Le Corsaire du Bolchoï au Palais Garnier

06 janvier 2008
02m 40s
Réf. 00951

Notice

Résumé :

A l'occasion de retour du Ballet du Bolchoï à l'Opéra de Paris en janvier 2008 après quatre ans d'absence, France 3 présente de nombreux clips très représentatifs de son spectacle d'ouverture : Le Corsaire d'après Petipa. Le reportage comprend aussi de brefs commentaires de Brigitte Lefèvre, directrice du Ballet de l'Opéra, de la jeune Ekaterina Shipulina interprète du rôle de Gulnara, et d'Alexeï Ratmanski alors directeur du Ballet du Bolchoï et l'un des artisans de cette première reconstitution du Corsaire d'après la version chorégraphique de Petipa en 1899.

Date de diffusion :
06 janvier 2008
Source :
Compagnie :
Thèmes :

Éclairage

A l'origine et à la base du Corsaire, il y a le ballet d'Adolphe Adam commandé par l'Impératrice Eugénie au chorégraphe de l'Opéra de Paris, Joseph Mazillier. Inspiré du poème de Byron, le ballet fait sensation lors de sa création en 1856, en particulier la scène du naufrage dans la tempête, à grand renfort de machinerie, scène superbement recrée par le Bolchoï comme on peut en juger au début de ce reportage. Le Corsaire est remonté à l'Opéra en 1867 après la mort d'Adam, et Mazillier l‘enrichit d'un nouveau grand divertissement dont il commande la musique au jeune Léo Delibes qui a composé un an plus tôt deux des trois actes du ballet La Source.

Entre temps, Jules Perrot (le chorégraphe de Giselle) nommé maître de Ballet à Saint-Pétersbourg en 1851 remonte en 1858 au Théâtre Mariinski Le Corsaire d'Adam en y ajoutant des musiques de Pugni. Le créateur du rôle du corsaire Conrad n'est autre que Marius Petipa, qui y brille, selon sa partenaire Ekaterina Gelster « par son jeu dramatique qui hypnotise le public... et par sa fougue explosive dans les scènes d'amour » [1]. Marius Petipa aime tellement ce ballet (qu'il choisira pour ses adieux à la scène) qu'une fois nommé maître de Ballet du Théâtre Mariinski, il réalise trois productions différentes du Corsaire en 1863, 1868 et la dernière, la plus longue, en 1899. C'est cette version historique qu'Alexeï Ratmanski et Iouri Burlaka décident de reconstituer en 2007 dans ses décors et costumes d'origine.

Jusqu'alors les Parisiens ne connaissent que la version du Kirov de Léningrad, présentée au Palais des Congrès en 1987 dans la chorégraphie d'Oleg Vinogradov, d'après Petipa. Mais c'est surtout Rudolf Noureev et Margot Fonteyn, qui rendent populaire le Corsaire un faisant du pas de deux un de leur cheval de bataille dans les années 1960.

Le Corsaire, toujours au répertoire du Théâtre Mariinski de Saint Pétersbourg, fait aussi les beaux soirs de l'American Ballet Theatre depuis la fin des années 1990 dans la chorégraphie de Constantin Sergueiev d'après Petipa, version éditée en DVD avec une brillante distribution.

C'est Petipa qui a donné sa forme définitive au Corsaire en 1899. Un grand ballet spectaculaire avec nouveaux ajouts (sur des musiques de Minkus et Drigo) : un Pas d'esclaves au premier tableau, un Pas des Odalisques au deuxième acte, et, sur la musique de Léo Delibes Petipa crée le tableau du Jardin enchanté. D'où, comme le souligne ici Alexeï Ratmanski le succès d'un ouvrage qui met en valeur tous les artistes du corps de ballet.  « Un rêve pour toutes les danseuses » souligne encore la jeune Ekaterina Shipulina, interprète du rôle de Gulnara, rivale de l'héroïne Medora.

Dans cet extrait nous pouvons surtout admirer la superbe Svetlana Zakharova en Medora, et Nikolaï Tsiskaridze le Corsaire Conrad dans un ballet à l'intrigue des plus romanesques !

Le fameux Pas de deux popularisé par Noureev (filmé tout jeune à Moscou puis à Londres avec Margot Fonteyn) est en réalité un pas de trois dansé avec l'esclave de Conrad, Ali, d'où son torse nu et pantalon oriental traditionnel. Dans la reconstitution de Ratmanski, ce Pas de deux est dansé par Conrad comme on le voit sur des documents du temps de Petipa, en costume turc du XIXe siècle, rouge et or, très semblable à ceux des Evzones grecs de l'époque, avec la même fustanelle.

Ce documentaire permet de découvrir la virile danse des sabres des compagnons de Conrad, et les danses sur pointes du Jardin animé avec ballet d'arceaux fleuris, et quelques autres scènes pittoresques.

Filmographie

Le Corsaire, par l'American Ballet Theatre, réalisation Claude Chabrol, DVD, Naive, 2001.

[1] Citation extraite des Mémoires d'Ekaterina Vazem, non traduites en français.

René Sirvin

Transcription

Présentateur
Un accueil triomphal, hier soir à l’Opéra de Paris, pour le grand retour du Bolchoï, le mythique Ballet russe. Il est dans la capitale pour 14 représentations jusqu’au 22 janvier. Trois programmes sont prévus parmi lesquels Le corsaire , une chorégraphie de Marius Petipa, un saut très classique mais aussi flamboyant dans le XIXe siècle. Dominique Poncet.
(Musique)
Journaliste
Bien sûr, il y a, à la fin du spectacle, ce naufrage, sur le plan technique et visuel, une indiscutable réussite. Mais ce qui aura fait palpiter le cœur des spectateurs, c’est tout ce qui aura précédé. 2 heures 45 de danse d’une pureté classique exceptionnelle.
(Musique)
Journaliste
Pour son grand retour à Paris, le Bolchoï a choisi de présenter Le Corsaire . Un ballet datant du XIXe siècle d’un romantisme flamboyant.
(Musique)
Brigitte Lefèvre
Le corsaire , c’est un long ballet, c’est un ballet où on mange des pas, où on mange la virtuosité, j’espère surtout qu’on la déguste. Et puis, il y a ce côté aussi très mélangé, presque comédie musicale, avec une technique classique académique d’enfer.
(Musique)
Journaliste
A la fois kitch et naïve, extravagante et académique, cette chorégraphie est un des fleurons du Ballet Bolchoï. L’interpréter requiert la présence d’une centaine de danseurs au meilleur de leur concentration et de leur technique.
Ekaterina Shipulina
Nous, au Bolchoï, on adore ce ballet. Pas seulement parce qu’on nous demande techniquement le meilleur de nous-mêmes, mais parce qu’il exige de nous des qualités d’acteur, c’est assez rare dans notre répertoire.
(Musique)
Alexei Ratmanski
Ce ballet est parfait pour le Bolchoï parce qu’il donne l’occasion de montrer la virtuosité de toute la troupe.
(Musique)
Alexei Ratmanski
En plus, pour son héroïne, c’est un vrai challenge car elle ne quitte pratiquement jamais la scène pendant les 3 actes. Une ballerine qui peut danser ce rôle mérite vraiment son titre d’étoile.
(Musique)
Journaliste
Il y a deux siècles et demi que le Ballet du théâtre Bolchoï ne cesse d’explorer et d’exploiter le répertoire romantique. On comprend ici pourquoi, il le restitue à la perfection.
(Musique)