Le Théâtre de Bourgogne : Centre Dramatique

15 janvier 1966
04m 44s
Réf. 00152

Notice

Résumé :

Jacques Fornier présente le Théâtre de Bourgogne après une session de répétition. Il explique comment fonctionne un théâtre comme le Théâtre de Bourgogne, avec tous ses corps de métier. Il s'attarde également sur la question du public, et de l'accessibilité des pièces aux différents publics, scolaires, adultes, initiés, etc.

Date de diffusion :
15 janvier 1966
Source :

Éclairage

En 1955, Jacques Fornier, accompagné de cinq camarades, Juliette Brac, Claire Ifrane, François Chodat, Guillaume Kergoulay et Roland Bertin, tous parisiens, arrivent en Bourgogne avec l'espoir de s'y installer comme troupe permanente. Ils ont auparavant tenté leur chance en Bretagne, avec peu de succès. La Bourgogne n'est encore couverte par aucun Centre Dramatique. Celui de l'Est n'a pas réussi à s'y implanter. Sans point de chute en Bourgogne, ils rencontrent finalement Catherine Dasté, fille de Jean et Marie-Hélène Dasté et petite-fille de Copeau, qui habite la maison de Pernand-Vergelesse, près de Beaune, lieu mythique où Jacques Copeau et ses Copiaus s'étaient retirés en 1924, lassés du théâtre parisien. Jacques Fornier et sa troupe s'installent là, et répètent dans la grange aménagée à l'époque par Jacques Copeau, reproduisant la scène du Théâtre du Vieux-Colombier à Paris. Leur premier projet s'appelle Molière, sa vie, son œuvre à mi-chemin entre spectacle et conférence. La première a lieu à Pernand-Vergelesse. S'ensuit une tournée dans toute la région qui leur permet de rencontrer le public et les institutions déjà existantes. Ils obtiennent alors une subvention de l'Etat puis du Conseil Général de Côte-d'Or.

En 1960, alors que la municipalité de Beaune a mis à leur disposition une maison et une petite subvention, ils obtiennent de l'Etat le statut de troupe permanente, avec une subvention annuelle de fonctionnement. Cela leur permet enfin de voir un peu plus loin et de vivre dans de meilleures conditions. Malgré un travail de terrain important, et l'ouverture à d'autres metteurs en scène, le Théâtre de Bourgogne n'a toujours pas de structure pérenne. Suite à plusieurs échecs dans la négociation de l'ouverture d'une Maison de la Culture à Dijon, Jacques Fornier envisage de diriger celle de Chalon-sur-Saône. Après plusieurs années d'implantation dans la région de Chalon, le Théâtre de Bourgogne se recentre en Côte d'or au début des années 70, et plus particulièrement à Beaune. Finalement Jacques Fornier quitte le Théâtre de Bourgogne en 1971 pour diriger le Théâtre National de Strasbourg. Après des décennies d'errance en recherche d'un lieu d'implantation pérenne, ce n'est qu'en 1974 qu'est envisagée l'installation du Nouveau Théâtre de Bourgogne dans son lieu actuel, l'ancienne église du Parvis Saint-Jean rendue par l'Eglise à la ville de Dijon en 1973.

Le Théâtre Dijon-Bourgogne, tel qu'il a été renommé, est dirigé par François Chattot depuis 2007. Il occupe toujours l'ancienne église du Parvis Saint-Jean.

Sidonie Han

Transcription

Comédienne 1
Alors, qu’est-ce qui va venir
Comédien 1
Je ne sais pas, j’attends
(Silence)
Comédienne 2
Non, non, ne lève pas la tête ! Je sais ce que tu caches avec tes mains, je sais que tu n’as plus de visage. Je ne vous connais pas ?
Comédien 2
Je ne suis pas le bourreau madame.
Jacques Fornier
Pas mal les enfants attendez, y a encore un tout petit ennui. C’est donc de descendre un tout petit peu plus sur la marche. Lise, vous arrivez et prenez le pas tout de suite, hein, arrivez bien devant dans la pièce, et prenez-le là, à ce moment là. Et toi, Robert, comme tu étais, mais dégage toi encore plus vers ce canapé-ci. Tu te lèves et tu viens plus près de ce canapé pour lui dire, je ne suis pas le bourreau. Bon merci on reprend.
Journaliste
Mais dites monsieur, de quel droit interrompez-vous comme ça les comédiens ?
Jacques Fornier
Parce que moi aussi je participe à cette pièce avec les comédiens, avec les techniciens, puisque j’en fais la mise en scène et que, aussi, je dirige le Théâtre de Bourgogne.
Journaliste
Alors vous êtes Jacques Fornier ?
Jacques Fornier
Voilà !
Journaliste
Est-ce que ce théâtre de Bourgogne est un théâtre comme les autres, quel est le but que vous poursuivez ?
Jacques Fornier
C’est un théâtre comme les autres si nous nous rapprochons des centres dramatiques. Et comme notre compagnie est en fait un centre dramatique, c’est un peu un théâtre comme les autres si les centres dramatiques font ce travail que nous faisons actuellement en Bourgogne. Notre travail, notre principal objectif évidemment est de rassembler autour de nous le plus grand nombre de spectateurs possible. Et nous avons d’autres objectifs qui est bien entendu, celui d’avoir, de posséder une compagnie parfaitement rodée. Quand j’entends compagnie, j’entends non seulement les comédiens, bien entendu, qui sont le fer de lance d’une troupe ; mais bien entendu tous les services qui opèrent autour de ces comédiens ; c’est-à-dire les services techniques, les services administratifs, mais aussi les services artistiques de recherche, de recherche sur le théâtre actuel, sur la recherche de créations. Et ceci demande énormément de personnes, de personnes compétentes et de personnes qualifiées. Et donc, la compagnie est un rassemblement, lieu de rassemblement de ces différentes personnes, de ces différentes compétences qui à leur tour rassemblent, alors cette fois-ci, le plus grand nombre de publics possible
Journaliste
Et précisément à quel genre de public vous adressez-vous ?
Jacques Fornier
Il n’y pas de genre de public, il y a un public. Il est certain que ce public peut aussi, petit à petit évidemment se trouver divisé par notre répertoire. Car en effet un certain répertoire va plus particulièrement à un public, un autre répertoire s’adresse à un second public. On peut, si vous voulez, considérer si on doit diviser les publics, à un public scolaire particulièrement et à un public adulte. Ça, je crois que ce sont les deux grandes divisions de notre public, et les deux divisions principales. Il y a aussi évidemment un répertoire qui s’adresse peut-être un peu plus particulièrement à un spectateur qui serait lui-même très intéressé par des recherches de forme et de fond sur le théâtre. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons créé à Beaune ce théâtre de poche. En effet, dans ce théâtre de poche, nous nous adressons au plus grand nombre ; mais dans ce plus grand nombre aux personnes les plus touchées, les plus intéressées, les plus curieuses, si vous voulez, de la forme du spectacle. Et c’est grâce à ce, peut-être, à ce théâtre de poche que nous allons pouvoir présenter des créations demandant peu de moyens techniques et peu de moyens humains. Quand j’entends moyens humains, j’entends personnel artistique. Et rechercher ensemble avec la participation artistique, avec la participation même du public. C’est-à-dire que le public participe lui-même à notre recherche, en étant très près de notre création, de nos moyens d’expression ; et pouvant même agir sur ces moyens d’expression en discutant sur des répétitions, en discutant sur des représentations, en discutant même après les représentations bien entendu. C’est-à-dire que nous voulons interpénétrer nos moyens d’expression avec le récepteur, et ce récepteur étant le public.