pièce au Festival d’Avignon. Elle dure 3 heures, une broutille.