Imre Kertész, prix Nobel de Littérature

10 décembre 2002
01m 57s
Réf. 00310

Notice

Résumé :

Entretien avec l'écrivain hongrois Imre Kertész, qui a reçu le prix Nobel de Littérature, et dont l'oeuvre est marquée par l'expérience des camps de concentration nazis et par la dictature communiste.

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Date de diffusion :
10 décembre 2002
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Éclairage

Imre Kertész (né en 1929), écrivain hongrois, est issu d'une famille juive et a été déporté à Auschwitz en 1944, à l'âge de quinze ans, puis à Buchenwald. Cette expérience le marque profondément et nourrira son oeuvre entière. De retour en Hongrie, il devient journaliste en 1948 mais est renvoyé trois ans plus tard lorsque son pays passe sous la coupe stalinenne. Il est ensuite employé au service de presse du ministère de l'Industrie. A partir de 1953, il commence à traduire Freud, Canetti ou Nietzsche. Il écrit Etre sans destin en 1960, le récit d'un déporté hongrois, largement autobiographique, qui ne sera publié qu'en 1975.

Ses romans sont tous inspirés par son expérience traumatisante de l'holocauste : Dossier K (2006) est un dialogue philosophique, Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas (1990) évoque le désespoir qui suit un traumatisme tel que l'Holocauste. Il devint en 2002 le premier écrivain hongrois à recevoir le prix Nobel de littérature.

Aurélia Caton

Transcription

David Pujadas
Après Jimmy Carter pour le prix Nobel de la paix, nous nous intéressons à Imre Kertesz qui a reçu le Nobel de littérature. Son prix lui a été décerné également aujourd'hui. Il est Hongrois, il a soixante-douze ans, il est publié en France par les Editions Actes Sud. Une oeuvre essentiellement nourrie de ses expériences de déportation. Geneviève Moll, Patrick Voigt.
Geneviève Moll
Le voici arrivé au sommet, à l'âge de soixante-treize ans. Pourtant le hongrois Imre Kertesz a connu une vie écrasante et cruelle.
(Silence)
Geneviève Moll
En 1944 à l'âge de quinze ans, il se découvre juif parmi les juifs dans un camp de concentration nazi. Et il ne comprend pas la logique qui permet cette horreur.
Imre Kertesz
Dans ce contexte, un homme ne comprend rien au monde qui l'entoure, il devient autiste.
Geneviève Moll
Il ne se remet pas non plus d'être sorti vivant des camps. Comment survivre en effet à cette culpabilité d'avoir laissé mourir les autres, sinon par l'écriture. Mais l'écriture est-elle le bon choix lorsque l'on vit, à partir de 1956, sous la dictature hongroise et le joug soviétique.
(Musique)
Imre Kertesz
(Traduction) Si l'on ne peut échapper à cette obsession, la créativité, alors on ne peut rien faire d'autre que de suivre obstinément ce chemin, écrire.
Geneviève Moll
Difficilement, il publie et poursuit l'exploration de ses négations de l'humain, le nazisme et la dictature communiste, mais personne ne le lit. En 1990, au moment de la Perestroïka, il trouve un éditeur allemand. Et son oeuvre difficile, exigeante, conquiert le monde. Aujourd'hui, Imre Kertesz sait qu'il a fait le bon choix, il est prix Nobel de littérature.