Obsèques de Louis Jouvet à l'église Saint-Sulpice à Paris. Marguerite Moreno dans La Folle de Chaillot [Document muet]

23 août 1951
53s
Réf. 00452

Notice

Résumé :

Louis Jouvet meurt le 16 août 1951 à Paris. L'immense foule rend à l'artiste un hommage à la mesure de son talent et de sa renommée. Louis Jouvet et Marguerite Moreno apparaissent dans un extrait de La Folle de Chaillot, pièce écrite par Jean Giraudoux pour Marguerite Moreno et mise en scène par Louis Jouvet au Théâtre de l'Athénée en 1945. Interview de Marguerite Moreno dans sa loge.

Date de diffusion :
23 août 1951
Source :

Éclairage

Louis Jouvet est une figure majeure dans l'histoire du théâtre de la première moitié du XXe siècle. En compagnie de Gaston Baty, de Charles Dullin et de Georges Pitoëff avec qui il fonde le « Cartel des Quatre » en 1927, il incarne et met en œuvre l'héritage de Jacques Copeau dont il est par ailleurs l'assistant à partir de 1913, travaillant avec lui au théâtre du Vieux-Colombier jusqu'en 1922. Grâce à Copeau, qui participe avec d'autres artistes et intellectuels du grand mouvement de renaissance d'un théâtre d'art au tournant des XIXe et XXe siècles, émerge en effet la conception d'un théâtre exigeant, qui rompe avec le théâtre à visée divertissante et commerciale. L'aventure commencée au Vieux-Colombier promeut un théâtre qui se mette de nouveau au service des grands textes de la littérature dramatique, qui s'ouvre aux auteurs contemporains et aux dramaturges étrangers, qui tente sans relâche d'éduquer simultanément les acteurs et le public en leur inculquant la connaissance et le goût de la beauté, de la perfection artistique.

Louis Jouvet concrétise ces aspirations. Il est un homme de théâtre complet, acteur fascinant, metteur en scène et directeur de théâtre, connaissant tout du métier et y ayant exercé toutes les fonctions avec la même passion et la même rigueur. Vouant sa vie à cet art, il en poursuit inlassablement le mystère, à travers le jeu, les mises en scène, mais aussi ses essais, Témoignages sur le théâtre et Le Comédien désincarné, qui figurent parmi les textes les plus importants consacrés à l'analyse de la pratique du comédien. À l'instar de Copeau, Jouvet sonde assez profondément le théâtre pour comprendre la vanité de toute théorie. En revanche, il est attentif à la formation de l'acteur et enseigne au Conservatoire. Après avoir installé sa troupe au Théâtre des Champs-Élysées, il dirige à partir de 1935 le Théâtre de l'Athénée, qui prend son nom, et où il demeure jusqu'à sa mort. À la même date, il présente Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains, et attache à jamais son interprétation au personnage principal qu'il jouera 1500 fois. Il met également en scène, en 1936, dans une scénographie devenue célèbre et des décors de Christian Bérard, L'École des femmes, où il joue Arnolphe (voir ce document). S'il monte beaucoup Molière (notamment Dom Juan en 1947 et Tartuffe en 1950), il s'ouvre aussi aux auteurs contemporains (Claudel, Sartre, Genet) et étrangers. Mais la vraie rencontre artistique s'effectue avec Jean Giraudoux, qui devient le grand auteur dramatique de l'entre-deux guerres et dont il crée de très nombreuses pièces dès 1928 et jusqu'en 1945. Cette année-là, il signe sa dernière mise en scène d'une nouvelle œuvre de Giraudoux, La Folle de Chaillot, qui fait à nouveau date dans les annales du théâtre et où il joue le rôle du chiffonnier.

La pièce a été écrite à l'intention de la grande comédienne Marguerite Moreno, qui en incarne le personnage éponyme. Née en 1871 et morte trois ans après la création de ce dernier rôle où elle triomphe, Marguerite Moreno a, comme Jouvet, accompli une extraordinaire carrière d'actrice de théâtre et de cinéma. Jeune sociétaire de la Comédie-Française, muse des symbolistes, amie intime de Mallarmé et de Valéry, elle s'engage dans toutes les aventures théâtrales de son temps, mettant son intelligence et son talent tant du côté des poètes et des dramaturges contemporains qu'au service des œuvres du répertoire classique et romantique. À 74 ans, elle conquiert une nouvelle fois le public en interprétant Aurélie la Folle, que Giraudoux a faite à son image. La pièce en deux actes oppose des hommes d'affaires sans scrupule en quête d'argent et de pétrole aux petites gens de Chaillot qui veulent contrer leurs projets criminels, entraînés par Aurélie. Elle met en scène toute une humanité souterraine qui tente de survivre et de résister, et instaure le procès des exploiteurs qui sont condamnés. Mais l'issue optimiste de la pièce est peut-être le fruit de l'imagination d'Aurélie.

Marion Chénetier-Alev

Transcription

[Document muet]