Le Théâtre Nanterre-Amandiers dirigé par Patrice Chéreau

24 février 1983
02m 59s
Réf. 00161

Notice

Résumé :

Patrice Chéreau, nouveau directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, explique son projet ; une école dans l'enceinte du théâtre, deux salles, l'une classique, et l'autre entièrement adaptable, une librairie, un restaurant, un studio d'expérimentation de production de films.

Date de diffusion :
24 février 1983
Source :
A2 (Collection: MIDI 2 )
Artistes et personnalités :

Éclairage

En 1982, Patrice Chéreau et Catherine Tasca sont nommés à la direction du tout nouveau Centre Dramatique National Nanterre-Amandiers. Il est à la fois nouveau et ancien, puisqu'il est issu de la fusion de la Maison de la Culture et du Centre Dramatique National de Nanterre. Le bâtiment dans lequel Chéreau et Tasca s'installent a été inauguré en 1976. Mais l'histoire du Théâtre Nanterre-Amandiers remonte à 1965, quand Pierre Debauche et sa compagnie créent un festival sous chapiteau au lieu dit Côte des Amandiers, dans un Nanterre encore constitué en grande partie de bidonvilles. C'est la deuxième vague de la décentralisation théâtrale, amorcée en 1946 par Jeanne Laurent, sous-directrice à la direction des spectacles. Le premier bâtiment du théâtre, provisoire, est ouvert en 1969 pour la future Maison de la Culture de Nanterre, dirigée par Pierre Debauche et Pierre Laville. En 1971, c'est la création du Centre Dramatique National, qui sera dirigé à partir de 1974 par Xavier Pommeret.

Lorsque Patrice Chéreau et Catherine Tasca arrivent à Nanterre, ils héritent donc d'un lieu chargé d'histoire. Patrice Chéreau crée une école dès son arrivée, l'école des amandiers de Nanterre, qui ne survit pas à sa direction. Il installe aussi une librairie et un restaurant dans l'enceinte du théâtre, souhaitant en faire un lieu de vie et de culture. Les deux salles sont réaménagées ; la première est une grande salle, classique, avec un plateau de plus de 30 mètres d'ouverture, la seconde est entièrement transformable, permettant d'expérimenter des configurations spatiales nouvelles, adaptées à l'évolution des dramaturgies et des mises en scène. Patrice Chéreau et Catherine Tasca restent à la direction du Théâtre Nanterre-Amandiers jusqu'en 1990. C'est ensuite Jean-Pierre Vincent qui prend la suite. Il reste jusqu'en 2001, et partage le bâtiment avec l'ATEM de Georges Aperghis jusqu'en 2001. Il crée une troupe permanente en 1995 et associe à sa démarche Stanislas Nordey et Jean Jourdheuil. Depuis 2002, c'est Jean-Louis Martinelli qui dirige le Théâtre Nanterre-Amandiers.

Sidonie Han

Transcription

Présentateur
Au départ, une nomination Patrice Chéreau, nommé à la tête du Théâtre des Amandiers à Nanterre dans la banlieue parisienne et qui veut faire de ce théâtre, aussi une école, un studio d’expérimentation d’une société de production de films. Cette société pourrait servir de mémoire collective des français sur leur siècle. Un reportage de France Roche.
Patrice Chéreau
On dit toujours que Nanterre ou le Théâtre des Amandiers est loin, que ça soit pour les élèves, ou que ça soit pour les spectateurs ou pour les gens qui y travaillent. Je pense que l’énorme avantage de cet endroit et la chose finalement que l’on doit chercher dans un théâtre, c’est d’être, de se recentrer un peu sur soi-même et d’avoir un lieu d’une grande rigueur et dans une totale concentration dans le travail si vous voulez. Et je pense qu’une des choses qu’on doit apprendre à des comédiens, à des jeunes comédiens, c’est justement apprendre à travailler, apprendre à concentrer, apprendre à se mesurer avec leur propre force de travail. C’est pour ça qu’il me paraissait important d’avoir cette école, c’est-à-dire de travailler avec eux, travailler sur une période longue et puis de me confronter à eux c’est-à-dire d'apprendre, de leur apprendre des choses, si je le peux et surtout d’apprendre des choses, moi.
France Roche
Vous les faites entrer chez vous, un peu comme on entrerait au séminaire ?
Patrice Chéreau
Tout ce qui est séminaire, tout ce qui est chose fermée comme ça est une bonne image de ce que devrait être un petit peu le théâtre. C’est-à-dire qu’il faut travailler et il faut s’enfermer un petit peu. Il faut à la fois avoir une grande observation du dehors et en même temps pour arriver à la reconstruire, pour arriver à reproduire gravement la réalité, il faut s’enfermer. Il faut une cage dorée si vous voulez. Dorée peut-être, mais une cage quand même.
France Roche
Cette cage dorée et traversée par la lumière est déjà presque aménagée. Elle comporte à coté de la billetterie une grande librairie bientôt ouverte et aussi un restaurant.
Patrice Chéreau
J’ai frappé toujours dans le fait qu’en France, les théâtres n’ont jamais de restaurant, on ne peut jamais y déjeuner ni même y manger, on ne peut jamais entre deux répétitions il faut toujours sortir, donc il y a un restaurant. Et puis il y a une idée qu’on a eu à plusieurs, qui était qu’on puisse avoir une librairie permanente, il faudrait même qu’il y ait un kiosque à journaux, il faudrait même qu’on puisse y trouver les quotidiens et que ça soit un vrai lieu comme il en manque en plus autour de nous dans l’environnement.
France Roche
Enfin, deux théâtres dont les entrées se font face. L’un traditionnel à l’italienne, l’autre est un hangar où pour Combat de Nègre et de chiens, Chéreau a travaillé à la jonction du théâtre et du cinéma. Sur un sol de gravas, des voitures, des arbres, un tronçon d’autoroute africain. Espace étonnant ouvert et fermé à la fois comme le lieu qui l’enveloppe.
Patrice Chéreau
Un lieu qui se divisera en une partie de, de... comment dire, d’activités qui sont des activités publiques c’est-à-dire visibles à l’œil nu et une autre partie qui ne sera pas visible et qui sera une activité de recherche qui sera une activité énorme, qui sera à moyen et à long terme, c’est-à-dire l’école et une sorte d’intervention dans la production cinématographique. C’est très, très dur, je ne sais pas du tout, je ne saurai que dans quelques jours si je suis capable d’y faire face parce que, parce que c’est quand même beaucoup plus lourd que ce que, tout ce que j’ai fait jusqu’à présent.