Magdalena Abakanowicz

26 janvier 1982
02m 45s
Réf. 00115

Notice

Résumé :

Portrait de l'artiste polonaise Magdalena Abakanowicz, qui expose ses sculptures au musée d'Art moderne.

Type de média :
Date de diffusion :
26 janvier 1982
Source :
A2 (Collection: JA2 Dernière )
Lieux :

Éclairage

Née en 1930 près de Varsovie, Magdalena Abakanowicz sculpte et peint la condition humaine et sa fragilité, figurées par des séries monumentales déclinant le thème de l'enveloppe. Enveloppes charnelles anonymes dans des séries comme Altérations (1974-1975) mettant en scène des silhouettes humaines creuses, ou Ragazzi (1990), "peaux" ôtées de jeunes garçons. Enveloppes invertébrées dans les Abakanes qui signeront son succès mondial dans les années 1960. Dérivées de son patronyme, ces formes souples suspendues évoquent d'immenses chrysalides d'où peuvent surgir des papillons monstrueux. Déclinées en noir, marron, rouge, l'auteur en parle comme des "formes magiques, compliquées, énormes."

La vision sombre de Magdalena Abakanowicz est celle d'une artiste qui a grandi pendant la guerre, dans un pays envahi par les nazis qui y créèrent le plus grand ghetto juif, symbole de la déshumanisation du monde contemporain. La vision d'une artiste qui, après des études à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, créera dans l'environnement contrôlé et sévère du régime communiste.

Cécile Olive

Transcription

Journaliste
Je vous invite, maintenant, à faire un détour aux limites de la sculpture et de la politique en rendant visite à une artiste polonaise qui a obtenu exceptionnellement un visa d'une semaine à Paris pour présenter ses oeuvres. Elle s'appelle Magdalena Abakanowicz.
Patrice Pele
Beaucoup plus qu'une simple exposition, les oeuvres présentées sont un témoignage. Les formes exposées sont, selon l'artiste, des peaux successives dont elle se débarrasse en marquant les étapes de sa route, des peaux successives, plus précisément des moulages.
Magdalena Abakanowicz
Vous savez, j'ai fait un moulage d'un homme. Et ensuite, quand je faisais le positif de ce moulage, j'ai découvert que sans mouvement, nos mains ne s'expliquent pas, que pour trouver une forme qui parle suffisamment au sujet de l'homme, je peux bien supprimer des détails du corps. La façon dont laquelle j'ai utilisé la matière est différente. Celle-ci, elle est seulement dans certaines parties découvertes. Elle montre son intérieur. Celle-ci le montre encore plus ici, disons l'intérieur est presque totalement couvert.
Patrice Pele
Cet homme blessé, ces objets dépouillés, structures inertes, sont-ils le reflet d'une crise de conscience ? Sans parler politique, les événements d'un pays profondément bouleversé peuvent-ils influencer le travail d'un artiste ?
Magdalena Abakanowicz
L'oeuvre a été fait avant. Parce que vous voyez les dates. Il y a des cycles sur lesquels j'ai travaillé pendant 4, 5 ans, ici. En plus, je dois dire que l'inspiration, elle ne vient pas tellement de l'extérieur. Peut-être dans un certain sens, mais elle est, avant tout, élaborée dans notre intérieur, par notre intuition, par tous nos sentiments. Et ensuite, tout d'un coup, nous voyons quelque chose, nous découvrons quelque chose. Ensuite, on peut dire : cette chose nous avait inspirée. Nous l'avons trouvée, nous. L'exposition, elle est au sujet de l'homme, au sujet de la solitude, au sujet de problèmes que je vois dans tout le monde organique de notre planète auquel nous appartenons aussi.
Patrice Pele
La multiplication des moulages est destinée à donner l'impression de foule. Contrairement à son habitude, l'artiste ne les a pas disposés en cercle comme pour les faire communiquer entre eux. Ici, placés face au mur, ils attendent d'être replacés en rond pour reprendre leur dialogue imaginaire.