Et après on verra bien, HVDZ et Anomalie à la Villette

28 octobre 2000
02m 35s
Réf. 00554

Notice

Résumé :

Reportage tiré du JT de FR3 du 28 octobre 2000, annonçant les représentations d'Et après on verra bien à la Villette. Des entretiens avec le metteur en scène Guy Alloucherie, de la compagnie Hendrick Van Der Zee, et les acrobates Vincent Gomez et Mathurin Bolze, de la compagnie Anomalie, accompagnent des extraits du spectacle.

Date de diffusion :
28 octobre 2000
Source :

Éclairage

La compagnie Anomalie a été créée en 1995, dans le sillage du fameux Cri du caméléon, spectacle de la 8e promotion du CNAC mis en scène par Josef Nadj (voir Le Cri du Caméléon). Après sa deuxième création mise en piste par Christian Lucas (33 tours de pistes, en 1998), la compagnie faisait appel en 2000 à Guy Alloucherie pour son 3e spectacle, Et après on verra bien. Le metteur en scène nourrira une longue histoire avec les circassiens. Sa rencontre avec le domaine remonte à 1997 : sur invitation de Bernard Turin et Jean Vinet, il met en scène le spectacle de fin d'année de la 9e promotion du CNAC, C'est pour toi que je fais ça : « deux ans après Le cri du caméléon, on entrait dans une nouvelle ère pour le cirque moderne. C'était un temps particulier pour moi aussi, une époque où je me disais que mon histoire avec le théâtre était terminée. La découverte du monde du cirque - en même temps que mon installation sur la friche industrielle 11.19 avec Culture Commune (voir le spectacle Les Sublimes) - ont été des choses absolument déterminantes. Le théâtre était une forme d'art qui ne me convenait plus, cette rencontre avec les circassiens m'a ouvert à la chorégraphie, la musique, la vidéo... D'une certaine façon, le cirque m'a libéré, comme si les codes du théâtre étaient trop loin de mon histoire et de ce que j'avais à raconter. Il fallait que je trouve un art qui corresponde davantage à l'endroit d'où je viens et où je travaille : les quartiers populaires. Depuis, je travaille régulièrement avec des acrobates », commente Guy Alloucherie. [1]

Affectionnant la simulation du chaos, Et après on verra bien parle en pointillés de la jeunesse qui s'enfuit. Sur des textes d'Albert Camus, Patti Smith, John Cassavetes, François Villon ou Ingmar Bergman, les dix artistes enchaînent sauts, acrobaties, jonglage et tours dérisoires, à base de manipulations de brosses à dents ou d'équilibres de pommes de terre. Une scénographie lambda - vieux canapé, fauteuil, échafaudage – et une bande son émaillée des bruits du quotidien accompagnent une saynète d'amour aux regards fuyants, un strip-tease nonchalant sur trampoline, ou l'errance d'un clown nu sous des cartons... Toujours, éclate la véracité des corps chère à Guy Alloucherie, qui nourrit chaque personnage de l'identité de son interprète : « je lance des thèmes d'improvisation, à partir desquels les acrobates me racontent un certain nombre d'histoires ; c'est à partir de leurs propositions de situations que je compose mon grand ensemble. » [1]. Lors des représentations du spectacle à La Villette de décembre 2000, Le Monde titrait : « La rage gaie de la Compagnie Anomalie ». Ce cirque-là a effectivement le fumet de la vie, une énergie à la fois furibarde et fataliste, où l'insouciance ne dure que le temps d'une envolée sur trampoline : « plus tu vas haut, et plus tu vas descendre. Pas moyen d'être heureux, pas moyen d'être malheureux. »

Et après on verra bien entérinait les débuts en piste de futurs virtuoses, qui chacun ont depuis tracé leur route : Mathurin Bolze (qui fonde la Cie MPTA en 2001), Vincent Gomez (qui fonde la Cie Hors Pistes en 2006), Marie-Anne Michel (qui fonde la Cie Carpe Diem en 2000)... Anomalie enchaîne ensuite les spectacles, toujours à géométrie variable [2]. A partir de 2007, la compagnie décline le concept des « Solitudes », des projets plus personnels portés par un auteur du collectif, dont l'irrésistible Grand nain campé par Jambenoix Mollet en 2007. Forte d'une esperluette accolée à son nom, la compagnie Anomalie &... se mue depuis 2010 en laboratoire d'expériences, autour de la figure de Jean-Benoît Mollet, seul membre fondateur encore en place. Dans la lignée de son « travail physique et fantastique », l'auteur présente notamment une « conférence sur la physicalité des émotions » (Les larmes de Bristlecone) dans le cadre de Marseille Provence 2013.

[1] Entretien avec Guy Alloucherie, février 2008

[2] Voir la liste des spectacles sur le site de la Compagnie Anomalie

Julie Bordenave

Transcription

Présentatrice
Octobre, novembre, décembre, c’est une période de l’année où l’on aime aller au cirque. On connaît le cirque traditionnel avec les éléphants et les lions, on voit également apparaître de plus en plus des spectacles de cirque contemporain. La dernière création des compagnies Anomalies, Hendrick Van Der Zee sous le chapiteau de la Villette fait partie de ce nouveau courant. Un spectacle à la fois drôle, acrobatique et émouvant. Jean-Laurent Serra.
Journaliste
Les jongleurs jonglent, les danseurs dansent et les acrobates voltigent. A première vue, quoi de plus normal pour un spectacle de cirque, et pourtant, sur cette drôle de piste aux étoiles, la recette traditionnelle est relevée à la sauce contemporaine. La piste devient scène, et le chapiteau un grand théâtre.
(Bruit)
Guy Alloucherie
On est dans une mise en scène qui tient aussi de la mise en piste. Je veux dire que c’est quelque chose de très particulier de travailler avec des acrobates en tant que metteur en scène.
(Bruit)
Guy Alloucherie
C’est d’abord du cirque, mais on s’est servi de tout, on s’est servi des mots, on s’est servi de la danse, de l’expression gestuelle, on s’est servi de l’acrobatie, on s’est servi des techniques de cirque, on s’est servi de tout.
(Bruit)
Journaliste
Oublié les cloisonnements entre disciplines, de tableau en tableau, ici chacun joue à l’autre et joue pour l’autre.
Bolze Mathurin
Il y a une espèce d’envie de dépasser des limites, comme ça d’apprendre, de rencontrer d’autres arts, de rencontrer d’autres choses, qui fait qu’on se retrouve à chaque fois des débutants, mais même par rapport aux disciplines qu’on pratique quotidiennement.
Journaliste
De ce grand jeu sans frontière, est née une rencontre, une recherche entre cirque et théâtre, entre danse et comédie. Ne cherchez pas le fond de l’histoire, il y en a mille. Une performance en chasse une autre, tout va très vite.
Vincent Gomez
On a travaillé beaucoup sur des textes improvisations, donc sur la recherche d’un personnage. Donc, les personnages sont nés vraiment du fond de chaque personne. A partir de ça, il a essayé de construire comme un peintre avec chaque couleur le spectacle.
Journaliste
Délire d’artiste, volonté d’aller toujours plus loin, Et après, on verra bien, cette création porte bien son nom.