Alexandre Trauner, décorateur de films.

12 mai 1986
03m 02s
Réf. 00130

Notice

Résumé :

Exposition retraçant la carrière d'Alexandre Trauner, créateur de décors de films de légende : Hôtel du Nord, Quai des Brumes, Les Portes de la nuit, Irma la douce . . .

Type de média :
Date de diffusion :
12 mai 1986
Source :
FR3 (Collection: Urba )
Personnalité(s) :
Thèmes :

Éclairage

Alexandre Trauner (1906-1993) quitte sa Hongrie natale et les persécutions antisémites du régime Horthy pour la France de la fin des années 1920. Décor de ballets, tapisserie, photographie, mode, architecture, le futur "dessinateur de films" se fait la main avant de devenir chef décorateur en 1937.

Son amitié avec Jacques Prévert qui le surnomme "Trau" l'amène à travailler avec les cinéastes "réalistes poétiques", notamment Marcel Carné et Jean Grémillon, pour lesquels Prévert écrit. Trauner signe ainsi les décors du Quai des brumes (1938), Hôtel du nord (id.), Le Jour se lève (1939), Les Visiteurs du soir (1942), Les Enfants du paradis (1943)...

Son talent lui ouvre les portes de Hollywood où il tourne jusqu'en 1974 avec les plus grands, Orson Welles, Billy Wilder (il obtient l'Oscar du meilleur décor pour La Garçonnière), Jules Dassin, Stanley Donen, Howard Hawks ou encore John Huston. L'exposition "Alexandre Trauner, 50 ans de cinéma" présentée pour la première fois en 1986 à l'école des Beaux-Arts de Paris à l'occasion du cinquantenaire de la Cinémathèque française, est toujours en circulation et regroupe 180 pièces, maquettes, peintures et dessins.

Charlotte Garson

Transcription

(Musique)
(Buits)
Alexandre Trauner
Alexandre Trauner est mon nom. A ma naissance, on m'appelait « Sándor » en Hongrie parce que je suis né en Hongrie. Et mon âge, c'est quand même... je ne me rappelle plus. Et ma profession, c'est dessinateur de films.
(Silence)
Alexandre Trauner
Que faites-vous dans cette chapelle des Beaux-arts ? Je fais mon exposition, une exposition de 50 ans de travail dans le cinéma.
Journaliste
Combien de décors, justement, avez-vous réalisé pour le cinéma ?
Alexandre Trauner
Ça, je ne sais pas exactement. Disons 70, 75. Je n'ai jamais compté, j'ai jamais su compter.
Journaliste
Avec beaucoup de décors urbains ?
Alexandre Trauner
Oui. J'ai bâti Paris pas mal, et... après on a fait ce qu'on appelle des villes périphériques qui sont autour de la capitale.
Journaliste
Est-ce que vous vous sentez voyeur de ville ?
Alexandre Trauner
Voyeur ? Ah oui, je suis voyeur. J'aime beaucoup ça.
(Bruits).
Alexandre Trauner
C'est Hôtel du Nord. C'est un dessin qui a été fait pour la construction qu'on faisait dans le studio de Billancourt. Canal Saint-Martin, c'est un peu la Venise des pauvres. Vous savez, il y a des canaux, il y a des bateaux et les enfants aimaient beaucoup jouer à côté. Le Jour se lève, quartier ouvrier périphérique où le côté insolite, évidemment, pour moi, évoquait une grande tristesse conglomérat, et hétéroclite, suicidaire. Les Portes de la nuit, c'est la bonne époque de Carné et de Prévert. C'est Paris au début de la Libération, quand la famille n'a pas tout à fait disparu, quand les gens font la queue pour la nourriture. C'est une période transitoire et c'est un film important. Quai des brumes, une rue du Havre, évidemment qui est dans le brouillard. C'est la boutique de Zabel, les rues pavées d'avant-guerre parce que le Havre a été détruit, et aujourd'hui, c'est une ville moderne. C'est une rue de Irma la douce qui est une rue des anciens quartiers des Halles. Moi, j'aimais beaucoup Baltard qui était magnifique en comparaison à ce qu'on a mis, après, à la place. C'est pas l'époque que je regrette. Ce que je regrette, c'est qu'ils ont mis quelque chose qui est minable, qui est pauvre.