Rétrospective sur le TNS et arrivée de Jean-Louis Martinelli à la direction

11 juin 1994
02m 05s
Réf. 00158

Notice

Résumé :

Une petite rétrospective des directeurs du Théâtre National de Strasbourg de Hubert Gignoux jusqu'à Jean-Louis Martinelli permettent de saisir la situation du TNS au début du mandat de Martinelli. Ce dernier explique ensuite son projet pour le théâtre.

Date de diffusion :
11 juin 1994
Source :
Thèmes :

Éclairage

Jean-Louis Martinelli (1951-) arrive à la direction du Théâtre National de Strasbourg en 1993. Cela fait alors 25 ans que le TNS existe sous la forme d'un Théâtre National et 46 ans si l'on prend en compte l'époque du Centre Dramatique de l'Est, premier centre dramatique de France, qui donna naissance au TNS. Le premier directeur du TNS, Hubert Gignoux, metteur en scène et comédien français qui participa activement à la décentralisation théâtrale en France, avait abandonné son poste en 1971 à cause des difficultés financières rencontrées. Son successeur, Jacques Fornier, avait fait de même un an plus tard en 1972. Il semble qu'au cours des décennies, la situation n'ait pas toujours été plus simple pour les directeurs du TNS, qui sont aussi contractuellement les directeurs de l'Ecole d'Art Dramatique du TNS. De 1972 à 1974, c'est André-Louis Perinetti qui dirige l'établissement, avant de partir pour le Théâtre National de Chaillot à Paris. Michel Guy, alors secrétaire d'état à la culture nomme Jean-Pierre Vincent à la tête du TNS. Jusqu'en 1983, il occupe le lieu avec des expériences théâtrales, tentant de mêler politique et esthétique. Il met notamment en scène Germinal, projet sur un roman d'après Emile Zola, ou Vichy-Fictions et Violences à Vichy de Bernard Chartreux. En 1983, il est nommé administrateur de la Comédie-Française, et c'est Jacques Lassalle qui le remplace au TNS. Il mène une politique plus recentrée sur les classiques, sans négliger l'écriture contemporaine ; son premier spectacle en tant que directeur est d'ailleurs Tartuffe de Molière avec Gérard Depardieu. Il inaugure également une nouvelle salle, plus petite, destinée à accueillir la création de jeunes auteurs contemporains, qu'il nomme « salle Hubert Gignoux » en hommage au premier directeur du TNS. Il est à son tour nommé administrateur de la Comédie-Française en 1990, et laisse alors sa place à Jean-Marie Villégier qui privilégie un répertoire classique et pré-classique, en essayant notamment de faire découvrir des œuvres oubliées. Il quitte ses fonctions en 1993.

Jean-Louis Martinelli reste directeur du TNS sept ans, jusqu'en 2000. Il met en place une troupe d'acteurs permanente et des auteurs associés. De 1996 à 1997, le Théâtre et l'école subissent d'importants travaux de rénovation qui obligent la troupe, les élèves et l'équipe du théâtre à déménager. Jean-Louis Martinelli s'attache à mettre en scène des auteurs contemporains durant son mandat, tels que Bernard-Marie Koltès (Roberto Zucco, 1995) ou Heiner Müller (Germania 3, 1997). Après lui viendront Stéphane Braunschweig puis Julie Brochen, qui dirige actuellement le théâtre et l'école.

Sidonie Han

Transcription

Présentateur
… première partie. Nous allons passer maintenant au Théâtre National de Strasbourg qui n’est pas un théâtre comme un autre, vous l’avez dit, c’est à la fois une vitrine pour toute la France et puis c’est le bébé d’une région. Résultat dans l’histoire : la mer pour le TNS n’a pas toujours été très calme.
Journaliste
Hier secoué par une houleuse succession à la direction, demain balloté hors les murs pour cause de travaux, le TNS a déjà connu mer plus calme. Mis à flot par Hubert Gignoux, le seul théâtre national hors Paris a très vite battu pavillon de la création et de l’ambition, ce qui lui vaudra reconnaissance nationale. Mais c’est Jean-Pierre Vincent, le bien-aimé qui hissera le plus haut la grande voile de l’aventure esthétique. Sous son commandement le Théâtre de Strasbourg se laisse porter par la vague de l’audace, de l’idéal libertaire, de la création collective et du déficit. Déficit que Jacques Lassalle ne parviendra pas à combler, malgré un retour dans les eaux plus sereines des grands classiques, de ceux qui vous mènent à coup sûr à bon port : Shakespeare, Racine ou Molière. Changement de cap avec Villégier le baroqueux, ses auteurs il les déniche dans les soutes du répertoire classique avec l’ambition de remonter à la surface des textes rares et oubliés, aussi rares et oubliés que le public. A la barre aujourd'hui, Jean-Louis Martinelli dit vouloir travailler sur le bateau avant de reprendre la mer. Les voies d’eau y seraient-elles si nombreuses ?
Présentateur
Un bateau difficile à diriger et à digérer ?
Jean-Louis Martinelli
Je ne sais pas, je vous le dirai dans quelque temps. Je vous le dirai dans quelques temps. Non, mais ça je peux pas encore en parler de façon très précise. Ce que je peux dire après quelques mois passés dans la maison c’est que c’est un formidable potentiel... un formidable potentiel de savoir-faire, un formidable potentiel d’imagination et de personnes qui sont là, prêtes et compétentes pour faire du théâtre mais il est bien évident que si on dit qu’un théâtre se dirige du plateau, faut-il encore que le metteur en scène qui est nommé à la direction de ce théâtre là soit soucieux d’organiser le théâtre en fonction justement du geste du plateau et non pas simplement dire « je suis artiste, je vais faire du théâtre ». Je crois que c’est tout à fait important.