Trappes : Black, Blanc, Beur

29 janvier 1993
02m 31s
Réf. 00973

Notice

Résumé :

La chorégraphe Christine Coudun, de la compagnie pionnière du hip hop Black Blanc Beur, analyse le mouvement hip hop, le succès des danseurs et ce qu'il signifie pour ces jeunes.

Date de diffusion :
29 janvier 1993
Source :
Compagnie :

Éclairage

La petite chanson très swing le black, le blanc et le beur qui introduit ce reportage sur la compagnie de hip hop précisément baptisée Black Blanc Beur, donne tout de suite envie de chanter et de danser. Il faut dire que les fondateurs de la troupe ont mis dans le mille. En choisissant en 1984 d'intituler leur compagnie Black Blanc Beur, Jean Djemad, médecin, et Christine Coudun, historienne, formée à la danse contemporaine, hip hop, jazz et africaine, ont parfaitement croisé les préoccupations esthétiques et politiques du hip hop. Le groupe français pionnier est né dans le contexte informel d'actions artistiques avec des jeunes d'Elancourt et plus concrètement, dans un parking souterrain. Le premier spectacle prend la forme d'un concours de danse sur la ville nouvelle de Saint-Quentin en Yvelines. Onze communes, 600 jeunes de 16 à 21 ans, 39 sont retenus pour le spectacle J'en ai tout à foutre. Depuis, la troupe a poursuivi le travail avec obstination, inspiration et courage, maintenant un taux de création et de partage sans comparaison. Sous son aile ont été formés des danseurs et chorégraphes comme Alex Bent et Max-Laure Bourjolly, Hakim Maïche et encore, plus récemment, Anne Nguyen.

Depuis le début des années 80, moment d'apparition du hip hop en France, les B3, toujours présent sur le front de la danse, ont participé, impulsé, secoué tous les grandes étapes de l'évolution du mouvement. Emancipation de la danse des cités dans les années 80, apparition dans les théâtres, soutien des institutions au début des années 90... Parallèlement, Christine Coudun et ses complices relèvent des défis artistiques en s'offrant des thèmes on ne peut plus variés. Contrepied (1990) shoote sur un ballon rond de foot pour développer son jeu de jambes, Rapetipas (1992), présenté à l'Opéra Comique, se joue des références et des styles en toute liberté, Lambarena (1997) mixe Bach à des musiques africaines... Wartane ( 1999) ose se confronter au duo, au contact, alors que le hip hop est une danse de solitaire. Une signature chorégraphique unique apparaît. Black Blanc Beur maintient la pression et compte aujourd'hui une vingtaine de pièces à son répertoire.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentatrice
C’est l’histoire de jeunes qui dansaient dans les caves de leur cité à Trappes il y a dix ans, c’est l’histoire de jeunes qui sont devenus des professionnels réclamés dans le monde entier. Les Black Blanc Beur, c’est leur nom, sont de retour à Trappes.
(Musique)
Christine Coudin
Les danseurs de la compagnie, quand on a commencé il y a quelques années, avaient entre 14 et 20 ans, donc c’est vraiment leur culture propre. C’est vrai qu’ils n’ont connu que ce style de danse, ils ne pratiquent que celui-là.
(Musique)
Journaliste
Il y a dix ans, ils dansaient dans les caves des cités à Trappes, un simple concours de danse organisé par les Black Blanc Beur va faire d’eux des professionnels. Aujourd’hui, la compagnie tourne dans le monde entier, de l’Europe à l’Afrique.
(Musique)
Sylvain Aupra
Je crois qu’au départ, quand on se retrouve en bande, après, bon, le phénomène de groupe se dirige plus ou moins vers quelque chose, soit d’aller dépouiller, soit d’aller faire casser, faire des casses. Nous, on a choisi plutôt de danser, c’est-à-dire de libérer cette énergie-là de cette manière là, bon on aurait pu peut-être choisir autre chose.
(Musique)
Christine Coudin
Ils sont perçus comme des jeunes ayant réussi, ayant réussi à construire quelque chose. Et je crois que dans la région, en tout cas leurs amis ou leurs proches sont relativement fiers des les voir passer à la télé, de les voir revenir raconter leurs différents voyages en Afrique. Donc c’est là que c’est du positif qu’on peut rebalancer à tous ceux qui sont restés là et qui n’ont pas pu avoir la chance d’avoir une expérience comme la nôtre.
(Musique)
Journaliste
Et c’est un peu leur histoire qu’ils vont danser sur scène au cœur des cités de Trappes, histoire du rap, du hip-hop, la culture de la rue, du breakdance au raggamuffin des années 90, histoire en forme de retour aux sources pour les 3B, retour au source de cette banlieue, où ils sont nés.
(Musique)