Le Codex de Philippe Decouflé

28 juillet 1986
02m 21s
Réf. 00904

Notice

Résumé :

Au festival d'Avignon, le "jeune chorégraphe" Philippe Decouflé présente Codex. Des extraits de répétitions, des commentaires de Decouflé, de Christophe Salengro, toujours drôle, font la pub d'un spectacle "sympathique".

Date de diffusion :
28 juillet 1986
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

Incontestablement, l'un des spectacles fondateurs de Philippe Decouflé ! Mais encore, l'une de ses réussites artistiques les plus jouissives. En 1986, Decouflé, tout jeune chorégraphe, commence à faire parler de lui. Depuis la création de sa compagnie quatre ans auparavant, il a déjà mis en scène huit pièces de formats variés et réalisé un film Caramba. Il a aussi décroché le premier prix et Prix du ministère au Concours de Bagnolet pour Vague Café, une petite bombe de 7 minutes pleine de culot et d'urgence. Avec Codex, d'une durée de 60 minutes, il passe à la vitesse supérieure. Six interprètes sur le plateau pour un défilé de vignettes subtilement fantaisistes inspirées par l'encyclopédie Codex Serafinianus de l'architecte italien Luigi Serafini et rhabillées merveilleusement par Philippe Guillotel. Sous l'emprise des délires rigoureux de Serafini, Decouflé fait surgir une armée de microbes à palmes, un lampadaire coiffé comme une bigouden, un homme qui chante le pied coincé dans une planche... Le tout sur des chansons d'Om Kalsoum, des musiques de Fats Domino ou des refrains traditionnels tahitiens. Tout Decouflé est déjà là (ou presque). Sa vision ludique d'un monde enchanteur, son extravagance visuelle, son désir de mettre le monde la tête en bas pour mieux le colorer à sa démesure... Son humour aussi, gouailleur, séducteur et amoureux... Créé au Holland Festival à Amsterdam, puis programmé au Festival d'Avignon, Codex tournera avec succès jusqu'en 1988. Au même moment, les noms de Dominique Bagouet, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj, et tous ceux qui feront la nouvelle scène de la danse française, grimpent à l'affiche des théâtres.

Passé par le Centre national de danse d'Angers et l'enseignement du maître américain Alwin Nikolais (1910-1993) entre 1978 et 1981, Philippe Decouflé a fait ses apprentissages auprès du mime Isaac Alvarez dès l'âge de 13 ans, avant de se pointer sous le chapiteau d'Annie Fratellini tout en suivant des cours de danse classique et jazz. Figure de la nouvelle danse française depuis les années 80, populaire dans le meilleur sens du terme, il a su relancer son inspiration au plus près de ses désirs et de son public. Avec ses complices et amis, dont certains sont toujours présents sur scène comme Christophe Salengro pour ne citer que lui, Decouflé a auréolé la danse contemporaine des myriades d'étoiles de la grande illusion théâtrale. Lorsqu'en 1992, il illumine la planète avec sa mise en scène mirifique de la cérémonie d'ouverture des J.O d'Albertville.

Codex a fait l'objet d'une extension intitulée Decodex (1995), puis d'une nouvelle version pour le Ballet de l'Opéra de Lyon baptisée Tricodex (2004). Avec la rigueur flamboyante qui le caractérise, Philippe Decouflé a chorégraphié une quarantaine de spectacles, réalisé des films et des clips. Ses spectacles, qui tournent en général au moins deux ans – un record dans le contexte de la diffusion chorégraphique qu'il partage avec Angelin Preljocaj et José Montalvo – tiennent trois semaines à l'affiche à Paris. Parmi les interprètes et collaborateurs de premier plan de Decouflé, ceux qui ont contribué à son écriture et son style, il faut citer : Michèle Prélonge, Frédéric Werlé, Chloé Ban, Muriel Corbel, Christophe Salengro, Olivier Simola, Alexandra Naudet, Philippe Guillotel... La saveur Decouflé tient aussi à eux.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentateur
Festival d’Eté, Festival d’Avignon mais pas seulement le théâtre, plusieurs chorégraphes français ou étrangers sont cette année à l’honneur. Parmi les spectacles de danse, Pascale Deschamps et Bernard [Rapin] ont choisi celui d’une jeune compagnie présentant une réalisation insolite sous le nom de Codex.
Journaliste
Ne me demandez pas de vous raconter l’histoire de Codex , il n’y en a pas. Ou plutôt si, c’est l’histoire d’une bande de copains bourrés d’idées. Un musicien, un chanteur comédien et quatre danseurs entraînés par un jeune chorégraphe de vingt-cinq ans, Philippe Decouflé dans un drôle de ballet où chacun, d’1 mètre 51 à 1 mètre 95 a pu donner la mesure de son talent.
Intervenant
Un, deux, trois, quatre….
(Bruit)
Philippe Decouflé
Je suis venu à Avignon présenter un spectacle qui s’appelle Codex et je suis assez content parce que ça marche plutôt bien.
(Musique)
Journaliste
Ne cherchez pas dans Codex le traditionnel pas de deux, les puristes de la danse eux-mêmes n’y retrouveraient pas leurs entrechats. Philippe Decouflé parle des grands thèmes de toujours, l’amour, l'incommunicabilité mais à sa manière, en cultivant les contrastes, en recherchant le gag visuel. Et pour cela, il a fait appel à un comédien qui n’avait encore jamais dansé.
(Musique)
Journaliste
Christophe Salengro, qu’est-ce que vous faites dans cette galère ?
Christophe Salengro
Et bien, en Avignon depuis que Francis Huster a joué le Cid , ça a un peu bloqué tous mes rôles. Alors voilà, je me retrouve avec Philippe Decouflé et, mais c’est pas désagréable, hein, vraiment c’est un spectacle extrêmement sympathique.
(Musique)
Journaliste
Quand il ne cherche pas à faire rire, Philippe Decouflé et ses danseurs font la preuve de leur solide métier. C’est pourquoi, un peu comme un ouragan qui passait par là, la magie de Codex a fini par balayer les critiques de ses détracteurs. Et voilà une transition toute trouvée pour la météo, n’est-il pas ?