Medea de Sénèque, mis en scène par Jorge Lavelli au Théâtre de l'Odéon

29 mars 1967
02m 31s
Réf. 00317

Notice

Résumé :

Extrait de l'acte V de la pièce, où Jason (Gabriel Gattand) supplie en vain Medea (Maria Casarès) d'épargner leur second fils ; Medea hésite, puis frappe son enfant en un geste de rage contre Jason.

Date de diffusion :
29 mars 1967

Éclairage

Comme la comédie, la tragédie romaine prend place dans la liturgie religieuse des Jeux, qui a lieu plusieurs fois par an en l'honneur de Jupiter et s'ouvre par une procession dansée, la pompa, pour se poursuivre par des spectacles scéniques au théâtre et sportifs au cirque, avant de se terminer par des banquets rituels réunissant tous les habitants de la cité. Les spectacles scéniques empruntent leur déroulement et leurs sujets au théâtre grec, et sont considérés par les Romains comme un rituel grec : c'est pourquoi la Médée de Sénèque est une réécriture de la Médée d'Euripide, dont elle conserve le déroulement en modifiant essentiellement les éléments du spectacle.

C'est une démarche similaire que propose Jorge Lavelli en confiant au dramaturge Jean Vauthier une adaptation de la pièce de Sénèque : s'il reste rigoureusement fidèle à Sénèque dans les étapes de la tragédie, Vauthier fait preuve d'une invention verbale qui, alliée à la musique expérimentale et lyrique de Iannis Xenakis et aux décors africanisants de Michel Raffaelli, donne à l'œuvre antique un souffle nouveau. Lavelli s'emploie à mettre en valeur le caractère brutal et sauvage de la magicienne, proposant une méditation sur la permanence de la violence, de la terreur et de l'amour à travers les époques. Il s'appuie pour cela sur la puissance du monstre sacré Maria Casarès, dont la performance dans le rôle-titre est unanimement saluée par la critique. La musique de Xenakis, portée par cinq instrumentistes et un chœur masculin de dix-huit chanteurs, contribue à donner à la mise en scène une signature moderne particulière.

Transcription

Maria Casarès
Hummm. Et celui-ci, comme l’autre, Jason, celui-ci sous tes yeux, il va mourir.
Gabriel Gattand
Médéa, par notre fuite commune, par nos amours, par nos noces, les nôtres, ils ne furent pas rompus en infidélité. Médéa, grâce, grâce, pour mon fils, tue-moi je le veux, c’est moi le criminel, c’est moi.
Maria Casarès
C’est toi que je frappe.
Gabriel Gattand
Médéa, mon fils, Médéa, mon fils tué, Médéa, ce fils mort il te suffit, épargne le dernier.
Maria Casarès
Si je le devais, m’arrêter maintenant c’est donc que je n’aurais pas commencé. Et de les détruire tous les deux, c’est encore peu de choses. S’il reste encore quelques gages de toi dans mes entrailles, il me faudra les fouiller avec le glaive. Et tout arracher.
Gabriel Gattand
Alors puisqu’il n’est plus rien,
Maria Casarès
Plus rien. Que ton supplice,
Gabriel Gattand
Plus rien que mon supplice.
Maria Casarès
[Inaudible] joui avec lenteur de ton cri. Jour, jour éclatant, jour. Tu es là, instant, oh vengeance justicière, un certain temps est accordé.
Comédiens
Hmmmm
Gabriel Gattand
Tue-moi, tue-moi. Veuille bien me tuer, hâte-toi, hâte-toi.
Maria Casarès
Me demandes-tu la pitié ? Jason !
Gabriel Gattand
Ah !