Le songe éveillé de James Thiérrée

26 mai 2005
01m 48s
Réf. 00560

Notice

Résumé :

Reportage tiré du JT de France 2 du 25 juin 2006, autour du spectacle La symphonie du hanneton de James Thiérrée : extraits du spectacle, entretien avec l'artiste, et images du film Le dictateur, de son grand-père Charlie Chaplin.

Date de diffusion :
26 mai 2005
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Fiche CNT :

Éclairage

La généalogie de James Thiérrée, pur enfant de la balle, est connue : petit-fils de Charlie Chaplin, il démarre dès l'âge de cinq ans dans le Cirque Imaginaire de ses parents [1], Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thiérrée. Une enfance nomade lui donne le goût de l'itinérance « Quand on est gosse, voyager dans un cirque, c'est une vie formidable (...). Avec ma soeur Aurélia, on s'invente des jeux. On a la place, le temps, la liberté. Pour nous, ça représente la vie de tous les jours, pas le conte de fées. (...) Le cirque est ma maison (...) L'exotisme, ce serait plutôt l'école » [2]. Enfant, il apprend le trapèze, le chant, le mime, la magie ; découvre le violon auprès d'un vieux Tzigane, dans un cabaret de Hambourg à l'âge de 10 ans. Eprouvés sur la piste familiale, ses talents de comédien s'enrichissent, au gré des tournées, de formations au Piccolo Teatro di Milano, à l'American Repertory Theater de Boston, au Conservatoire de Paris... Après un passage à New-York, il entame dès 16 ans une carrière d'acteur en pointillés, sur les planches ou au cinéma (avec Bob Wilson, Benno Besson, Peter Greenaway...). L'univers du cirque lui manque néanmoins, le goût pour la prouesse démange un corps qu'il ressent alors comme sous-exploité : « Je respecte infiniment le théâtre, et ceux qui me l'ont fait connaître, qui me le font vivre (...) Pourtant il n'y a rien à faire, je suis en manque (...) Je veux être sur scène pour bouger, je veux un outil qui me le permette (...) Tant d'années j'ai vécu une expérience singulière, je ne peux pas l'oublier, j'ai absolument besoin de la retransmettre. » [2]

A la fin des années 90, émerge l'envie de créer son propre spectacle : « je n'ai pas vraiment d'histoire à raconter, seulement un enchaînement de séquences, comme une sorte de voyage. Je décris les images, les actions, un ballet de lustres, un repas qui tourne au bestiaire... des choses très simples » [2]. A l'Académie Fratellini, où il peaufine sa création, il rencontre les interprètes qui complèteront sa troupe : le jeune Camille Boitel et sa grande sœur Raphaëlle, contorsionniste. Emaillée de la présence de Uma Ysamat, sa professeur de chant qui lui donne le goût de l'opéra, la Compagnie du Hanneton éclot en 1997, du nom de cet « insecte en perpétuel mouvement, auquel ses parents comparaient James quand il était gosse » [2].

« L'image qui me vient de moi : quelqu'un d'un peu fainéant, dans la mesure où je ne sais pas exactement où je me situe dans le travail. Disons, entre l'entrée et le dessert. Je prends des notes et, progressivement, se met en place de façon assez chaotique, quelque chose que je ne veux pas trop tôt et trop précisément identifier » [2]. Mises bout à bout, les saynètes imaginées par James Thiérrée donnent naturellement naissance à la poésie insolite de La symphonie du Hanneton : les pérégrinations d'un jeune homme en pyjama, dont on ne sait trop s'il évolue dans une réalité cauchemardesque ou dans un rêve éveillé, entre des animaux fantastiques, un portrait qui prend vie, des objets facétieux contre lesquels il faut toujours lutter... « On voyage dans l'invraisemblable, on traverse les miroirs, on s'engloutit dans les canapés, on se confond avec les meubles, on virevolte dans les airs, on cueille des sanglots de violons... » [3]

Depuis sa création à Stockholm en 1998, La symphonie du hanneton connaît un succès international (Mexique, Australie, Syrie, Hong Kong...). Plusieurs autres spectacles suivront : La veillée des Abysses (2003), Au Revoir Parapluie (2007), le solo Raoul (2009) ; et Tabac Rouge, en préparation pour 2013.

[1] Le Cirque Bonjour devient Le Cirque Imaginaire en 1974, puis Le Cirque Invisible à partir de 1990.

[2] Citations tirées de l'ouvrage Emmanuel Demarcy-Mota, Arthur Nauzyciel, James Thiérrée. Un théâtre apatride, de Colette Godard, L'Arche, 2009

[3] Gwenola David, Arts de la piste, octobre 2000

Julie Bordenave

Transcription

Présentateur
Bon sang ne saurait mentir, vous connaissez la formule. Voici maintenant le dernier spectacle du petit-fils de Charlie Chaplin entre le mime, le théâtre et la danse, il s’appelle James Thierrée et vous allez le voir, il y a comme un air de famille. Sophie Jouve, Didier Dahan.
Sophie Jouve
Entre rêve et cauchemar, à la frontière de 2 mondes, c’est là que nous entraîne James Thiérrée. On jongle avec le temps, on lutte avec les objets. Tout n’est que sortilège dans ce monde chimérique. On croise même des portraits rebelles, et des fantômes délurés qui s’incrustent.
(Bruit)
James Thierrée
Où j’ai trouvé ça ? Et bien, dans l’enfance, dans les rêves qu’on fait dans les désirs inassouvis ; dans ces choses qu’on voudrait tellement atteindre et qu’on atteint un peu au cinéma mais qu’on peut atteindre aussi sur un plateau.
Sophie Jouve
Et même si la ressemblance est troublante, il n’a jamais utilisé le nom de son grand-père Chaplin. Danse, cirque, mime, Thiérrée a su créer son propre univers loufoque et poétique. Sa Symphonie du hanneton échappe à tout classement. Un combat fantastique avec des casseroles pour armes, un bestiaire improbable sorti de l’inconscient. Dans ce paradis des métamorphoses, les spectateurs toutes générations confondues s’envolent sur un petit nuage.
(Musique)