Orphée de Najib Guerfi

06 octobre 2004
05m 35s
Réf. 00976

Notice

Résumé :

Au micro du journaliste Philippe Lefait en 2004, le danseur et chorégraphe hip hop Najib Guerfi. Des extraits de son spectacle accompagnent ses confidences.

Date de diffusion :
06 octobre 2004
Source :
Compagnie :
Artistes et personnalités :

Éclairage

Pour le journaliste Philippe Lefait, le danseur et chorégraphe hip hop Najib Guerfi, qui a écrit un livre intitulé Le Sauvageon  (Ed Le Manuscrit), revient sur son parcours. Il rappelle ses débuts difficiles sur le bitume comme pour nombre de ses amis hip hopeurs autodidactes au début des années 80. Son ton simple et direct en dit long sur l'engagement de sa vie d'homme et d'artiste, aujourd'hui également comédien et auteur.

Najib Guerfi appartient à la galaxie lyonnaise de la danse hip hop. Interprète et chorégraphe depuis les années 80, il apprend la danse à 16 ans en participant au spectacle « Espoir quand tu nous tiens », à Vénissieux. En complicité avec Zoro Henchir de la compagnie Traction Avant, il raffine ses apprentissages hip hop tout en diversifiant ses approches grâce à des formations auprès du Théâtre du Mouvement. Il découvre les techniques de danse Martha Graham (1894-1991) et Merce Cunningham (1909-2009). En 1996, il participe à la création de la compagnie Käfig de Mourad Merzouki et y restera jusqu'en 2000, enchaînant les spectacles-phares comme Récital et 10 Versions. Pédagogue, il donne des master-class tout en continuant à créer des spectacles. En 1997, il a mis en scène Rendez-vous pour cinq danseuses contemporaine, deux hip-hopeurs et deux rappeurs, en collaboration avec la chorégraphe Josette Baïz. Parallèlement à des pièces comme Orphée et Eurydice (2006), commande de l'Ambassade de France en Malaisie, Najib Guerfi a épaulé Patrick Timsit pour Les Aventures de Rabbi Jacob (2008) dont il a signé la chorégraphie. En 2011, il a signé et interprété son solo Addiction 2.0 au Croiseur de Gerland, à Lyon.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
(Bruit)
Philippe Lefait
Najib Guerfi. Merci d’avoir, enfin tout à l’heure sur ce plateau, enregistré cet extrait, cet extrait d’ Orphée . Dans votre livre Le Sauvageon, on imagine bien la référence à un ancien ministre, mais vous parlez de votre corps et du rapport que vous avez à votre corps et de la difficulté qu’il y a à faire ce que vous nous avez montré. Comment est-ce que vous êtes aujourd’hui avec ce corps ? Apparemment vous réussissez à lui faire faire encore des choses extrêmement pointues.
Najib Guerfi
Oui, je lui fais faire des choses mais ce n’est pas sans difficulté, c’est-à-dire que je fais partie d’une génération, je fais partie de la première génération de danseurs hip-hop. C’est-à-dire une génération qui a travaillé sur le bitume et qui n’a pas appris à s’échauffer. Donc, j’ai un corps qui est quand même assez torturé mais oui, pour l’instant, j’arrive encore à donner le change, donc…
Philippe Lefait
Question sur Orphée , c’est aujourd’hui. Orphée , c’est Cocteau,
Najib Guerfi
Oui.
Philippe Lefait
Vous donnez l’impression avec cette création, d’être loin de l’origine du hip-hop qui était un art de la rue, enfin en tout cas une expression, une expression de la rue. De la même manière, alors on parlera de Käfig tout à l’heure, qui est cette compagnie que vous avez créée avec Mourad Merzouki ; et Mourad Merzouki a reçu le 28 septembre dernier une décoration, il est chevalier des arts et lettres. Donc, autre illustration du fait qu’on est loin de l’origine du hip-hop.
Najib Guerfi
On ne s’en éloigne pas, c’est-à-dire qu’on prend d’autres chemins, mais…
Philippe Lefait
Vous êtes récupérés ?
Najib Guerfi
Non, non, je ne crois pas qu’on soit récupérés, c’est-à-dire qu’on est toujours autant revendicateurs simplement, le hip-hop d’il y a vingt ans s’exprimait dans la rue, aujourd’hui, il intègre les théâtres mais le message reste le même. On est toujours dans le combat, dans le fait de dire que dans les banlieues, ça ne se passe pas forcément comme ça, qu’il y a aussi des choses positives. Simplement, on change peut être la façon de le dire mais le message reste le même. La force du hip-hop aujourd’hui, c’est justement d’être dans deux pôles, c’est-à-dire qu’on n’est plus simplement dans ce qui se passe dans la rue ou ce qu’il peut y avoir en tout cas sur les scènes.
Philippe Lefait
S’il fallait redéfinir le hip-hop, qu’est-ce que vous diriez aujourd’hui ? Qu’est ce que c’est que c’est que le hip-hop ? C’est une culture de la rue, c’est une culture de…
Najib Guerfi
C’est une culture de la rue, c’est aussi un mode de vie, c’est une danse, c’est une culture à part entière. C’est quelque chose qui peut se transposer et qui peut se poser partout et n’importe où. On peut le faire sur une scène, on peut le faire dans la rue, on peut le faire dans un bus, on peut danser partout.
Philippe Lefait
C’est de la parole, c’est de l’expression corporelle, c’est de l’écrit, c’est le tag.
Najib Guerfi
C’est de l’écrit, c’est du graffiti, oui.